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Facebook impliqué dans le scandale Cambridge Analytica

Cambridge Analytica (CA), une société de conseil britannique qui s’est illustrée lors de la présidentielle américaine de 2016, se retrouve depuis cinq jours au milieu d’un scandale de vol de données révélée par le Guardian, le New York Times et The Observer. La filiale de la société britannique de marketing Strategic Communication Laboratories est dans la tourmente à cause des révélations de Christopher Wyllie, ancien employé de la firme. Ce dernier a révélé qu’en s’appuyant sur le réseau social Facebook, la société avait fait main basse sur une quantité impressionnante de données personnelles.

Ainsi, CA est accusée d’avoir utilisé des données de 30 millions à 70 millions d’utilisateurs de Facebook en passant par un quiz développé par un universitaire anglais, Aleksandr Kogan, et en prétendant agir pour les intérêts de la recherche académique (Global Science Research). Ce programme, sensé être un simple exercice académique, ponctionnait les données non seulement des participants, mais aussi de leurs contacts sur le réseau social. Les informations récoltées ont ensuite été utilisées à des fins commerciales et politiques.

Par ailleurs, la chaîne britannique Channel 4 a révélé lundi dans un reportage en caméra cachée par un journaliste qui s’était fait passer pour un homme d’affaires sri-lankais qui envisage de se lancer dans la politique, les méthodes plus que douteuses du cabinet : diffusion volontaire de fausses informations, l’espionnage d’adversaires politiques, chantage… Cambridge Analytica se targue d’utiliser les données des réseaux sociaux pour exploiter les peurs des électeurs.  « Des choses qui n’ont pas besoin d’être vraies, dès lors qu’elles sont crues », explique Alexander Nix.

Cette affaire touche Facebook à bien des niveaux – le plus évident étant le non-respect de sa politique de protection de la confidentialité. Certains utilisateurs et actionnaires ont porté plainte contre Facebook devant un tribunal de district de San Jose, en Californie, mercredi 21 mars. Même son de cloche à Bruxelles, où ce transfert d’information a été qualifié de « violation inacceptable des droits à la vie privée des citoyens », par Antonio Tajani, le président du Parlement européen. Le Parlement « enquêtera de manière complète et demandera des comptes aux plateformes en ligne », a-t-il ajouté.

Le réseau social a également sanctionné en Bourse : l’action Facebook a dévissé de 8% – soit plus de 30 milliards de dollars de baisse en valorisation boursière. « Ce n’est pas bon, c’est un gros problème » a concédé Mark Zukerberg dans une interview accordée à la chaîne CNN. « C’est un signal clair qu’il y a eu une rupture de confiance chez les gens, et je le comprends ». Déjà critiqué pour le rôle joué par Facebook dans la diffusion de « fake news » les ingérences étrangères dans des élections, Zuckerberg s’est dit « ouvert » à la perspective d’une audition au Congrès des Etats-Unis.

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