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Jeux olympiques : Tokyo maintient, Pékin hésite encore

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La crise sanitaire a bouleversé le calendrier sportif international, contraignant les capitales qui devaient accueillir les prochains Jeux olympiques à revoir leurs plans et priorités. Si Tokyo maintient l’ouverture de ses Jeux le 23 juillet prochain, Pékin semble, en revanche, plus hésitant.

Sans doute l’un des milieux, avec ceux de la culture et de la restauration, les plus affectés par la crise liée à la Covid-19, le monde du sport s’interroge sur la tenue dexs futurs Jeux olympiques (JO). Alors que les remontées mécaniques sont restées, cet hiver, désespérément vides dans les montagnes françaises, les JO d’hiver de Pékin 2022 auront-ils lieu comme prévu ? Rien n’est moins sûr : moins de douze mois avant la cérémonie officielle d’ouverture, les Jeux que Xi Jinping souhaite « verts, inclusifs, ouverts et propres » demeurent soumis à un certain nombre de variables et d’imprévus dont les conséquences sur la bonne tenue des épreuves sont, à l’heure actuelle, toujours inconnues.

L’incertitude plane sur les Jeux de Pékin

La crise sanitaire n’explique pas tout. L’évènement pourrait ainsi être perturbé par les nombreux appels au boycott, lancés par des mouvements de défense des droits humains dénonçant la politique de Pékin au Tibet, à Hongkong ou dans le Xinjiang, province où la minorité ouïghour fait l’objet d’une impitoyable répression d’État. La récente investiture de Joe Biden et les prises de position du nouveau président américain ont néanmoins fait s’éloigner la perspective d’un large boycott des JO chinois, la presse inféodée au Parti communiste ayant par ailleurs fait savoir que Pékin n’hésiterait pas à sanctionner « sévèrement » tout pays boycottant les olympiades.

C’est donc bien sur le front de la pandémie de coronavirus que la situation demeure la plus incertaine. Signe de la fébrilité ambiante à Pékin, la Chine, où est apparu le premier foyer de Covid-19 il y a maintenant plus d’un an, impose en effet des conditions de plus en plus drastiques aux voyageurs désireux d’entrer sur son territoire. Ceux-ci sont ainsi soumis à une stricte quarantaine de trois semaines, à laquelle s’ajoute depuis le 2 mars une période supplémentaire de quatorze jours imposée aux Chinois résidant dans certains pays, comme l’Égypte ou l’Afrique du Sud. Les autorités chinoises s’emmurant dans le silence, l’incertitude plane également sur les conditions sanitaires entourant l’accueil des athlètes et le déroulement des épreuves. Ainsi, nul ne sait encore si les Jeux se disputeront avec ou sans public, ou si les journalistes du monde entier seront autorisés à couvrir l’évènement.

Les Jeux de Tokyo sur les rails

Plus proches dans le calendrier – et donc plus éloignés de la fin théorique de la pandémie –, les Jeux d’été de Tokyo ne souffrent pourtant pas de la même incertitude qui entourent ceux de Pékin. Si les rumeurs vont bon train concernant un second report – les JO devaient initialement se dérouler l’été dernier – voire, comme celles récemment propagées par le journal britannique Times, une possible annulation des Jeux, ceux-ci devraient bel et bien se disputer du 23 juillet au 8 août. Les autorités japonaises ont ainsi fermement démenti l’éventualité d’un nouveau report et s’en tiennent désormais au calendrier prévu.

Preuve supplémentaire que les choses avancent, le comité olympique nippon vient de rendre public quatre nouveaux documents officiels détaillant les mesures de sécurité sanitaire à destination des fédérations sportives internationales, des athlètes et de leurs équipes, des journalistes et des diffuseurs médias. Avec, en priorité, une attention particulière pour le port du masque : celui-ci sera obligatoire en permanence, excepté évidemment pour les compétitions, les entrainements, les repas et le repos dans les chambres. Contrairement aux éditions précédentes des Jeux olympiques, les athlètes et leur staff sont invités à rester présent dans le pays-hôte un minimum de temps et de ne pas prolonger leur séjour. Certes, les sportifs seront autorisés à participer à des stages d’entraînement au Japon avant le début des olympiades, mais tous leurs déplacements devront être rigoureusement enregistrés et l’utilisation des transports en commun sera soumise à autorisation. En clair : pas de tourisme pour les sportifs !

Enfin, les athlètes seront testés au moins tous les quatre jours et s’ils sont positifs, ils ne pourront pas participer aux compétitions. Last but not least les autorités japonaises envisageraient désormais d’organiser les compétitions à huis clos, sans spectateurs dans les stades. Les supporters étrangers seraient donc vivement invités à rester chez eux. Une décision qui répond à un impératif économique : les infrastructures sont prêtes, diffuseurs et sponsors sont parés et dans ces conditions un nouveau report serait un manque à gagner colossal pour Tokyo, dans lequel le remboursement des 900 000 billets pèse finalement assez peu. La priorité semble être l’organisation de la compétition à tout prix. Car l’organisation des Jeux est devenue un enjeu d’image et de prestige pour le Japon : si le pays réussit à organiser ces olympiades malgré la pandémie, il marquera durablement les esprits et l’Histoire. En effet, le symbole est encore plus fort que pour des Jeux olympiques « standards » : alors les olympiades tokyoïtes de 1964 avaient illustré la renaissance du Japon après les affres de la Seconde guerre mondiale, les JO d’été 2021 devraient être placés sous le sceau de la résistance et de l’unité de l’humanité face à l’épreuve. Un message fort et inédit ! D’ailleurs, c’est un médecin, Manabu Yoneshima, qui a été choisi pour allumer la torche olympique et rendre, par ce geste, hommage à l’engagement et au sacrifice des personnels soignants du monde entier. Une charge symbolique unique et sans précédent, qui rend impossible une annulation de ces olympiades par le Japon.

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