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RDC : pour Moïse Katumbi « le cap vers des élections crédibles est définitivement fixé »

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« Je suis en train de préparer mon retour ». Les mots de Moïse Katumbi, prononcés dans un entretien accordé à la chaine France 24, n’ont pas surpris. On connait la détermination de l’ancien gouverneur du Katanga, forcé à l’exil et condamné à trois ans de prison dans son pays pour une prétendue affaire d’escroquerie dénoncée comme une « mascarade » par la Cenco, la conférence épiscopale du Congo. Mais ils interviennent dans un contexte particulièrement tendu en République démocratique du Congo (RDC) où le second et dernier mandat présidentiel de Joseph Kabila, déjà prorogé d’un an le 31 décembre 2016, arrive à son terme.

Selon l’accord dit de la Saint Sylvestre, passé entre l’opposition et le gouvernement sous l’égide de la Cenco, le scrutin présidentiel devait avoir lieu d’ici décembre 2017. Or, à trois mois de l’échéance, l’opposition ne voit toujours rien venir. Dans un document rendu public à New York, à l’occasion d’une réunion de crise sur la RDC, à l’ONU, début septembre, elle a accusé Kabila de trouver toutes sortes de prétextes pour retarder l’élection. Une élection à laquelle il n’a pas le droit de concourir une troisième fois en vertu de la Constitution. 

De son côté, pressé de toutes parts, l’actuel président s’est adressé à l’Assemblée générale des Nations Unies. Rejetant toute « ingérence » extérieure, il a affirmé que « le cap vers des élections crédibles, transparentes et apaisées est définitivement fixé ». Sans pour autant fixer de calendrier ni avancer la moindre date. Pensait-il rassurer ses interlocuteurs – l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis – qui, dans un communiqué sans ambiguïté, ont appelé au respect de la résolution 2348, adoptée il y a un an par le Conseil de sécurité ? Kabila a probablement fait ce calcul qui n’est pas sans risques. Trois mois pour organiser des élections, c’est peu pour un pays de 80 millions d’habitants. Or, la communauté internationale lui demande expressément de respecter les délais impartis dans les accords de la Saint Sylvestre.

Moïse Katumbi a salué cette prise de position mais s’est dit néanmoins inquiet. Sur France 24, le candidat de l’opposition à la présidence de la République a dénoncé le « discours vide » et le « mépris total » envers le peuple congolais de Joseph Kabila qui « est allé à New-York pour expliquer qu’il fallait respecter une Constitution qu’il ne respecte pas lui-même puisqu’il refuse de se retirer ». Et Katumbi de dénoncer le « coup d’Etat constitutionnel » du président Kabila à qui l’opposition avait accordé une année supplémentaire pour éviter au pays de sombrer dans la violence. Une violence que certains accusent aujourd’hui le gouvernement d’organiser lui-même, en particulier dans la province du Kasaï où une simple révolte d’un chef coutumier contre l’autorité de l’Etat a dégénéré. Des affrontements entre milices ont fait plusieurs milliers de morts et des millions de déplacés en quelques mois, comme aux heures les plus sombres de l’histoire du pays. Deux experts de l’ONU y ont même laissé la vie dans des circonstances troubles. Ces violences ont-elles été sciemment attisé par le pouvoir afin de justifier le « glissement » du calendrier électoral ?

C’est ce que pense Moïse Katumbi pour qui la responsabilité de la sécurité intérieure incombe au chef de l’Etat. « Si le Congo avait un président légitime, la sécurité serait rétablie », affirme l’ancien gouverneur du Katanga qui prévient que l’opposition n’accordera pas de nouveaux sursis à Kabila : « Le communiqué de l’ONU est sans ambiguïté, il faut respecter l’accord de la Saint Sylvestre et organiser des élections », faute de quoi « nous ferons appel à la rue conformément à l’article 64 de notre Constitution et c’est le peuple qui chassera Kabila ».

L’avertissement sera-t-il entendu ? Celui qui apparaît comme le recours le plus populaire pour l’avenir de la RDC le promet : « Je suis en train de préparer mon retour. C’est un devoir pour moi d’aller sauver un peuple qui est en train de souffrir ».

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