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Sommet UE – Turquie : un dialogue mais des désaccords

Après plusieurs brouilles majeures, et pour la première fois depuis près d’un an, les Européens tentaient de renouer le dialogue avec Ankara lors d’un sommet organisé ce lundi à Varna, en Bulgarie. Pour Recep Tayyip Erdogan, l’homme fort de Turquie, la question de l’adhésion de l’adhésion de son pays à l’UE – question mise sur la table pour la première fois il y a 31 ans – devait être au centre des discussions. Pour Donald Tusk, président de la Commission européenne

En amont de cette rencontre, la Grèce et Chypre ont soulevé le problème de « l’agressivité » de la Turquie en mer Égée et en Méditerranée orientale. De fait, Ankara bloque l’accès de Chypre aux gisements de gaz offshore dans sa zone économique. Ce déploiement s’est aussi caractérisé par une violation des frontières maritimes grecques de la mer Égée. Une résolution européenne condamnant fermement les « actions illégales » de la Turquie avait été prise en amont du sommet.

Le texte condamne en effet explicitement les violations du droit international en mer Égée et en Méditerranée orientale. « Nous avons souligné à maintes reprises que nous voulions que les relations avec la Turquie soient claires dans le contexte de l’amélioration des relations bilatérales et d’une perspective européenne, tout en respectant le droit international et les relations de bon voisinage », a déclaré Georgios Katrougalos, le ministre grec adjoint aux Affaires étrangères.

 « Ankara devrait se rendre compte que la porte de l’Union lui est toujours ouverte à condition qu’elle respecte les valeurs européennes et le droit international », explique ce dernier. Une position reprise par l’exécutif bruxellois « Seuls des progrès sur ces questions pourront nous permettre d’améliorer les relations UE-Turquie, y compromis le processus d’adhésion », a maintenu Donald Tusk.

Plusieurs sujets prêtent en effet à la discorde : le déclin de l’Etat de droit en Turquie depuis le putsch manqué de juillet 2016 (plus de 55.000 personnes, dont des opposants et des journalistes, ont été incarcérées et 160.000 limogées ou suspendues), l’opération militaire turque contre une milice kurde alliée de plusieurs pays européens dans le nord de la Syrie, les provocations répétés du colérique Erdogan, notamment à l’attention de la chancelière allemande, Angela Merkel…

En face, Erdogan brandissait la question de l’immigration. Ankara et l’UE ont en effet passé un accord en 2016 selon lequel les Turcs accueillent les migrants arrivés illégalement en Grèce, en échange du versement de 6 milliards d’euros versés annuellement et d’un assouplissement du système de visas pour les ressortissants souhaitant entrer dans les pays de l’UE. Depuis, la Turquie menace de mettre fin à cet accord si les négociations autour de son adhésion ne reprennent pas.

Depuis plus de 10 ans, plus aucune avancée n’a eu lieu sur cette question. La France et en particulier l’Allemagne, dont les relations avec la Turquie se sont rapidement dégradées au cours de l’année dernière, bloquent le processus. Toutefois, Ankara n’a non plus intérêt à faire trop de remous et risquer de faire dérailler les discussions : pour la Turquie, l’UE reste un partenaire commercial de premier plan. Elle s’est toutefois une nouvelle fois plaint de « retards » de versement des sommes que l’UE lui a promises dans le cadre de leur accord « migration ».

« Nous ne sommes parvenus à aucun compromis aujourd’hui », a déploré le président de la Commission européenne à l’issue d’un dîner de travail dans la station balnéaire bulgare. Malgré les désaccords entre Bruxelles et Ankara, l’Europe ne veut pas fermer la porte à Turquie. « Je suis contre cette idée simple, superficielle, parfois démagogique et populiste qui voudrait que nous rompions les négociations d’adhésion avec la Turquie », conclu le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

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