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Poutine : profil bas en temps de pandémie

09.06.2020 par Christophe Nourissier
Poutine : profil bas en temps de pandémie

En Russie, les médias d’état annoncent un retour à la normale. Ils assurent que le pays a eu la réponse la plus efficace du monde face au coronavirus, qu’une page se tourne. « La situation est stabilisée, nous revenons à la vie normale » assurait pour sa part Vladimir Poutine lors d’une récente visioconférence, accompagnée de deux signaux forts d’une reprise en main de la situation sanitaire en Russie. Le premier est la reprogrammation du défilé militaire de la victoire sur le nazisme, le 9 mai – il aura finalement lieu le 24 juin. Le second est le très attendu vote sur la réforme constitutionnelle, censé permettre à Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036. Initialement prévu le 22 avril, le referendum se tiendra le 1er juillet.

Il doit être la clé de voute de la nouvelle ère du pouvoir russe, lors de laquelle Poutine espère consolider son héritage et se trouver un successeur à la hauteur. L’ancien officier du KGB a toujours assuré que la continuité du pouvoir était un gage de stabilité. Mais ce grand classique de la rhétorique autoritaire est chamboulé par son incapacité à mettre un terme à la pandémie de covid-19. Le pays compte désormais 485 000 malades ce qui en fait le troisième foyer mondial, après les Etats-Unis et le Brésil. Poutine veut absolument éviter l’effet Tchernobyl – la catastrophe a précipité le déclin de l’URSS. De fait, cette pandémie est le premier vrai échec en deux décennies au pouvoir. Et il intervient au pire moment imaginale : alors que se pose la délicate question de sa succession.

Une pandémie largement sous-estimée

Heureusement pour Poutine, la situation serait en train de se stabiliser à Moscou. Mais, alors que la poussière retombe, le maire de Moscou, Sergueï Sobianine a admis que le nombre de Moscovites touchés par le Covid-19 serait près de trois fois supérieur aux statistiques officielles. De plus, l’épidémie continue de progresser en dehors de la capitale. Et le taux de mortalité particulièrement faible du pays (4 855 morts d’après les autorités) suscite le scepticisme de nombreux experts. Il est en effet de loin le plus bas parmi les dix pays les plus touchés par la pandémie, alors que des enquêtes de la presse russe auprès du personnel soignant ont révélé qu’au même niveau épidémique, les médecins russes ont seize fois plus de risques de mourir du coronavirus qu’ailleurs dans le monde.

Une situation qui trouve des échos au Dagestan, en Caucasie, où le Ministre de la Santé russe, Mikhail Murashko, a finalement annoncé qu’il y avait 657 morts – les chiffres officiels faisaient état de 29 décès seulement ! L’annonce a provoqué la panique du gouvernement, forçant le Président à faire une déclaration officielle pour calmer l’opinion. Même ambiance dans la région de Novossibirsk, où les ambulanciers menacent d’entamer une grève de la faim faute de moyens suffisants – jamais un signal positif. Plus largement, il faut rappeler que le Covid-19 a causé l’hospitalisation de quatre membres du gouvernement, dont le Premier ministre Mikhaïl Michoustine.

Ces données permettent de voir au travers de l’écran de fumée mis en place par les autorités russes, et expliquent le relatif désenchantement de l’opinion. Et ce malgré de multiplie les promesses de cadeaux par le Kremlin. Après la « la période chômée » nationale d’un mois, et les 343 millions de dollars alloués par Moscou aux régions (seuls 57 millions ont été versés à ce jour) Moscou promet désormais une prime de 300 à 1 000 dollars pour le personnel soignant. Mais le scepticisme croissant, associé à la méfiance naturelle des russes quant aux informations d’état, ont impacté la réponse de la population, qui ne croit ni en les chiffres du gouvernement, ni en la dangerosité du virus, ni en l’efficacité des mesures préconisées par le Kremlin. Cette défiance a contribué à accélérer la propagation du virus, comme l’explique Irina Lagunina, co-directrice de la Radio Svoboda.

Les limites d’un système centralisé

Après leur avoir progressivement retiré tout pouvoir deux décennies durant, Poutine entend pourtant bien faire des gouverneurs de régions les responsables de la gestion épidémique. Mais cette volonté de désengagement sur ce dossier épineux n’est pas sans conséquences. Outre leur expérience limitée dans l’exercice du pouvoir, le manque d’experts au niveau local et la corruption généralisée est sont très pénalisants pour la réponse pandémique – une grande partie des aides fédérales et des taxes locales semblent ainsi avoir été détournées. « Si quelque chose n’est pas fait à temps, je considérerai cela comme une négligence criminelle », tempête Poutine. La réponse locale ne s’est pas fait attendre : les gouverneurs des régions de Komi, d’Arkhangelsk et du Kamtchatka ont posé leur démission.

La peur de Moscou explique par ailleurs les données peu fiables du gouvernement sur la pandémie. Les gouverneurs se couvrent, pour ne pas irriter le maitre du Kremlin. Ce dernier, conscient du problème, n’entend pas être passif malgré cette prise de distance. « Poutine avait prévu d’augmenter les minima sociaux juste avant le référendum sur la réforme constitutionnelle », estimait récemment l’analyste Tatiana Stanovaya, présidente du cabinet d’expertise R.Politik. « Il pense toujours pouvoir le faire lorsque la date du scrutin sera connue. Voilà pourquoi il se montre économe. » Mais à l’épreuve de cette crise (on estime la chute d’activité à 28%), on ne peut que toutefois mesurer la timidité de la réponse gouvernementale.

Cette réponse timorée s’explique par la récente crise du prix du baril – pour rappel, 50% de l’économie russe dépend encore des exportations d’hydrocarbures. A cela, il faut ajouter l’érosion de revenus des ménages, en particulier le bas de la classe moyenne, due à l’arrêt d’activité imposé par le confinement. Dans ce contexte, les inégalités se marquent, avec le retour d’un fédéralisme asymétrique qui pousse les habitants des régions les plus fragiles à l’auto-organisation et l’autosuffisance (la production de nourriture dans les datchas a bondi). Aussi, face à une économie moribonde, il est probable que le Kremlin veuille mobiliser le nationalisme russe derrière un engagement géopolitique accru – et ce d’autant que la scène est monopolisée par le bras de fer entre Washington et Pékin. Reste à savoir où. La Russie étant déjà engagée sur plusieurs théâtres, les paris sont ouverts.

Christophe Nourissier

Christophe Nourissier

Analyste politique, conseiller en stratégie et président de l’association la France et le Monde, Christophe Nourissier a été la plume de plusieurs personnalités en Europe et en Afrique francophone. Il est aujourd'hui commentateur politique. A ce titre, il contribue à plusieurs médias en ligne et écrit régulièrement sur l'actualité internationale. Il est Directeur de Publication de La Revue Internationale.

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