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Alliance des villes libres en Europe centrale

Les maires de Prague, Varsovie, Budapest et Bratislava se sont alliés pour lancer une alliance des villes libres en Europe centrale, dont le but est de s’opposer aux tendances populistes de leurs gouvernements respectifs.

 « Nous venons de différents partis politiques, mais nous avons les mêmes valeurs. Nos villes sont libres, progressistes, tolérantes et surtout proeuropéennes », résume le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski. D’après les édiles des villes de Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Prague (République tchèque) et Bratislava (Slovaquie), il s’agit de faire des capitales d’Europe centrale « des îlots de liberté », sur le modèle des villes libres du Moyen-Age – une incursion dans le champ lexical des populistes qu’ils combattent justement. « Le populisme est une réponse erronée et simpliste aux problèmes », a commenté le maire de Prague, Zdenek Hrib. La réponse pour « guérir les maladies de l’Europe centrale » sera basée sur la « démocratie de proximité », explique-t-il.

Une alliance progressiste

Le mouvement est né dans le sillage de la victoire historique d’un candidat de l’opposition à la mairie de Budapest, ainsi que dans six autres grandes villes du pays, le 13 octobre dernier. Même tendance dans les pays voisins, où les grandes villes tendant à basculer hors du populisme, soulignant le fossé politique qui existe entre zones urbaines et rurales. Les quatre maires ventent ainsi la « diversité » de leurs municipalités, dans des pays à la politique nationale très hostile à l’immigration. Ils s’engagent notamment « à protéger et à promouvoir les valeurs communes de liberté, de dignité humaine, de démocratie, d’égalité, d’Etat de droit, de justice sociale, de tolérance et de diversité culturelle ».

Autre point d’opposition, les quatre capitales ont décidé de s’engager conjointement dans la lute contre le changement climatique. A cette fin, les maires ont laissé savoir qu’il entendant partager « leurs meilleures pratiques en matière de gestion urbaine intelligente et socialement sensible, en mettant particulièrement l’accent sur la durabilité, la protection du climat, l’inclusion sociale, le logement, les transports, l’agenda numérique. » Une politique qui détonne dans quatre des pays parmi les moins disposés à la transition énergétique en Europe. La transition énergétique y est largement considérée comme un enjeu bourgeois, moins urgent que la lutte contre la pauvreté ou l’immigration.

Une stratégie budgétaire

Cette fronde progressiste s’organise, notamment autour d’une stratégie budgétaire pour défier leurs exécutifs nationaux voulant réduire leur marge de manœuvre. Viktor Orban a ainsi fait adopter un paquet législatif qui restreint largement l’autonomie des municipalités dans la gestion des recettes fiscales mardi 10 décembre. Dans le même temps, le texte assoit le contrôle de l’exécutif sur la vie parlementaire et l’institution judiciaire. Aussi, il a provoqué un tollé à Bruxelles, où de nouvelles menaces de sanctions pour violation de l’état de droit ont été brandies.  

A l’heure où la Commission européenne planche sur ce projet de distribution des fonds communautaires aux grandes villes, les quatre élus ont formulé une demande très pragmatique : « plus de fonds européens versés directement aux villes ». Ils expliquent être écartés des subsides nationaux par leurs gouvernements en raison de leur positionnement politique. Les quatre grandes villes plaident pour cette option plutôt que les sanctions financières générales contre les pays ne respectant pas les valeurs européennes, récemment mises en avant par Paris et Berlin.

« Ces dix dernières années, ces fonds sont souvent allés à des oligarques amis du gouvernement, il est scandaleux que l’argent européen finance l’autocratie et les oligarques », a déploré le maire de Budapest, Gergely Karacsony. Ainsi, Andrej Babis, Président du gouvernement tchèque, a été mis en cause dans une affaire de fraude aux fonds européens à travers son conglomérat Agrofert. Des proches de Viktor Orban ont, pour leur part obtenu, des marchés publics financés par l’Union européenne dans des conditions assez douteuses.

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