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Victoire écrasante de Vladimir Poutine sur fond d’accusations de bourrages d’urnes

C’est sans surprise que Vladimir Poutine a été réélu à la tête de la Russie dès le premier tour de la présidentielle avec près de 76,7 % des voix. Après une campagne sans réelle opposition – la candidature de son principal opposant à l’hyper-populaire Président sortant, Alexeï Navalny, avait été interdite par la commission électorale – sa victoire ne faisait aucun doute. Plus surprenant est, en revanche, le taux de participation officiel. Avec 67,4 %, l’homme fort du Kremlin réalise une performance légèrement supérieure à celle de 2012 (65 %), peut être le seul vrai enjeu du scrutin. Poutine peine en effet à mobiliser les électeurs pour des élections dont l’issue est connue d’avance.

Vladimir Poutine avait en effet besoin d’une victoire nette afin de faire taire les critiques internationales très nombreuses dont son régime fait l’objet pour des sujets aussi variés que l’invasion de la Crimée, le soutien russe aux séparatistes ukrainiens, son soutien au dictateur Bachar Al-Assad dans la guerre civile syrienne ou encore son rôle suspecté dans le récent empoisonnement d’un agent double sur le sol britannique – ce dernier avait trahi Moscou et a été contaminé par un agent innervant que seule la Russie sait fabriquer. Sa large réélection, portée par un important contingent d’électeurs constitue donc une validation de sa politique internationale pour le moins musclée.

« Les élections reflètent objectivement l’opinion publique russe. La hausse de la participation, que j’avais anticipée, est logique aussi. Elle est liée à cette étrange affaire de l’ex-espion russe. Par sa réaction, l’Occcident a clairement favorisé la mobilisation de la population russe » estime l’ancien diplomate en poste à Paris, Vladimir Fédorovski et le traducteur de Léonid Brejnev. « C’est une réaction psychologique typique des Russes : quand ils se sentent attaqués, ils réagissent en bloc », poursuit-il. La victoire était donc assurée. Pour autant, les irrégularités ont été pléthores. Navalny, qui a dépêché plus de 33 000 observateurs dans les bureaux de vote, qui ont relevé de nombreuses irrégularités.

Alors que le Kremlin a tout fait pour augmenter la participation, ce dernier dénonce des bourrages d’urnes. « Ils ont forcé (à voter) tous ceux qu’ils pouvaient mais ils ne sont pas arrivés à 70% », a jugé M. Navalny. Des faits qui vont dans le sens de la première estimation de l’institut VTsIOM, donnant une participation à 63,7% – un peu en dessous du dernier scrutin, donc. La participation modérée s’explique « par des fraudes moins massives » que lors des précédentes élections d’après le politologue Alexandre Baounov, du Centre Carnegie de Moscou : « Il semble que le décompte ait été honnête dans les régions sensibles ».

Une question demeure cependant : faut-il croire ces chiffres alors que des milliers d’irrégularités ont été ont été relevées par des observateurs ? « Bien sûr que non » répond Marie Mendras, politologue, spécialiste de la Russie au CNRS et Sciences-Po et également ancienne observatrice électorale en Russie. « Cela fait plus de 15 ans que les résultats officiels sont différents des suffrages dans les urnes ». La victoire de Poutine n’en est cependant pas moins écrasante : « Les chiffres officiels donnent 55 millions de voix à Poutine, sur 100 millions d’inscrits. Probablement qu’après le décompte des fraudes, on aura plutôt 45 millions de voix », explique cette dernière.

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