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Des millions d’Américains se mobilisent contre le port d’armes

Plus d’un million de personnes ont manifesté contre les armes à feu samedi dans les rues de 800 villes américaines. L’événement national, baptisé « March For Our Lives » (« Marchons pour nos vies »), est une réaction au massacre de 17 personnes dans le lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland en Floride, le 14 février dernier. D’origine spontanée, cette initiative est devenue la plus grande manifestation contre les armes de l’histoire des États-Unis – selon l’organisation indépendante Crowd Counting Consortium, l’événement a rassemblé samedi plus de 1,5 million de personnes. Ces adultes et adolescents avaient une demande claire : « Plus jamais ça ! »

Le cœur du mouvement était à Washington, où plusieurs rescapés de la tuerie ont pris la parole, dont la jeune Emma Gonzalez, devenue un des principaux porte-parole d’une jeunesse ulcérée.  « Vous les élus, représentez la population ou partez ! Rangez-vous de notre côté ou gare aux électeurs qui se profilent », a lancé Cameron Kasky, un lycéen de 17 ans ayant survécu au massacre. « L’élan va se poursuivre, parce que même quand les médias s’en iront, ces [jeunes] seront toujours là, à se battre pour leur existence », a affirmé Delaney Tarr, une autre rescapée, interviewée par la chaîne conservatice Fox News.

Julianne Moore, Reese Witherspoon avec Laura Dern, Karlie Kloss, Selena Gomez, Paul Rudd, Rita Ora, Charlie Puth, Alyssa Milano, Jimmy Fallon, Lady Gaga, Kim Kardashian et Kanye West, Justin Bieber, George Clooney, Steven Spielberg, Justin Timberlake ou encore Oprah Winfrey… de nombreuses célébrités ont répondu présent à cet appel. « Chers jeunes gens, ne vous lassez jamais d’être des instruments de paix et de joie parmi les vôtres », a tweeté dimanche le pape François. Autre évènement marquant, la petite fille de Martin Luther King, âgée de seulement 9 ans, a pris la parole pour appeler à « un monde sans armes à feu ».

Les effets de cette mobilisation sont encore incertains, et la presse américaine est prudente quant à la place qu’il faut lui accorder. On voit aujourd’hui « un mouvement totalement dédié à ce sujet, ce qui pourrait influencer le vote de certains Américains » souligne le magazine Vox. Même analyse pour le New York Times, qui estime que « le sujet de la violence des armes ne va pas disparaître du paysage pour les élections de mi-mandat en novembre ». Ce nouveau contexte pourrait même mettre « des candidats républicains sur la défensive pour la première fois depuis des décennies ».

Des effets ténus se sont toutefois déjà fait ressentir : après la tuerie de Floride, certaines marques comme Hertz, Symantec, ou United Airlines ont pris leurs distances en rompant leur partenariat avec le très puissant lobby des armes aux États-Unis, la National Rifle Association (NRA). Cependant, la possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions d’Américains comme un droit constitutionnel aussi fondamental que la liberté d’expression. « Les milliardaires anti-armes et les élites de Hollywood manipulent et exploitent les enfants pour servir leur projet de destruction du deuxième amendement et pour nous priver de notre droit à nous défendre », a réagi la NRA sur Facebook.

30 000 personnes sont tuées par balles chaque année aux Etats-Unis.

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