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En Afrique, l’émergence d’une élite féminine se confirme

La première édition du sommet Women in Africa s’est tenue à Marrakech du 25 au 27 septembre derniers. La participation de plus de 350 responsables de 35 pays montre qu’une véritable élite féminine est en train d’émerger sur le continent.

 

« Ce dont nous avons besoin en Afrique, c’est de briser les innombrables tabous et de commencer à libérer le véritable potentiel de la moitié de la population du continent », revendique Binta Touré Ndoye, PDG du réseau bancaire Orabank, à la tribune du Women in Africa (WIA). Et d’ajouter : « Imaginez ce que le pouvoir de 600 millions de femmes signifie et peut faire lorsqu’il est pleinement exploité… En travaillant ensemble, mais aussi main dans la main avec leurs homologues masculins, ces femmes peuvent positivement changer l’avenir de l’Afrique », s’enthousiasme-t-elle.

C’était précisément l’objectif de cette manifestation placée sous le thème « Investir pour une meilleure gouvernance avec les femmes africaines ». Ateliers, conférences, masterclass et laboratoires de réflexion se sont succédé afin de permettre aux participant(e)s d’échanger autour de six domaines clés (agriculture, énergie, entrepreneuriat, finance, nutrition et eau) et proposer des solutions concrètes aux gouvernements.

Les résultats détaillés de ces échanges seront connus dans une quinzaine de jours, mais on sait déjà qu’ils incluent la création de fonds d’investissement réservés exclusivement aux entrepreneures ainsi que le développement d’une plateforme digitale pour connecter les cheffes d’entreprises spécialisées de la question de l’eau.

« Ici à Marrakech, nous célébrons des femmes entrepreneures inspirantes qui vont contribuer à changer l’Afrique », a pour sa part estimé Charles-Édouard Bouée, PDG de Roland Berger un cabinet de conseil en stratégie. Pour lui, soutenir les femmes c’est en effet « contribuer au développement, social et environnemental » du continent.

 

Les femmes, très présentes dans les secteurs privé et associatif

Le sommet Women in Africa a également été l’occasion de rappeler les chiffres de la représentation féminine au sein des conseils d’administration en Afrique. Avec 14,4 % de femmes membres du conseil d’administration d’entreprises de premier ordre, le continent arrive en tête des régions émergentes. Il se place en effet devant l’Asie-Pacifique (9,8 %), l’Amérique latine (5,6 %) et le Moyen-Orient (1 %).

Le continent africain est ainsi la troisième région au monde où les femmes sont les mieux représentées au sein des conseils d’administration juste après l’Europe (18 %) et les États-Unis (16,9 %).

Ces chiffres confirment l’émergence d’une élite féminine sur le continent africain, un succès qui n’aurait pas été possible sans une action approfondie dans le secteur éducatif, dans lequel les gouvernements africains, mais aussi de nombreuses ONG agissent depuis plusieurs années.

Ainsi, la Fondation Children of Africa agit en faveur des femmes victimes de conditions de vie précaires. Créée et présidée par la première dame ivoirienne, Dominique Nouvian Ouattara, la fondation a notamment équipé l’Institut de Formation et d’Éducation féminine (IFEF) du département de Sinématiali, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Celle-ci a apporté des casques, des chaises de coiffure, des machines à coudre, des congélateurs, des réfrigérateurs, des cuisinières, des kits d’alphabétisations, des tables-bancs, des glacières ainsi que des accessoires de couture, de coiffure et de cuisine pour une valeur de 10 millions de F CFA.

 

Des femmes « au centre des processus de décision »

Children of Africa mène également de nombreuses actions pour améliorer l’accès des enfants africains à l’éducation. La fondation a notamment mis en place le programme Bibliobus, grâce auquel huit bus équipés de 3 000 livres en tout genre, d’ordinateurs connectés à Internet et d’un vidéoprojecteur sillonnent les zones rurales et les quartiers ivoiriens défavorisés pour promouvoir l’apprentissage de la lecture chez les plus jeunes.

Le combat pour l’éducation des enfants africains est partagé par d’autres ONG et organismes internationaux. Persuadée que « l’éducation est fondamentale pour préparer les jeunes au développement de leur pays », l’association Urgence Afrique propose des actions de soutien scolaire pour éviter le décrochage et favoriser le maintien des enfants à l’école primaire et secondaire.

De son côté, l’Unicef continue de se battre pour les droits des enfants dans plus de 190 pays. L’organisation milite en particulier pour l’abolition des frais de scolarité afin de permettre une meilleure égalité de chances entre tous les enfants.

Les actions de ces organismes qui se battent pour l’éducation devraient permettre de placer les populations vulnérables, en particulier les plus jeunes et les femmes « au centre des processus de décision », selon le souhait exprimé par Nayé Bathily, chef de l’Unité parlementaire de la Banque mondiale. Les femmes africaines sortent donc de la marginalité politique et économique pour aller sur le devant de la scène, une nouvelle source de dynamisme pour le continent. 

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