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Quelles leçons tirer des midterms américaines ?

La victoire des Démocrates à la Chambre des Représentants lors des élections de mi-mandat américaines consacre une victoire en demi-teinte pour l’opposition. Elle pourrait toutefois annoncer le début des ennuis judiciaires pour Donald Trump.

C’était l’épreuve du feu pour l’administration Trump. Après deux années turbulentes aux manettes, sur fond d’une Amérique divisée comme jamais, le Président des Etats-Unis soumettait son bilan aux électeurs pour les élections de mi-mandat – ou midterms. Lors de ce vote crucial dans le cycle politique américain, les 435 sièges de la Chambre des représentants sont renouvelés, ainsi qu’un tiers des sièges du Parlement – et le scrutin s’accompagne souvent de consultations au niveaux fédéral.

Il ressort de cette session que le Parti républicain devra cohabiter lors des deux dernières années de la présidence Trump, alors que les Démocrates ont officiellement dépassé le seuil de la majorité, 218 sièges, à la Chambre des représentants. Le GOP garde toutefois de justesse le contrôle du Sénat, l’autre chambre du Congrès, grâce au renouvellement partiel très favorable. Ils ont notamment remporté plusieurs sièges traditionnellement républicains en Floride, dans le Colorado, le Kansas, le New Jersey, en Pennsylvanie et en Virginie.

Fort en gueule, comme à son habitude, Donald Trump a accueilli la nouvelle comme « un jour incroyable » et « un immense succès ». « Le Parti républicain a défié l’histoire pour étendre notre majorité au Sénat et en déjouant de façon importante les prévisions à la Chambre ». Pourtant son parti a perdu le contrôle de la chambre basse pour la première fois depuis 2010, ce qui promet une fin de mandat mouvementée.

Dans le même temps, ce dernier a appelé à négocier avec les Démocrates. Il craint en effet que ces derniers fassent une obstruction systématique au Congrès, comme les Républicains l’avaient fait durant les deux dernières années de mandat de Barack Obama. S’il n’est pas certain que l’opposition soit aussi disruptive, mais elle devrait enfin être en mesure de lancer des commissions d’enquête sur les nombreuses affaires qui entourent Trump, de sa collusion potentielle avec la Russie à ses difficultés avec le FISC ou d’anciennes amantes.

Faire une croix sur plusieurs projets, notamment la construction du « mur » à la frontière avec le Mexique ou la promesse d’une improbable baisse d’impôts pour la classe moyenne brandie par la Maison Blanche lors de la campagne. Si Trump ressort clairement fragilisé de ces élections, les résultats sont loin de la « vague bleue » que certains espéraient. Avec des campagnes ciblées mais très poussées, il a ainsi pu conserver les quatre ou cinq sénateurs qui lui assuraient la majorité au Sénat.

Cela est principalement dû au manque d’unité chez les Démocrates, qui n’ont pas su se ressouder dans les temps. L’opposition cherche en effet encore sa ligne politique, faute de favori. En faisant le choix de candidats fortement marqués (issus de minorités, jeunes, socialistes, proximité affichée avec Black Lives Matter…), en réponse à la grogne suscitée par la candidature tiède de Hillary Clinton, le parti s’est sans doute également pénalisé, perdant le vote des centristes.

Cette stratégie, malgré ses limites pour les sénatoriales, a permis certaines avancées non-négligeables en termes de diversité. Ainsi, les femmes sont désormais 95 à la Chambre des représentants (contre 84 jusqu’ici) et 12 au Sénat. Autre surprise, l’élection avec 78% des voix d’Alexandria Ocasio-Cortez,une socialiste qui défend la même ligne que Bernie Sanders, à la 14e circonscription de New York. A 29 ans, elle devient la plus jeune femme élue à la Chambre.

Première conséquence ce cet inversement de ce renversement de vapeur : Donald Trump a exigé le départ de son ministre de la Justice, le très conservateur Jeff Sessions. Le procureur général était entré en disgrâce au sein de l’administration pour son refus obstiné de limoger le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur les soupçons de collusion de Trump avec la Russie. Compte tenu du changement de majorité à la Chambre, cette décision fait craindre que le Président tente une nouvelle fois d’interférer dans cette enquête.

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