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Incendies en Australie : le pire est passé

Avec le retour de la pluie sur les zones touchées par les incendies en Australie, les pompiers vont enfin pouvoir souffler. La flore et la faune, n’en ont cependant pas moins été décimées.

Après des semaines d’incendies catastrophiques en Australie, les choses pourraient enfin se stabiliser. C’est en tout cas ce qu’assurent de consort les météorologues et pompiers du pays, qui ont déclaré avoir finalement maîtrisé le plus important « mégafeu » de l’histoire du pays, qui ravageait les montagnes de Gospers, au nord-ouest de Sydney. Si ces prévisions se confirment, cela représentera « tous nos cadeaux de Noël, d’anniversaire, de fiançailles, d’anniversaire de mariage et de fin d’études réunis en un seul. Croisons les doigts », a lancé Shane Fitzsimmons, le chef des pompiers dans les zones rurales de Nouvelle-Galles du Sud.

L’heure du bilan

Et pour cause : les dégâts subis ont été considérables :  10,3 millions d’hectares hectares détruits – soit l’équivalent de la Corée du Sud – 28 personnes et 1,25 milliard d’animaux, dont des milliers de koalas et de kangourous tués, une qualité de l’air classée « très mauvaise », voire « dangereuse », 2 000 maisons détruites, des pertes de revenus touristiques énormes liées à la fois aux destructions matérielles mais aussi à l’impact sur l’image de ces régions. L’armée a même été mobilisée afin d’évacuer les cadavres des animaux morts afin d’éviter que leur décomposition fasse apparaître des maladies, ou contamine les sources d’eau.

Ces incendiées sans précédent dans l’histoire du pays ont été en partie causé par une sécheresse particulièrement grave en Australie, et aggravés par le réchauffement climatique. « Depuis trois ans, nous traversons une sécheresse dramatique » explique Bruce Leaver, expert forestier australien. Mais d’autres facteurs ont envenimé la situation : « En plus d’une sécheresse prolongée, vous avez le phénomène climatique du dipôle de l’océan Indien : les inondations de l’été en Inde étaient de mauvais augure pour nous car elles signifiaient que la mousson arriverait plus tard en Australie ».

Une grande campagne de désinformation

Malgré des experts unanimes, certains affirment encore que les feux ne sont pas liés au réchauffement climatique. « Evidemment que le réchauffement climatique joue un rôle essentiel dans tout cela et ce gouvernement entretient un débat toxique sur le sujet », note Bruce Leaver. « Mais l’industrie du charbon est très puissante. Elle finance des partis, en particulier les conservateurs [le Parti libéral et le Parti national, au pouvoir], elle finance des campagnes pour jeter le doute sur la réalité du réchauffement et empêcher les mesures de réduction des émissions ».

Timothy Graham, expert des médias numériques à l’Université de technologie du Queensland a ainsi relevé un sursaut du hashtag #arsonemergency (« urgence incendie criminel »), utilisé par des « bots » ou des « trolls » sur les réseaux sociaux afin de créer le doute quant aux causes de ces incendies. « Nos conclusions révèlent un effort concerté pour désinformer le public sur les causes des feux de forêt », indique le chercheur. « Cette campagne est sans comparaison dans son ampleur avec ce qu’on a pu voir dans d’autres pays, comme lors de la présidentielle américaine de 2016, mais ce niveau de désinformation en Australie est sans précédent ».

En Europe aussi, certains ont pris le parti du climato scepticisme quant à cette actualité. Le polémiste Laurent Alexandre, qui se présente dans sa bio Twitter comme « anticollapsologue, anti-Greta Thunberg », a ainsi repris l’argument en dénonçant « l’hystérie collective » sur l’Australie. Ce faisant ; il oublie de dire que par leur ampleur, mais par leur durée (depuis plusieurs mois désormais ), leur saisonnalité (ils ont commencé dès le printemps) et par les écosystèmes touchés (des forêts humides qui brûlent pour la première fois), ces incendies sont une tragédie d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’île-continent.

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