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Idées

Fiasco en Thuringe, une illustration malheureuse des divisions allemandes

11.02.2020 par Christophe Nourissier
Fiasco en Thuringe, une illustration malheureuse des divisions allemandes

Le candidat du Freie Demokratische Partei (FDP) Thomas Kemmerich a été contraint de démissionner 24 heures à peine après son élection à la tête du gouvernement régional de Thuringe. Il a été poussé dehors par une opinion publique allemande ulcérée par son alliance avec le parti d’extrême droite, l’Alternative für Deutschland. Le but de cette manœuvre était d’évincer le candidat sortant, Bodo Ramelow (Die Linke), arrivé en tête du scrutin avec 31 % des voix. D’ordinaire, ce dernier fait front commun avec die Grünen (Les Verts) et le SPD (les socio-démocrates) pour former une majorité, mais cette année cette alliance n’était pas suffisamment forte pour former seul un gouvernement régional compte tenu de la progression importante de l’AfD.

En voulant couper l’herbe sous le pied de la coalition des gauches, le candidat libéral a toutefois fait un faux pas majeur : il a rompu avec la culture mémorielle allemande et la tradition démocratique de rejet de toute alliance avec l’extrême droite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ses critiques se sont en effet empressés de rappeler que le parti nazi avait réussi à conquérir le pouvoir grâce à des alliances avec la droite traditionnelle. Pour ne rien arranger, Björn Höcke, candidat de l’AfD dans la région est issu de l’aile ethno-nationaliste – la plus extrême du parti. Aussi, sous une pression monumentale, Thomas Kemmerich a demandé la dissolution du Parlement régional et de nouvelles élections. « Les démocrates doivent être élus avec les voix des démocrates » a-t-il concédé.

Si l’aveu est bienvenu, il arrive trop tard. Il est en effet déjà acté que son parti paye le prix fort les pour cette alliance avortée. Ses représentants ont été la cible d’insultes en ligne, d’intimidation dans la rue et d’une campagne de graffiti très virulente dans la région. Thomas Kemmerich est quant à lui sous protection policière permanente. Mais il ne concentre pas à lui seul toute l’indignation de la population allemande. La position ambigüe du président du parti, Christian Lindner, quant à un rapprochement avec l’AfD lui a aussi valu d’être pais à parti par des militants comme des opposants. Plombé par cette chute e popularité, le FDP risque désormais de recevoir moins de 5% des suffrages lors du nouveau vote régional, ce qui le placerait sous le seuil minimum de représentation.

Le baiser de Judas

Nombre de cadres du FDP craignaient désormais une contagion au niveau national. Une mauvaise nouvelle pour un parti déjà aux abois, qui peinait à se remettre de sa sortie du Bundestag lors des législatives de 2013. Cette dégringolade est impiutable à cette manœuvre désastreuse mais aussi plus globalement à une absence positionnement clair dans un paysage politique allemand en pleine mutation. « Le FDP a perdu de sa superbe. L’attachement à l’économie de marché a parfois laissé la place à des slogans faciles anti-impôts. La défense acharnée des droits fondamentaux a souvent semblé bien timide, le parti reprochant bruyamment et violemment à Merkel sa décision d’accueillir les réfugiés » soulignait justement l’ancien Ministre Matthias Fekl dans une tribune dans l’Opinion.

En voulant regagner son pouvoir de faire et de défaire les coalitions, le parti s’est ainsi probablement tiré une balle dans le pied. L’alliance stratégique avec l’AfD s’est avérée un véritable baiser de Judas pour les libéraux. Pour ne rien arranger, après ce mélange des genres infructueux, une bonne partie de leur électorat favorable à l’alliance avec l’extrême droite va probablement reporter leur vote sur l’AfD. 62 % des sympathisants du FDP plaidaient ainsi pour une approche « au cas par cas » des scénarios d’alliance avec l’AfD, dans un récent sondage Deutschlandtrend.

Sur le même principe, les nouvelles élections en Thuringe vont probablement également entrainer un nouveau recul de la CDU. L’Union chrétienne-démocrate a en effet participé à l’élection de Kemmerich, malgré les consignes de votes d’Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), éphémère présidente du parti. La chancelière Angela Merkel a vivement critiqué cet épisode, le qualifiant « d’acte impardonnable », regrettant l’insubordination des élus de Thuringe. Le secrétaire d’Etat à l’Economie et commissaire du gouvernement aux territoires de l’Est de l’Allemagne, Christian Hirte, a lui-même été poussé à démissionner par Angela Merkel pour s’être félicité de l’élection de Thomas Kemmerich. Une sanction qui peine à étouffer les divisions au sein de son propre parti.

Les prémices d’une transition difficile

Ce désaveu aura été le dernier clou dans le cercueil pour AKK, la dauphine désignée d’Angela Merkel, qui, poussée par l’ampleur prise par le scandale, a annoncé hier ne pas vouloir briguer le poste de Chancelier en 2021. « Les derniers jours ont été une catastrophe pour la CDU », analyse Michael Weigl, politologue à l’université de Passau. « C’est une défaite pour AKK et pour le parti et cela va avoir des conséquences électorales. » Un échec qui souligne les contradictions qui divisent le parti et ses électeurs. « La CDU est polarisée, entre ceux qui soutiennent une ligne centriste, incarnée par Angela Merkel et AKK, et ceux qui souhaitent une ligne plus conservatrice », confirme Lothar Probst de l’Université de Brême. Les premiers ont, pour ‘heure, encore le dernier mot.

Mais le fiasco causé par le rapprochement avec l’AfD pourrait profiter à la frange droite du parti. « L’avenir de la CDU va dépendre de son successeur » souligne Lothar Probst. La voie choisie au terme de la guerre de succession qui s’annonce pourrait par ailleurs faire voler en éclat la fragile GroKo qui permet de gouverner le pays. Certaines voix au sein du parti social-démocrate se demandent s’il sera possible de maintenir l’alliance avec la CDU au niveau national, alors que le parti vire progressivement à droite. Dans le même temps, la CSU se démarque progressivement de la CDU en défendant des positions de plus en plus conservatrices, accentuant la dérive. Aussi, la formation de coalitions, aussi bien au niveau régional que fédéral, va être de plus en plus difficile en Allemagne.

Christophe Nourissier

Analyste politique, conseiller en stratégie et président de l’association la France et le Monde, Christophe Nourissier a été la plume de plusieurs personnalités en Europe et en Afrique francophone. Il est aujourd'hui commentateur politique. A ce titre, il contribue à plusieurs médias en ligne et écrit régulièrement sur l'actualité internationale. Il est Directeur de Publication de La Revue Internationale.

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