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La banque d’affaires américaine Goldman Sachs impliquée dans un scandale de corruption en Malaisie

Trois cadres de Goldman Sachs sont poursuivis par la justice américaine pour avoir « trompé » le gouvernement de Malaisie dans le cadre de transactions avec le fonds souverain 1MDB. Ce scandale politico-financier, qui remonte aux anciens dirigeants malais et certains dirigeants de la banque d’affaires a sensiblement fragilisé son titre.

Goldman Sachs est dans le collimateur de la justice américaine pour une affaire de fraude et de corruption en Malaisie. En début de mois, deux anciens banquiers de la banque d’investissement américaine et un financier malaisien étaient entendus par la justice pour leur implication dans une affaire de blanchiment d’argent. Quelques 4,5 milliards de dollars (près de quatre milliards d’euros) auraient été détournés du fonds souverain malaisien 1 Malaysia Development BhD (1MDB) d’après les enquêteurs. Depuis, l’affaire n’a cessé de prendre de l’ampleur.

L’ancien premier ministre de Malaisie Najib Razak, à l’origine de la création du fonds contentieux en 2009, a été pour sa part arrêté pour corruption en septembre dernier – deux semaines avant que son épouse ne soit à son tour inculpée pour détournement de fonds. A mesure que les noms d’inculpés se multiplient, le rôle joué par Goldman Sachs semble de plus en plus douteux. Aujourd’hui, la banque fait l’objet d’enquêtes pour corruption et blanchiment d’argent dans au moins six pays. L’ancien dirigeant, est actuellement poursuivi pour 38 chefs d’accusation – et plaide non coupable à tous.

D’après l’enquête, l’intéressé aurait reçu plus de 700 millions de dollars sur son compte en banque. Ce montage frauduleux aurait été réalisé avec l’aide d’un fonds souverain d’Abu Dabi. Khadem al-Qubaisi, son gérant, aurait pour sa part touché 472 millions de dollars. 1 milliard de dollars auraient aussi été détournés par Jho Low, conseiller personnel de Najib Razak aujourd’hui en cavale. Tim Leissner, un ancien dirigeant de Goldman Sachs en Asie, a pour sa part plaidée coupable et accepté de payer une amende de 43,7 millions de dollars (38,3 millions d’euros).

Réagissant à la nouvelle, un porte-parole de Goldman Sachs a démenti toute infraction. Beaucoup croient toutefois que le groupe a cherché à maximiser ses profits sur des marchés émergeants en Asie après l’introduction par Washington d’un règlement bancaire plus restrictif dans le sillage de la crise économique de 2008. Le PDG de l’époque, Lloyd Blankfein, avait notamment loué l’action de MM. Leissner et Vella en Malaisie – les deux hommes dont l’inculpation a lancé l’affaire : « Regardez ce que font Tim et Andrea en Malaisie. Nous devons faire plus de choses comme cela. »

Pour l’actuel Premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad « il y a des preuves que Goldman Sachs a fait des choses qui sont contraires à loi. Il ne fait aucun doute que nous avons été trompés par des employés de Goldman Sachs ». « Cela prend un peu de temps mais ils (le département de la Justice américain) ont promis qu’ils rendraient l’argent » a-t-il ajouté. Aujourd’hui, Kuala Lumpur exige le « remboursement intégral » de commissions perçues par la banque lors de plusieurs opérations de levées de fonds – 600 millions de dollars (533 millions d’euros).

La vague de mauvaise presse entourant le groupe ne l’a pas laissé indemne. Dans la seule journée de lundi, l’action de Goldman Sachs a chuté de 7,64%. Un coup dur de plus dans ce scandale à tiroirs. Au total, le titre de la banque a subi une baisse cumulée de 12% depuis le 8 novembre. Les experts estiment que cette baisse pourrait coûter 1,8 milliard de dollars en plus des fonds mobilisés pour ce genre d’affaire.

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