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Hong Kong : entre mainmise chinoise et multinationales peu scrupuleuses

Hong Kong, mouvement des parapluies

La peur règne à Hong-Kong. Après une crise politique sans précédent, la Chine est parvenue à imposer au territoire autonome une loi liberticide sur la sécurité nationale. De grandes entreprises ont fermé boutique, parfois de manière brutale comme chez Chanel. Facebook, Google ou encore Twitter ont entamé un boycott.

Mardi 30 juin à 23 heures, la loi sur la sécurité nationale entrait en vigueur au moment même où elle était rendue publique. Rédigée dans le plus grand secret, elle a pris tout le monde de court, passant outre le Conseil législatif de Hong Kong. Elle fut imposée une heure avant le 23e anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique. Depuis, un climat de peur règne à Hong Kong qui compte 7,5 millions de résidents.

Chine / Hong Kong : Un pays… un système

Et pour cause : cette loi imposée par Pékin contient quatre nouveaux crimes : subversion, sécession, terrorisme et collusion avec les forces étrangères. « La définition du terrorisme est si vague et ouverte qu’elle pourrait s’appliquer à quiconque se fait l’avocat de changement politique. Les autres critères – notamment la “subversion de l’Etat” ou “l’atteinte à l’intégrité de l’Etat” – sont d’ailleurs régulièrement utilisés pour poursuivre des dissidents ou des critiques du gouvernement ou du Parti communiste, y compris le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo et l’économiste ouïgour Ilham Tohti », précise au journal le Monde Sophie Richardson, responsable de la Chine pour l’ONG Human Rights Watch.

Les résidents de Hong-Kong et la communauté internationale redoutent un recul historique des libertés individuelles qui remettrait en question le statut spécial de cette région administrative. Déjà, des arrestations ont eu lieu et des livres sur la démocratie (les ouvrages de Joshua Wing) ont été retirés des bibliothèques. La loi permet aujourd’hui le déploiement de la police secrète chinoise sur le territoire.

Chanel : des salariés mis à la porte

Du côté des entreprises, de nombreuses enseignes internationales ont dû fermer leurs points de vente, connaissant pour la plupart une chute vertigineuse de leurs ventes depuis le début de l’année causée notamment par la pandémie du coronavirus. C’est le cas par exemple de la célèbre marque de lingerie Victoria’s Secret, qui pourrait quitter définitivement Hong-Kong. Elle devrait par ailleurs fermer 250 magasins aux Etats-Unis et au Canada en 2020.

Du côté des entreprises françaises, la maison de luxe Chanel, qui a frôlé les 11 milliards de vente en 2019, aurait mis à pied une centaine de salariés à Hong Kong. Les employés de la célèbre marque auraient été fortement incités à démissionner, ou à prendre un congé sans solde de 4 mois sans garantie d’embauche par la suite, ou à réduire leur salaire jusqu’à 40%. Chanel refuse de payer des indemnités de licenciement, se servant manifestement de la situation sanitaire pour contourner le droit du travail.

Fuite des capitaux, figures de contestation en exil, et boycott des GAFAM

De leur côté, certains GAFAM ont annoncé ne plus vouloir répondre aux demandes d’informations sur leurs utilisateurs par les autorités de Hong Kong. D’après un article du Temps, « plus aucune requête concernant des utilisateurs ne sera acceptée par Google, Facebook ou Twitter. »

La crise a par ailleurs entrainé une fuite des capitaux privés. De plus en plus de résidents fortunés de la région transfèrent leurs capitaux dans des banques européennes, ou de Singapour.

Du côté des opposants politiques, de grands leaders de la contestation, tel que Nathan Law, du parti Demosisto, ont quitté la région, conséquence directe de l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine.

« L’objectif est d’infliger un choc psychologique à la société hongkongaise. Pékin veut régner par la peur pour transformer Hongkong en cité normale du continent », résume Mathieu Duchâtel, directeur Asie à l’Institut Montaigne.

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