Site icon La Revue Internationale

Sous pression internationale, Aung San Suu Kyi se prononce sur la question des Rohingya

Alors que s’ouvre l’Assemblée générale des Nations unies, à New York – un rendez-vous où sera inévitablement abordé la question de la communauté Rohingya – la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s’est enfin saisie du dossier brûlant. Le prix Nobel de la pax s’est dite « profondément désolée » pour les civils qui se sont retrouvés « pris au piège » de la crise et a condamné « les violations des droits de l’homme ». Elle a poursuivi en assurant que la Birmanie était « prête » à organiser le retour des plus de 410 000 membres de cette minorité religieuse, réfugiés au Bangladesh voisin.

Ces réfugiés ont fui l’État Rakhine (dans l’ouest de la Birmanie) où l’armée mène une vaste opération de représailles depuis des attentats de rebelles rohingyas, le 25 août dernier, qui ont fait 12 morts chez les policiers. Le Rohingya, privés de la nationalité birmane en 1982, sont désormais la cible de ce que l’Onu a considéré comme une « épuration ethnique ». Devant ces accusations, Aung San Suu Kyi a décidé de parler, non pas depuis la tribune de l’ONU, mais depuis Naypyidaw, la capitale administrative birmane. Très critiquée pour son mutisme durant plus de trois semaines sur la crise, elle a finalement appelé à la fin des divisions religieuses entre majorité bouddhiste et minorité musulmane.

Si elle a pris acte des violences commises, elle a cependant choisi de minimiser, réaffirmant pour l’heure son soutien à l’armée – jusqu’à ce que des « preuves solides » établissent leur culpabilité. « Nous sommes conscients que de nombreux musulmans fuient vers le Bangladesh. […] Je pense qu’il est très peu connu que la majorité des musulmans n’ont pas fui », a-t-elle ainsi relativisé, avant de lancer : « Venez voir vous-mêmes ! » Elle a aussi affirmé : « On parle toujours de ceux qui ont fui, mais pas de ceux qui sont restés et ne sont pas à couteaux tirés avec leurs voisins. »

« Nous voulons que prenne fin la souffrance de tous », a-t-elle promis devant un parterre de diplomates et de journalistes. Son discours n’a pourtant pas convaincu tout le monde. Ainsi, plusieurs ONG ont par ailleurs critiqué la déclaration d’Aung San Suu Kyi, dont Human Rights Watch et Amnesty international a estimé que la présidente birmane pratiquait « la politique de l’autruche » vis-à-vis des « preuves écrasantes que les forces de sécurité sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique ». Il s’agit néanmoins du premier signe de véritable reconnaissance de la crise, dans un pays où le joug militaire rend la position de Suu Kyi très délicate.

Quitter la version mobile