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Ukraine : Mikheil Saakachvili dans le collimateur de Porochenko

Dimanche 10 décembre, plusieurs milliers de manifestants ont défilé à Kiev pour protester contre l’arrestation de l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili. Ce dernier est devenu l’un de ses plus fervents opposants au régime, et est en guerre ouverte contre le pouvoir depuis plus de deux mois. Interpellé une première fois mardi dernier à Kiev, il est parvenu à échapper à la police grâce à l’intervention de ses partisans. Il a toutefois été interpellé une nouvelle fois – cette fois avec succès –vendredi. Il risque cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs ».

« Nous disposons d’enregistrements audio et vidéo prouvant que les activités de Saakachvili ont été financées […] par les membres d’une organisation criminelle directement liée au FSB [services de renseignements intérieurs] de la Fédération de Russie, » a affirmé le procureur général d’Ukraine, Iouri Loutsenko. Le trublion est accusé par le parquet ukrainien d’avoir fomenté un coup d’Etat soutenu par la Russie – ce qu’il dément. Il a annoncé avoir entamé une grève de la faim pour protester contre « une arrestation politique ». L’ex-président géorgien, également recherché par la justice de son pays natal pour « abus de pouvoir ».

Saakachvili, qui été au pouvoir en Géorgie de 2004 à 2013, avait été nommé gouverneur de la région d’Odessa par le Président Porochenko en mai 2015. Il a démissionné dix-huit mois plus tard. Il réclame désormais la destitution du président Porochenko pour avoir échoué dans la lutte contre la corruption. Saakachvili a même lancé une procédure de destitution « grâce à la rue et à des pétitions en ligne ». Il avait aussi prévenu : « Quand ils me prendront, continuez malgré tout, parce que l’Ukraine veut le changement, l’Ukraine doit devenir un pays meilleur. »

Plusieurs milliers de partisans de l’opposant sont descendus dans la rue ce dimanche pour protester contre son incarcération – ils étaient 1 500 selon la police, 20 000 selon les organisateurs. Ils dénonçaient la montée de l’autoritarisme et la corruption supposée du régime. Ioulia Timochenko, la plus populaire des opposantes, et qui fut elle-même emprisonnée pendant deux ans et demi sous le règne du prorusse Viktor Ianoukovitch, s’est joint aux doléances : « Petro Porochenko entretient une spirale de corruption et d’autoritarisme. Le voilà qui emprisonne ses opposants ».

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