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Assurer la paix en Iran et dans la région devrait être la mission du JCPOA 2

L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, ou JCPOA, signé sous Obama par le groupe P5 + 1 (la Chine, la France, l’Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni, et les États-Unis) et l’Iran en décembre 2013. Il a permis de limiter le programme nucléaire de base de l’Iran à 20 % d’enrichissement de l’uranium utilisa par le pays afin de développer, en principe, un secteur nucléaire civil. Après une sortie remarquée de Donald Trump en mai 2018, les États-Unis sont à nouveau à la recherche d’un modèle du genre s’étendant aux questions des missiles et de l’instabilité régionale.

Du point de vue des Américains, il faudrait d’abord faire un pas en arrière pour mieux faire deux pas en avant. Le pas en arrière devrait prendre la forme d’un accord intérimaire. L’accord temporaire de cette nouvelle période comprendrait des dispositions plus souples que le JCPOA. L’Iran accepterait l’un des points majeurs, comme l’enrichissement à 20 %. En échange, il recevrait de petites concessions, comme un prêt de 5 milliards de dollars du FMI, la levée de ses actifs bloqués dans des pays tiers comme la Corée du Sud, ou la levée de l’embargo visant Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères, ou Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique.

Bien entendu, l’octroi de ces concessions devrait se faire au cas par cas. Cependant, il ne faudrait pas les offrir pour rien de sorte que l’Iran estimerait inutile de négocier et d’élargir l’accord. Après cette étape, il faudra en franchir deux autres afin d’éliminer les lacunes du JCPOA.

Un pas en arrière, deux pas en avant

Il semble toutefois que cette approche ait été retenue. Et ce malgré le fait que le premier JCPOA de 2015 est un échec complet. Téhéran a développé ses programmes de missiles et installé de vastes maillages de milices qui enserrent toute la région grâce aux fonds débloqués à l’échelle internationale par le premier accord et au prix de la pauvreté endémique du peuple iranien. Les interventions du régime iranien ont dévasté la Syrie, l’Irak et la région.

Téhéran était tellement persuadé que son terrorisme n’entrainerait aucune conséquence, qu’un de ses diplomates en exercice a tenté de faire exploser une bombe en plein jour, dans un grand rassemblement de l’opposition iranienne en France. Des centaines de personnalités politiques européennes et américaines participaient à cet événement, sans parler d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

L’attentat terroriste déjoué visait la dirigeante de l’opposition, Maryam Radjavi. Le diplomate et ses complices ont été arrêtés juste à temps, et le 4 février un tribunal en Belgique les a tous condamnés à de lourdes peines de prison.

Pourparlers du JCPOA 2 au Lendemain du JCPOA 1

La géopolitique de la région a complètement changé depuis 2015, la date de l’accord. L’influence de l’Iran au Liban et en Irak est largement contestée. Les forces du régime iranien en Syrie ont été bombardées au moins plusieurs centaines fois par Israël. La Russie fait pression sur l’Iran afin qu’il réduise encore son influence en Syrie. Les accords d’Israël avec les Emirats et d’autres pays arabes forment un nouveau bloc contre l’Iran. Depuis 2015, le régime a connu deux soulèvements en 2017 et en 2019.

Lors des manifestations de mi-novembre 2019, Khamenei a ouvertement donné l’ordre de tirer pour tuer les jeunes insurgés, faisant au moins 1500 morts. En 2020, deux autorités du régime et celui qui constituait l’axe de son influence régionale ont été éliminés. Dans cette situation, les P5 + 1 ne s’occuperont certainement plus uniquement de la question nucléaire. L’influence régionale du régime et ses programmes de missiles seront sur la table des négociations.

La paix devrait être la priorité absolue

Cette fois-ci, pour parvenir à un accord fructueux et ramener la paix dans la région, il faudrait qu’il n’y ait pas seulement un embargo nucléaire et des changements dans son influence régionale ou dans ses programmes de missiles. La prochaine étape consistera à mettre fin aux exécutions et à la répression de la liberté d’expression.

Dans le cas contraire, le JCPOA-2 ne sera pas couronné de succès et ouvrira la voie à un nouveau jeu de dupes. Le régime iranien repose sur les deux piliers que sont la répression et les exécutions à l’intérieur et le terrorisme et l’incitation à la guerre à l’étranger.

La quête de l’arme nucléaire pour garantir sa survie fait partie de cette stratégue d’incitation à la guerre. Il faut que les négociations aboutissent à une cessation des exécutions et à une ouverture démocratique, notamment à un retour de la liberté d’expression. Les Iraniens ne laisseront alors plus ce régime dilapider toutes les ressources et richesses du pays dans la fabrication d’une bombe atomique et entretenir des milices partout dans la région. Ce serait le résultat le plus enviable pour ces négociations et une garantie de paix durable. En poursuivant cet objectif, l’Europe pourrait s’avérer être une « médiatrice honnête », fidèle à ses valeurs.

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