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Coronavirus : un premier bilan rassurant

Le coronavirus continue de progresser. Les autorités chinoises ont annoncé 38 nouveaux décès lors des dernières 24 heures ce matin. Au total, on compte aujourd’hui 7 782 infections et 170 morts. Le virus comptabilise ainsi plus de personnes infectées que le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras, 5 327 malades), dont il est très similaire. Dans le même temps, quatre nouveaux pays ont annoncé avoir diagnostiqué des cas d’infection, portant la liste à 19 pays et territoires touchés. La maladie est cependant moins meurtrière, avec un taux de léthalité de 4%.

L’Organisation mondiale de la santé se montre prudente à l’égard de l’épidémie, en refusant pour l’instant à la caractériser comme « urgence de santé publique de portée internationale ». Michael Ryan, le directeur des programmes d’urgence de l’organisation a toutefois appelé « le monde entier doit être en alerte ». Mêmes appels au calme en France, où la ministre de la Santé Agnès Buzyn, a souligné que la « contagiosité » du coronavirus était certes en augmentation, mais a révélé que les estimations indiquent que sa « mortalité » serait inférieure à celle du Sras.

Une réponse rapide de la Chine

Tous les yeux sont désormais tournés vers la Chine – le pays héberge plus de 98 % des patients diagnostiqués – et plus particulièrement la province du Hubei, et sa capitale Wuhan, où l’épidémie a commencé. La ville est aujourd’hui totalement coupée du reste du pays, avec ses quelques 11 millions d’habitants en quarantaine. La circulation des véhicules non essentiels y est interdite. Là aussi, le calme semble être revenu après la panique des premiers jours, où des milliers de personnes ont afflué vers les hôpitaux. En outre, la plupart des supermarchés ont pu être réapprovisionnés.

Face à la panique initiale, le pouvoir central veut reprendre la main. Lundi, le premier ministre, Li Keqiang, s’est rendu auprès du personnel soignant et de malades à Wuhan – un message fort pour la population. Afin d’éviter de risques d’une contagion plus large, les autorités ont toutefois annulé tous les matchs de football en Chine et plusieurs autres compétitions sportives ont été suspendus. Ironie de l’histoire, Hong Kong a commencé à progressivement fermer ses portes à la Chine continentale « en accord avec les autorités de Pékin ».

Des mesures de précaution ont également été prises au niveau international, avec la suspension de tous leurs vols vers le pays par des compagnies aériennes comme British Airways, l’allemande Lufthansa ou encore l’indonésienne Lion Air. Certains pays ont également organisé le retour de leurs ressortissants. 95 Américains ont ainsi été évacués de Wuhan mercredi vers une base militaire californienne, tout comme 206 Japonais, rapatriés dans leur pays. La France a procédé à une première salve d’évacuations et le gouvernement britannique espère organiser ce retour « dès que possible ».

La pandémie laisse place à la psychose

Globalement, face au risque de pandémie, la coopération internationale a bien fonctionné et les querelles géopolitiques mises de côté – notamment entre Washington et Pékin. « La santé est cet ami commun qui nous permet de baisser les armes » note Anne Senequier, médecin, chercheuse et co-directrice de l’Observatoire de la santé mondiale de l’IRIS. En outre, Pékin a appris des leçons de l’épidémie de Sras, en 2003, que la Chine avait initialement tenté de passer sous silence ; l’empêchant de prendre suffisamment tôt des mesures de sécurité adéquates. Il était crucial pour Pékin de ne pas sous-estimer cette nouvelle épidémie pour des questions de crédibilité.

La réponse immédiate du pays a cette fois permis de réduire sensiblement le nombre de cas à l’extérieur de la Chine. Elle a également perms une identification du virus à peine 7 jours après l’apparition du premier malade. Les autorités chinoises ont immédiatement partagé cette information pour permettre une reconnaissance et une quarantaine des personnes infectées dans le monde. Des scientifiques de l’Institut Doherty en Australie ont même déjà réussi à répliquer le virus, une étape cruciale. Les experts estiment aujourd’hui que la recherche d’un vaccin – entamée en particulier en Chine et aux États-Unis – devrait prendre quelques mois.

Malgré cette transparence exemplaire, la réputation d’opacité de la Chine la dessert. Aussi, une certaine psychose existe à l’égard des communautés asiatiques, laissant place à un racisme ouvert et une peur de l’invasion. Il est souvent question du « manque d’hygiène des Chinois », observe Mai Lam Nguyen-Conan, spécialiste des questions interculturelles. C’est « tout un faisceau d’images stéréotypées de l’inconscient collectif qui s’exprime ».

Malgré les messages rassurants des pouvoirs publics, la prolifération de fausses rumeurs va bon train. Dans ce contexte, les réseaux sociaux sont « une plaie », déplore Anne Senequier. Mais paradoxalement, le coronavirus « pourrait même servir la lutte contre le racisme », selon Mai Lam Nguyen-Conan : « Les associations ont intérêt à se saisir de ce genre de phénomènes pour essayer de faire passer des messages différents sur les Asiatiques. »

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