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Vincent Bolloré est-il impliqué dans une affaire de corruption en Afrique ?

L’entrepreneur français Vincent Bolloré a été placé 48h en garde à vue le 24 avril pour des soupçons de« corruption d’agents publics étrangers », « complicité d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux ». Son groupe fait l’objet d’une enquête sur les conditions de l’attribution de concessions dans les ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée. Le groupe aurait utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Havas pour sécuriser ces activités portuaires. Deux autres cadres sont aussi entendus depuis mardi dans les locaux de la police anticorruption à Nanterre : le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent, et Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré. 

L ‘enquête, initiée notamment par les plaintes d’un ancien associé franco-espagnol de Bolloré, Jacques Dupuydauby, tente de faire la lumière sur les contreparties à des conseils prodigués en 2010 par Havas lors des campagnes présidentielles victorieuses d’Alpha Condé en Guinée et de Faure Gnassingbé au Togo, à prix réduit. D’après les juges d’instruction, ces conseils auraient pu servir à sécuriser l’obtention de concessions dans de deux terminaux à conteneurs au Togo et en Guinée. Les documents saisis par la police courant 2016, lors d’une perquisition au siège du groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine) semblent confirmer cette thèse.

Dans un rapport de synthèse daté du 25 avril, les policiers écrivent ainsi : « L’exploitation des scellés constitués lors des perquisitions du 8 avril 2016 mettait au jour de nombreux indices qui, de par leur nature et leur chronologie, caractérisaient les contreparties obtenues par le groupe Bolloré contre le financement des campagnes de Faure Gnassingbé et Alpha Condé. » D’après des extraits d’audition publiés par le quotidien Le Monde, l’industriel breton aurait plaidé l’ignorance de ces contrats.

Dans une tribune publiée dimanche 29 avril par Le Journal du dimanche, Vincent Bolloré a donné sa version des faits. « Comment imaginer que des dépenses de communication de quelques centaines de milliers d’euros comptabilisées en toute transparence (…), aient déterminé des investissements de centaines de millions d’euros pour des opérations portuaires où l’exigence technique est considérable, et obtenus à l’occasion d’appels d’offres internationaux », s’interroge-t-il. Le capitaine d’industrie déplore des « campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes » et conclut « faut-il abandonner l’Afrique » ?

A Conakry, le président de la Plateforme Nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD), Abdourahamane Sanoh, « qu’on soit arrivé à la décision de mise en garde à vue de certaines personnalités de ce groupe (…) veut dire que le dossier évolue ». Ce dernier s’es félicité de ces avancées dans l’enquête, tout en appelant à une enquête libre et indépendante. « Nous voulons savoir la lumière sur ce qui s’est passé et on aimerait compter sur la Justice française pour élucider les conditions dans lesquelles ce groupe a pu avoir la gestion du port de Conakry. Nous aimerions savoir quels sont les complices guinéens au cas où il sera établi qu’il y a eu effectivement corruption ».

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