Face à la réticence d’Airbus et de l’Etat allemand, Dassault a prévenu que la France était capable de concevoir l’avion du futur (ou NGF, New Generation Fighter) seule. Une annonce qui sonne comme une mise en garde adressée à Berlin.
Airbus trop gourmand
A l’origine, Dassault Aviation devait être le maître d’oeuvre du New Generation Fighter, mais avec l’entrée en jeu de l’Espagne (troisième actionnaire d’Airbus) l’entreprise européenne revendique maintenant les deux tiers des travaux entourant le NGF.
Dassault a accepté, prévoyant de se concentrer sur le démonstrateur de l’avion, un prototype en somme, mais là encore, Airbus a demandé que plus d’opérations se fassent en « joint », « cela veut dire qu’on travaille ensemble », explique le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier. « Là aussi, on a accepté à peu près la moitié des ‘work packages’ se fassent en ‘joint’, donc sans responsabilité et que l’autre moitié soit partagée d’une manière assez équitable entre les trois, ce qui veut dire que Dassault a encore moins de responsabilités dans les 50% restants » insiste le PDG.
Enfin, Airbus a ajouté une demande consistant « à équilibrer aussi qualitativement les ‘work package’ dits sensibles ou stratégiques. Et là, ça butte un peu », prévient monsieur Trappier.
Plan B : Trio français Dassault, Safran, Thales
Ainsi, bien que Dassault rappelle que le pronostic vital du SCAF « n’est pas engagé », son PDG a voulu se montrer ferme vis-à-vis d’Airbus et de Berlin. « On y croit encore. Mais si on n’y arrivait pas, la question du plan B se pose, a-t-il prévenu. Cette question du plan B, je n’en parlerai pas aujourd’hui. Un chef d’entreprise a toujours en tête un plan B. Il fait tout pour la réussite du plan A. Tout. Mais le jour où le plan A ne marche pas, il lui faut un plan B ».
« En termes techniques, je dois dire que Dassault sait faire des avions tout seul, on le démontre tous les jours avec le Rafale et les Falcon. Safran sait faire des moteurs d’avions de combat et Thales sait faire des radars, des contre-mesures et un certain nombre d’équipements optroniques. Donc, si on met Dassault plus Safran plus Thales et que je rajoute MBDA pour les missiles, la réponse est techniquement oui », assure Eric Trappier.