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Le gouvernement australien perd sa majorité en raison d’élus binationaux

L’Australie est une nouvelle fois ébranlée par la crise des élus binationaux, alors que la Haute Cour d’Australie a suspendu vendredi le mandat de député du vice-Premier ministre, Barnaby Joyce. Dans un pays où 50 % de la population est née à l’étranger ou de parents immigrés, la Constitution (adoptée en 1901) interdit paradoxalement aux binationaux d’être élus au Parlement fédéral. L’article 44, une clause qui émet cette restriction, était censé à l’origine écarter ainsi tout risque d’allégeance à une puissance autre que la courronne d’Angleterre.

En tout, la Cour suprême vient d’invalider ce vendredi l’élection de cinq binationaux conservateurs. La situation du l’ex numéro deux australien est particulièrement ubuesque comme il n’a découvert que très tardivement qu’il disposait d’une double nationalité – elle lui avait été octroyée automatiquement parce que son père est né en Nouvelle-Zélande. « C’était inattendu, mais je respecte la décision, preuve de notre démocratie », a tout de même annoncé Barnaby Joyce.

La nouvelle est tout aussi mauvaise pour le premier ministre Malcom Turnbull, qui était assis sur une très fragile majorité. Avec ces nouveaux départs, il perd le siège décisif. Le gouvernement doit désormais organiser un nouveau scrutin dans la circonscription de l’Etat de Nouvelles-Galles du Sud. Il pourrait se tenir le 2 décembre, a précisé M. Joyce, chef de file du Parti national. Mais la coalition est moins populaire dans les sondages que l’opposition travailliste.

La représentante indépendante Cathy McGowan a annoncé qu’elle soutiendrait entre temps le gouvernement, ce qui écarte la menace de l’effondrement de l’exécutif. « La décision du tribunal aujourd’hui n’était pas celle que nous espérions mais l’action du gouvernement se poursuit », a déclaré M. Turnbull. L’ironie veut que son parti, et en particulier M Joyce, soient partisans d’une application stricte des lois d’immigration dans le pays. Il a demandé à renoncer à sa double nationalité afin de se représenter début décembre dans sa circonscription.

Même s’il parvenait à se maintenir au pouvoir M Turbull sortirait durablement affaibli par cet enchainement de couacs. Aujourdhui, les élus travaillistes profitent de cette décision pour remettre en question la validité des décisions prises par le désormais ancien vice-premier ministre durant son mandat jugé illégal.

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