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La Pologne veut durcir une nouvelle fois sa loi sur l’avortement

Le parlement polonais, dominé par les conservateurs nationalistes de Droit et Justice (PiS), a décidé mercredi d’envoyer en commission un texte durcissant une nouvelle fois les conditions pour autoriser un avortement. Déjà restreint aux seuls cas de viol, d’inceste ou de malformation sévère du fœtus, l’avortement pourrait bien devenir totalement illégal en Pologne. Une nouvelle réforme pourrait bientôt interdire « l’avortement eugénique », soit le recours à une IVG en cas de malformation du fœtus constatée grâce à un examen prénatal.

La semaine du 8 janvier, les députés polonais devaient se prononcer sur deux initiatives citoyennes opposées visant à réformer le droit de l’avortement. Au terme de débats houleux, seul le projet de restriction des conditions d’avortement a été envoyé en commission pour examen, alors que la proposition de libéralisation, rejetée à neuf voix près en première lecture. Une situation dure à l’absence de l’hémicycle de 39 élus des partis libéraux au moment du vote. Le président Andrzej Duda, proche de l’Église catholique, s’est engagé en novembre à promulguer la loi une fois adoptée.

Une malformation du fœtus était à l’origine de 1 046 avortements pratiquées légalement en Pologne en 2016, soit 96 % des IVG, selon Kaja Godek, une responsable de Stop Avortement. « Il existe un grand consensus en Pologne quant à l’interdiction de tuer les enfants handicapés. En deux mois, la proposition a été signée par un nombre record de 830.000 personnes », assure-t-elle. Le mercredi 10 janvier « est un jour de honte », a pour sa part réagi Anna Karaszewska, une responsable du Comité « Sauvons les femmes 2017 ».

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement polonais actuel cherche à restreindre le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Il avait déjà tenté de restreindre fortement le droit à l’avortement l’an dernier. Le projet avait toutefois été abandonné après une forte mobilisation des Polonaises. Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le parti conservateur a notamment mis un terme au programme de financement de la fécondation in vitro par l’Etat et rendu la « pilule du lendemain » accessible que sur prescription médicale.

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