Site icon La Revue Internationale

Le charbon s’impose comme l’enjeu principal de la COP 24

Le charbon semble cristalliser toutes les tensions apparues lors de la COP 24 tenue à Varsovie.

La COP24, nouvelle échéance des conférences mondiales sur le changement climatique a lieu cette semaine en Pologne. Alors que le dirigeant des grandes nations onusienne doivent discuter des prochaines étapes à suivre afin de réserver l’environnement, l’hôte ne semble pas de la meilleure volonté. Varsovie est en effet le mauvais élève européen en matière de transition énergétique. Le charbon est aujourd’hui encore responsable de 80 % de la production électrique du pays.

Or, cette énergie fossile par excellence est très émettrice de gaz à effet de serre. Si la Pologne s’est engagée à réduire la part de charbon à 60 % de son mix énergétique d’ici 2030, son effort largement jugé comme insuffisant par ses homologues européens, ainsi que par les nations victimes du dérèglement climatique. En outre, cette dynamique s’appuie sur la mise en route de six centrales nucléaires – une autre énergie qui a aussi ses opposants au sein de l’Union européenne.

Lors de son discours inaugural, lundi 3 décembre, le président polonais Andrzej Duda a donné le ton en signifiant fermement sur refus d’abandonner la source d’énergie la plus polluante. « Le charbon est notre ressource stratégique. Selon les experts, nous avons encore deux cents ans de réserves et il nous serait difficile d’abandonner totalement cette ressource grâce à laquelle nous avons une souveraineté énergétique assurée. […] La souveraineté énergétique est ici la priorité ».

Le dirigeant du parti conservateur nationaliste a enfoncé le clou en affirmant : « nous sommes ses organisateurs, mais nous y sommes aussi pour dire la vérité sans tenir compte du politiquement correct, ce dernier étant très souvent dicté par des intérêts étrangers et non polonais. » Ce dernier a demandé aux autres de pays de travailler dans le sens d’une « transition juste ». Pour lui, la crise des gilets jaunes, en France, souligne les contradictions entre les vœux pieux et la réalité sociale.

« Nous ne pouvons pas mettre en œuvre des politiques climatiques contraires à la volonté de la société et au détriment des conditions de vie » soulignait-il, avant de marteler qu’il ne permettra pas « qu’on assassine l’industrie minière » de son pays. Pour lui, il s’agit de trouver le bon équilibre entre économie bas carbone, création d’emplois et qualité de vie. Un appel qui a trouvé des échos en Allemagne – qui peine à tenir ses engagements de sortie du nucléaire – et aux Etats-Unis – où Donald Trump a promis de « remettre [ses] mineurs au travail ».

Mais pour beaucoup, la Pologne ne s’engage volontairement sur la bonne voie. Les ONG de défense de l’environement dénoncent en effet un programme en trompe l’œil. « L’analyse des cas de l’Allemagne, de l’Afrique du Sud ou de l’Australie permet d’identifier les composantes principales d’un processus de transition juste. La transition doit être progressive et précédée d’un large dialogue social », note ainsi Izabela Zygmunt, spécialiste climat au sein de l’ONG CEE Bankwatch.

« On ne peut pas aller de l’avant sans stratégie claire, et dans le cas polonais, sans une date de fin de l’exploitation du charbon », poursuit-elle. « Il est irresponsable de tenir de tels propos, ajoute Anabella Rosemberg, directrice du programme international de Greenpeace. « Jusqu’à présent, la Pologne n’a pas donné les gages de son ambition », regrette-elle. Mais si certains états rechignent à entreprendre des réformes de fond, un signal positif inattendu vient d’un autre acteur international.

La Banque mondiale a en effet fait part de son intention de mobiliser 200 milliards de dollars pour le climat entre 2021 et 2025. « Cela fait environ 40 milliards par an, dont 27 milliards de fonds directs » détaille John Roome, responsable du dossier climat de l’institution. « Nous devons combattre les causes mais aussi permettre de nous adapter aux conséquences qui sont souvent les plus dramatiques pour les plus pauvres du monde », a complété Kristalina Georgieva, la directrice générale de la Banque.

Cette enveloppe devra notamment permettre de soutenir le perfectionnement de systèmes de prévisions « afin de mieux préparer 250 millions de personnes dans 30 pays en développement aux risques climatiques », servir à mettre en place des systèmes de protection sociale « plus sensibles au climat », ou encore de financer des investissements dans l’agriculture intelligente dans 20 pays. Notons toutefois quelque 742 milliards ont investis en une seule année (2016) dans les énergies fossiles.

Quitter la version mobile