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La France renouvelle son soutien à la Centrafrique

En visite en République centrafricaine, le Ministre français des affaires étrangères a promis une aide de 24 millions d’euros et des livraisons d’armes afin d’aider le pays en proie à la violence et à l’instabilité.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu en Centrafrique afin de rencontrer le président Faustin-Archange Touadéra. Ce voyage a été l’occasion pour le Ministre de renouveler le soutien de Paris au régime centrafricain, qui tente toujours de sortir de la crise provoquée par le coup d’État contre François Bozizé de mars 2013. Depuis le Président Touadéra, élu en février 2016, lors du premier scrutin depuis le retour à la paix civile, tente en effet de sécuriser un pays profondément divisé par un conflit politico-religieux. Une situation fragilisée par le départ du contingent de sécurisation français « Sangaris » au mois d’octobre 2016.

Si le nouveau gouvernement a su se maintenir grâce notamment à un important déploiement de militaires internationaux (12 000 hommes, pour un budget annuel de 1 milliard de dollars), 75 % du territoire échappe au contrôle des autorités. « Dans toute sa laideur, c’est la réalité d’un Etat faible dans un contexte violent », résume Parfait Onanga-Anyanga, chef de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca). Beaucoup craignent ainsi une reprise ouverte des hostilités, après la destitution du président de l’Assemblée Nationale et l’ultimatum lancé au Gouvernement par les rebelles de l’ex-Séléka.

« La France souhaite continuer son partenariat historique avec la République centrafricaine », a assuré le Ministre français des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse à Bangui, capitale de la République centrafricaine. « Nous sommes là dans les moments où cela ne va pas bien, et nous sommes là dans les moments où cela va bien. Et dans les moments où cela ne va pas bien il n’y avait pas beaucoup de monde. Mais j’étais là », a-t-il rappelé. Cette allusion à peine déguisée vise un des nouveaux partenaires de Bangui : la Russie. Moscou a en effet largement tourné son attention vers le pays en levant par exemple temporairement son embargo sur la vente d’armes dans le pays.

Plus inquiétant encore pour Paris, c’est la Russie a encadré des négociations de paix de plusieurs groupes armés centrafricains à Khartoum. « C’est une des raisons de ma venue », a précisé Jean-Yves le Drian. « Et la France est évidemment prête à apporter son soutien à partir du moment où la mise en œuvre concrète est décidée et où la France est sollicitée pour tel ou tel aspect de la mise en œuvre. J’aurai des entretiens aujourd’hui et demain à ce sujet qui est le sujet central ». Pour la France, il s’agit de défendre son initiative africaine de paix dont le but est de restaurer « la sécurité et le bien-être de la République centrafricaine ».

La lenteur de ce processus de médiation lancé de concours par l’Union africaine (UA) et l’ONU – avec une grande implication de Paris – lui a valu des critiques croissantes. Son relatif manque d’efficacité a poussé le Kremlin à tenter de le court-circuiter. En outre, depuis le début de l’année, la Russie a déployé dans le pays des officiers militaires et des instructeurs civils (des mercenaires selon certains experts) ainsi qu’un important stock d’armes. Paris a donc dû égaler l’enchère.  Le Drian a signé des conventions d’aide de 24 millions d’euros en 2018. Ce dernier a également annoncé que Paris allait « bientôt livrer » 1.400 fusils d’assaut destinés à équiper les Forces armées centrafricaines.

Paris s’est engagé à verser la somme remarquable de 10 millions d’euros en tant qu’aide budgétaire directe. « Cela correspond à deux mois de salaires des fonctionnaires centrafricains » a précisé le français. Militaires compris. « Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de Centrafrique, c’est (…) la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées » avait martelé le Drian la veille de son déplacement. « Ceux qui ont d’autres pensées, ceux qui ont d’autres agendas devront en faire les frais », avait-il mis en garde.

Charles Armel Doubane, ministre des Affaires étrangères centrafricain, y est lui aussi allé de sa déclaration d’amitié : « Nous attendions cette visite pour permettre de relancer la machine qui était grippée à un moment » a-t-il précisé avant de poursuivre : « Aujourd’hui, quelles que soient les positions différentes, il y a une feuille de route qui a été un choix assumé de la République centrafricaine, ses autorités. Quelles sont vos attentes ? Que la France se réengage comme nombre d’Etats se réengagent aux côtés des Centrafricains et de la République centrafricaine. Et cette visite est pour nous un bon début et nous devons profiter ensemble pour construire ensemble. »

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