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COP25 : quelles perspectives pour le climat ?

Depuis lundi, les représentants des pays de l’ONU sont réunis à Madrid pour la 25e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 25). Ce grand raout mondial s’est, une fois de plus, ouvert sur un cri d’alarme de son secrétaire général : « voulons-nous vraiment rester dans l’histoire comme la génération qui a fait l’autruche, et qui flânait alors que le monde brûlait ? ». Records de chaleurs, fonte des glaces, montée des océans, déclin de la biodiversité, phénomènes climatiques extrêmes à répétition, les exemples sont quotidiens et le phénomène s’accélère. Cette année, l’atmosphère est toutefois différente, avec un début de prise de conscience du grand public.

Il existe toutefois encore des clivages profonds – au sein de la population, mais aussi entre pays – sur le sérieux et les solutions à apporter à cette crise. Ces divisions sont on ne peut mieux illustrées par la réaction à l’arrivée à Madrid de la star incontestable, la jeune environnementaliste Greta Thunberg. « Miracle » pour l’écologiste Yann Arthus-Bertrand, « embrigadée » qui rappelle « les jeunesses hitlériennes et le Maoïsme » pour ses détracteurs, l’adolescente suédoise est devenue l’incarnation – parfois maladroite – des exigences d’une génération face aux enjeux climatiques. Et en devenant, pour le meilleur ou pour le pire, une icône, elle a placé la question au centre du débat.

Des enjeux élevés

Tout au long de l’ère industrielle, la température mondiale a augmenté de 1 °C en moyenne. Et la tendance est loin de s’inverser. Les pronostics des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU tablent sur une hausse des températures de 1,5 °C entre 2030 et 2052. Sans effort de réduction de nos émissions, les experts du Giec anticipent une hausse de 4,8 °C d’ici 2100. Une récente étude français prévoyait même un scénario très alarmant : une hausse de +7 °C en 2100. Toutes les études s’accordent pour dire que les pays en développement seront les plus durement touchés par ce phénomène, créant des vagues de migration climatiques massives vers les contrées moins affectées.

Mais les pays occidentaux plus tempérés ne seront pas en reste. Le risque étant en effet de confondre la météo et le climat. La première correspond aux conditions quotidiennes de l’atmosphère (température, nuages, vent, précipitations), tandis que le climat décrit les conditions atmosphériques moyennes et annuelles à l’échelle de la Terre. « L’observation d’un phénomène météorologique, pris isolément, ne renseigne pas sur l’évolution du climat », explique ainsi l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). De fait, le réchauffement climatique n’induira pas que des étés plus chauds, mais des étés et hivers de plus en plus radicaux, et des conditions globales beaucoup plus hostiles pour l’homme, mais aussi pour nombre d’espèces, déjà menacées par l’activité humaine.

De plus, le changement climatique provoque une accélération du cycle de l’eau. Ce phénomène s’accompagne d’une multiplication et une intensification des événements extrêmes liés à l’eau. Mais le phénomène créera également des manques. Près d’un tiers des villes dans le monde, soit plus de 233 millions d’habitants, devraient se trouver en manque d’eau d’ici à 2050 mettait ainsi en garde une étude publiée dans la revue Nature. « Il nous reste dix ans pour agir et limiter le réchauffement à 1,5°C. Ces pays les plus émetteurs, la Chine, l’Inde, l’Union européenne et les États-Unis doivent augmenter leurs objectifs de réduction d’émissions, ils doivent faire leur part de l’effort. On a besoin de cette réponse urgente et ambitieuse », explique Lucile Dufour, du Réseau action climat.

Une réalité politique fracturée

Aujourd’hui, la grande majorité des analyses notent que lutter efficacement contre le changement climatique nécessitera des changements systémiques profonds. Une approche individuelle ne sera en effet pas suffisante, et les entreprises ainsi que les états devront également participer à cette transition. Une réalité soutenue par le Plan climat européen : nouvelle stratégie de croissance de la Commission européen, mais aussi par la Banque centrale européenne, comme l’a montré le premier discours de sa Présidente, Christine Lagarde. Le Parlement européen a même récemment voté l’urgence climatique (429 voix pour, 225 voix contre et 19 abstentions), entérinant l’engagement pour la neutralité carbone du vieux continent.

Plus largement, les émissions européennes diminuent chaque année de 1,4% en moyenne depuis dix ans. En 2019, la baisse devrait cette fois atteindre 1,7%. Seulement, si l’Europe est la seule à agir, il ne sera pas possible de sauver notre planète. Elle ne représente en effet que 9 % émissions mondiales, ce qui en fait le troisième pollueur, après Chine (26%) et Etats-Unis (15%), et devant l’Inde (7%). Aujourd’hui, les plus gros pollueurs restent à la traîne dans leur transition, avec des émissions toujours en hausse – Chine (+4,5 %) et en Inde (+6,3 %) et Etats-Unis (+2,5 %). Quatre ans après l’accord de Paris, l’inversion des courbes se fait encore attendre.

Autre enjeu : les pays émergents, qui font logiquement passer la lutte contre la pauvreté avant la réduction des émissions – de fait, la plupart des pays du sud attendent de l’aide des pays développés. Ça n’est généralement pas par mauvaise volonté – il est dans leur intérêt de limiter le changement climatique, étant ses premières victimes – mais par manque de moyens. Le Mozambique a ainsi perdu un cinquième de son PIB à cause du changement climatique – soit l’équivalent de 23 ouragans Katrina. Plus largement, on estime que les pays en développement auront besoin de 300 à 700 milliards de dollars d’ici 2030 pour compenser les dommages qu’il aura causé.

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