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Raz-de-marée pour le camp prodémocratie lors des élections locales de Hongkong

Les hongkongais se rendaient dans les urnes ce dimanche 24 novembre, sur fond de siège de l’Université polytechnique (PolyU),  théâtre d’une longue et violente confrontation entre forces de l’ordre et manifestants. Ces élections locales, largement considérées comme un baromètre de l’opinion en pleine crise, se sont soldées par une large victoire du camp prodémocratie. Ces résultats confirment le soutien massif des Hongkongais à la contestation qui agite la cité-état depuis de longues semaines. Ces derniers ont remporté 388 des 452 sièges à pourvoir, soit un gain de 263 sièges par rapport à la précédente élection en 2015. Ils sortent majoritaires dans 17 conseils de district sur 18.

Ces résultats sont d’autant plus marquants que le vote s’est caractérisé par un taux de participation de plus de 71%. Il s’agit donc de la plus forte participation de l’histoire de l’île, tout élections confondues (pour un scrutin généralement boudé par plus de 60% de la population). Mais cette performance est également due au système de scrutin uninominal majoritaire à un tour – il suffit d’arriver en tête d’un district pour le remporter. En pourcentage global, les démocrates n’ont ainsi obtenu qu’un peu moins de 60% des voix exprimées, soit un résultat relativement stable par rapport aux précédents scrutins.

Source : Commission des affaires électorales de Hongkong, elections.gov.hk

Ces nouveaux élus n’ont qu’un rôle politique local : ils supervisent la collecte des ordures, les transports, les infrastructures… Mais il s’agit d’une victoire symboliquement forte, qui montre la mobilisation de la population autour des candidats de la cause prodémocratie. Elle leur assure de remporter plus de sièges dans le Conseil législatif (le parlement local, élu pour moitié seulement au suffrage direct), dans un peu moins d’un an.

Une sortie à la crise ?

Autre caractéristique de ce scrutin : il a permis à un nombre important de leaders étudiants qui ont fait leur entrée en politique lors de la révolution des parapluies, d’être élus. Aussi, certains espèrent que ces derniers deviennent des interlocuteurs politiques crédibles alors même que le mouvement de protestation se divise sur la dérive violente qu’il a suivi ces dernières semaines. La majorité de ces candidats ont soutenu les « cinq exigences majeures, pas une de moins » demandées par les protestataires : dont une enquête indépendante sur les violences policières, l’amnistie pour les manifestants et l’élection au suffrage universel du Parlement et du chef de l’exécutif.

« Il va falloir observer de près l’attitude du gouvernement vis-à-vis des nouveaux élus » prévient Sebastian Veg, Directeur d’études à l’EHESS spécialiste de la Chine. « Pour l’instant, Carrie Lam a publié un communiqué pour dire qu’elle allait étudier « avec humilité » les résultats des élections, on peut donc s’attendre à ce qu’elle fasse profil bas ». Une réaction positive, et ce d’autant que Pékin a renouvelé son « soutien résolu » en la chef de l’exécutif. « Il faudra qu’elle trouve une façon de reprendre l’initiative. Peut-être entendre la revendication par les manifestants d’une commission d’enquête indépendante sur les violences policières, qui fait quasiment l’unanimité aujourd’hui », analyse Sebastian Veg.

« Il va falloir observer de près l’attitude du gouvernement vis-à-vis des nouveaux élus » prévient Sebastian Veg, Directeur d’études à l’EHESS spécialiste de la Chine. « Pour l’instant, Carrie Lam a publié un communiqué pour dire qu’elle allait étudier « avec humilité » les résultats des élections, on peut donc s’attendre à ce qu’elle fasse profil bas ». Une réaction positive, et ce d’autant que Pékin a renouvelé son « soutien résolu » en la chef de l’exécutif. « Il faudra qu’elle trouve une façon de reprendre l’initiative. Peut-être entendre la revendication par les manifestants d’une commission d’enquête indépendante sur les violences policières, qui fait quasiment l’unanimité aujourd’hui », analyse Sebastian Veg.

Le prix de la fermeté de Pékin

Pékin, au cours du week-end, avait appelé les Hongkongais à se rendre aux urnes pour « dire non à la violence » en choisissant les candidats « patriotes » – comprendre : favorables au Parti communiste. Aussi, le raz-de-marée prédémocratique a été totalement passée sous silence mardi par les médias de Chine continentale. Dans la presse chinoise anglophone, destinée au reste du monde, les autorités chinoises ont martelé un seul message : « Hongkong fait partie de la Chine, quels que soient le résultat des élections [locales] ». Le quotidien China Daily affirmait pour sa part que le scrutin avait été « faussé par des manœuvres d’intimidation » et « des coups bas ».

Pour le parti cette victoire des démocrates ne change pas grand-chose. Sa stratégie reste « ramener le calme » à Hongkong par la répression. Pour Pékin, qui espère sans doute que le temps fasse à l’affaire, « on ne dialogue pas avec des émeutiers » entend-t-on. Les pro-démocrates avaient en effet largement remporté les élections locales de 2003 après des manifestations massives, mais un grand nombre de leurs candidats avaient perdu leurs sièges l’année suivante. Mais semble ignorer un facteur générationnel : mobilisation durable et forte de la jeunesse, « car c’est elle qui vivra l’après-autonomie, en 2047 » soulignait justement l’analyste Pierre Haski.

Ce vote n’a donc pas sorti Hongkong d’affaire, loin s’en faut. Mais ce résultat, qui a visiblement pris Pékin par surprise, pourrait avoir des conséquences sur la gestion du dossier par les autorités chinoises. Il semble en effet avoir un peu plus affaibli Xi-Jinping dans les luttes de clan du PC, alors même que ce dernier cherche à renforcer son image de leader incontesté. Si le fonctionnement du pouvoir chinois est opaque, ont peut voir des signes de mécontentement avec sa ligne politique intransigeante. En attestent les récentes fuites orchestrées par un « membre de très haut niveau du Parti communiste chinois », exposant au monde le fonctionnement des camps d’internement des Ouïgours.

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