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La RDC peut-elle sortir de la crise ?

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 4,5 millions de déplacés internes, 700 000 réfugiés ayant fui le pays et 2,2 millions d’enfants souffrant de malnutrition sévère, la République Démocratique du Congo suscite des réactions internationales. Mais pour Kabila, le pays ne connaît pas de crise humanitaire.

En RDC, la crise est profonde, largement sous-estimée par le gouvernement. Quatre provinces (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Maniema), sur les 26 que compte le pays, sont particulièrement meurtries par les exactions de plus de 200 groupes armés. La crise humanitaire est aujourd’hui au moins aussi importante que celles du Yémen et de la Syrie. 
Selon Mark Lowcock, responsable onusien cité par Le Temps, pas moins de 13 millions de Congolais nécessitent aujourd’hui une aide humanitaire. Ils n’étaient « que» 7,3 millions en 2017. Comme le souligne le quotidien suisse, tous les chiffres se sont aggravés l’an dernier : au moins 4,5 millions de déplacés internes, plus de 700 000 réfugiés ayant fui le pays, 2,2 millions d’enfants souffrant de malnutrition sévère… La RDC « est une crise oubliée », déplore Sigrid Kaag, ministre néerlandaise des Affaires étrangères. « On ne compte plus les femmes et filles victimes de violences sexuelles, de viols multiples», ajoute-t-elle.

Mais oubliée de qui ? La communauté internationale a décidé de se mobiliser pour mettre un terme au drame que vivent des millions de Congolais. Pas moins de 528 millions de dollars ont été promis par différents donateurs le 13 avril dernier, lors de la Conférence de Genève. Si les Nations unies et l’Union européenne fournissent le gros de l’effort financier, l’Union africaine a également montré son soutien et son engagement en vue de trouver une issue à la crise congolaise.

Asservir par la faim

Seul grand absent de cette conférence : la RDC elle-même. Le gouvernement de Joseph Kabila, qui continue de nier l’existence d’une crise humanitaire dans le pays, a en effet boycotté le rendez-vous de Genève. Moïse Katumbi, un des candidats les plus sérieux à la succession de Joseph Kabila, a dénoncé l’attitude d’un régime qui « sacrifie des millions de Congolais pour tuer en silence, pour ne pas avoir de comptes à rendre à ceux qui veulent assister notre population qui souffre ».
Selon Léonard She Okitundu, ministre congolais des Affaires étrangères, la description de la situation par les Nations unies est « contre-productive pour l’image de marque et l’attractivité (du) pays, et agit comme repoussoir pour les investisseurs potentiels», rapporte Le Temps. Celui-ci est allé jusqu’à menacer les organisations qui accepteraient des dons : « Les ONG qui recevront cet argent ne seront pas autorisés à travailler dans notre pays ».

Pour Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga, le gouvernement congolais, qui « utilise l’arme de la faim pour maintenir son peuple sous la dictature ». Il s’inquiète de la « recrudescence de la violence sous des prétextes les plus fallacieux », Moïse Katumbi a pour sa part remercié les donateurs pour « cette aide indispensable» appelant la communauté internationale « à venir en aide à une population délibérément rendue vulnérable par une poignée de dirigeants ».

Kabila protège sa fortune (et celle de sa famille)

Désigné président pour la première fois en 2001, Joseph Kabila devait quitter le pouvoir à l’issue de son deuxième et – selon la Constitution – dernier mandat. Mais le scrutin prévu pour le mois de novembre 2016 a été reporté en raison de « problèmes logistiques et budgétaires ». Un accord signé le 31 décembre 2016, qui prévoyait l’organisation d’élections présidentielles à la fin de 2017, n’aura quant à lui pas été honoré par le président.

Le scrutin est désormais prévu pour le 23 décembre. Mais l’opposition n’exclut pas une nouvelle manœuvre du gouvernement pour le reporter ou empêcher certains candidats d’y participer. Comme l’ont révélé deux ONG américaines en 2017, « l’immense fortune» accumulée par « le clan Kabila» depuis l’arrivée du père à la présidence du pays en 1997, explique largement le refus du fils à transmettre le pouvoir. Mais ni le peuple congolais, ni l’opposition ne semblent prêts d’accepter un nouveau report, après de longues années de souffrances. « Si Kabila ne permet pas la tenue des élections, comme nous le soupçonnons parce qu’il ment beaucoup, eh bien il y a l’Union africaine et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Nous nous tournerons vers elles pour qu’elles agissent » avertissait, déterminé, Moïse Katumbi lors de son passage au Rwanda le mois dernier.

 

 

 

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