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Faute d’accord, la guerre des coquilles Saint-Jacques se poursuit

 

Des pêcheurs français et britanniques s’affrontent depuis quelques semaines, sur fond de date d’ouverture de la pêche de la coquille Saint-Jacques dans la Manche. les négociations entre les deux camps semblent bel et bien bloquées après un nouvel échec, hier. 

Les négociations entre pêcheurs britanniques et français autour des coquilles Saint-Jacques sont au point mort. « Nous avons sifflé mercredi soir la fin de la partie dans les négociations sur la coquille Saint-Jacques avec nos homologues britanniques »  annoncé hier soir dans la soirée Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches maritimes et élevages marins (CNPMEM). Ainsi, ce sont les français ont décidé de « se retirer des négociations sur l’exploitation de la coquille Saint-Jacques en Manche », selon le Comité national des pêches maritimes et élevages marins.

Ces derniers refusent toutefois de porter la responsabilité de cet échec. « C’est tout un modèle de gestion vertueux qui est remis en cause par l’attitude inflexible de nos collègues anglais vis-à-vis d’une ressource partagée », regrette le Comité national des pêches. « En échange d’un retrait de leurs bateaux de moins de 15 mètres jusqu’à l’ouverture de la pêche à la coquille en France le 1er octobre, les Britanniques exigeaient une compensation en termes de quotas de maquereaux. Une compensation de 1.500 tonnes de maquereau équivalente à 2 millions d’euros » déplore Hubert Carré.

Côté britannique, les pêcheurs estiment que « les Français ne sont pas prêts à accepter nos demandes de compensation ». D’après Mike Park, responsable de l’association de pêcheurs écossais Scottish White Fish Producers Association, « l’offre que nous avons reçue d’eux est dérisoire ». Mais ce dernier laisse la porte ouverte à une reprise des pourparlers. « Nous souhaitons continuer de discuter sur les bateaux de plus de 15 mètres et invitons les Français à revenir à la table des négociations pour conclure un accord sur ce volet » conclut-il.

Cette crise date de fin août dernier, lorsque des heurts avaient opposé une trentaine de bateaux français qui ont cherché à bloquer l’accès de cinq navires britanniques à un gisement de coquilles Saint-Jacques qu’ils tentent de préserver. Les pêcheurs français demandaient que leurs homologues respectent les mêmes dates de pêche : en France, la coquille Saint-Jacques ne peut être pêchée que du 1er octobre au 15 mai, afin de préserver les stocks. Au Royaume-Uni, toutefois, il n’existe pas de telles restrictions, et la pêche se pratique à l’année.

Les pêcheurs des deux pays se disputent la même zone de pêche, au large des côtes françaises, et les britanniques se sont montrés de plus en plus offensifs à mesure qu’approche le Brexit. En principe, la Commission européenne réglemente la pêche des espèces dans l’espace, notamment celles dont les stocks sont menacés. Cela ne concerne toutefois pas les coquilles Saint-Jacques qui sont ressource côtière et sédentaire qui n’est pas menacée. Il faut donc que les deux pays trouvent un accord indépendamment des Bruxelles – donc le jugement aurait de toute façon été annulé en mars prochain.

En 2013, les deux pays avaient établi des accords bilatéraux interdisant aussi aux pêcheurs Britanniques de pêcher avant le 1er octobre dans les secteurs de la Manche les plus riches, en échange de certaines contreparties. Mais l’interdiction ne s’appliquait qu’aux navires de plus de 15 mètres. Cette règle n’était toutefois pas systématiquement respectée, et était par ailleurs comme largement défavorable côté français. Un nouveau round de négociations avait donc été ouvert pour éviter de nouveaux affrontements entre des navires des deux pays.

Avec l’ouverture imminente de la pêche en France, de nouvelles violences sont improbables. Mais le problème doit être réglé, sans quoi les hostilités reprendront immanquablement l’année prochaine. En outre, l’accord de 2013 ayant de fait été rendu caduc par les blocus des pêcheurs normands, les Britanniques pourraient vouloir venir pêcher au large des côtes françaises sans respecter les restrictions de l’accord. Côté français on appelle le gouvernement à « taper du poing sur la table » – une approche qui risquerait de tendre encore davantage les négociations du Brexit.

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