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Omerta sur le coronavirus pour la présidentielle en Iran

N’est-il pas étrange qu’aucun des candidats à la présidentielle iranienne, qu’il soit disqualifié par le Conseil des gardiens ou confirmé, n’ait abordé le covid-19 en Iran ? Aucun d’eux n’a osé parler de la pandémie, de son impact, du plan de la vaccination et de la relance économique, même lors de leur premier débat économique.

Selon un sondage mené par OXFAM auprès de 300 des plus grands économistes au monde, 87% d’eux voient que le covid-19 augmente les inégalités sociales.

Et des études iraniennes révèlent qu’environ 3,7 millions entreprises et entreprises individuelles ont été touchées par la pandémie, et entre 2,8 et 6,4 millions “d’employés actuels » ont perdu leurs emplois. Quelles sont alors les politiques des candidats pour relancer l’économie ? Et quelles mesures prévoient-ils pour sauver l’emploi ?

Les élections en Iran sont loin d’être comparables aux élections organisées par les démocraties du monde. Le Guide Suprême de l’Iran, Khamenei, se sert des élections pour revêtir le système d’un vernis démocratique devant les pays occidentaux. En réalité, elles ne servent qu’à maintenir l’équilibre au sein du gouvernement. Autrement dit, les débats autour de cette imposture électorale rassemblent les factions du régime plus que les débats sérieux qui risquent d’instaurer la division entre elles.

Lors d’une réunion intitulée “coordonner l’amélioration des performances des systèmes judiciaire et de sécurité lors des prochaines élections » tenue à Téhéran le dimanche 30 juin, le procureur général du pays, Ali Al-Qasi Mehr, a conseillé les candidats de ne pas franchir les lignes rouges du régime. Les menaces étaient explicites : “les candidats ne devraient pas dépasser les lignes rouges du système dans leurs compagnes et leurs discours. Les intérêts nationaux doivent primer sur les intérêts personnels, partisans, fractionnels et de groupes. Tout candidat qui franchit ces limites sera traité selon les textes juridiques quels que soient sa position et son statut ».

La fatwa de Khamenei interdit l’importation des vaccins réputés

Il y a quelques mois, Khamenei a publié une fatwa interdisant l’importation des vaccins en provenance de la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis. Cette fatwa renforce également les restrictions imposées aux candidats quant aux lignes rouges à ne pas franchir sur le Coronavirus et ses retombés économiques et sociales.

Khamenei a été confronté à deux soulèvements, en 2017 et en 2019. Son régime n’a contenu ce deuxième qu’en tirant à belles réelles sur les jeunes insurgés. Aujourd’hui, il craint un autre soulèvement qui pourrait lui être fatal, et essaie de l’empêcher ou de le reporter. Pour ce faire, Khamenei n’hésite pas à instrumentaliser covid-19.

Les foyers de résistance se sont répandus dans tout l’Iran après le soulèvement de 2019. Les activistes cherchent un changement radical et demandent le départ de toutes les figures de l’actuel régime, tels que Soleimani, Khamenei ou Khomeiny. C’est la raison pour laquelle Khamenei, sous pression, adopte l’attitude des bras croisés contre le Coronavirus. La pandémie lui sert d’excuse pour resserrer la vis.

Ebrahim Raisi, le prochain président choisi par Khamenei

Khamenei, via le Conseil des gardiens, a disqualifié tous les candidats pour qui pourraient s’opposer aux politiques répressives et meurtrières de Khamenei. Parmi eux, on trouve même son conseiller actuel et ex-président du Parlement Ali Larjani.

En revanche, il est de notoriété publique en Iran qu’Ebrahim Raisi est le candidat préféré de Khamenei. Aux yeux d’Amnesty International et d’autres instances internationales, cet homme est l’architecte et le principal acteur du massacre de prisonniers politiques de 1988.

Faire élire un président de ce calibre, qui mènera sans aucun doute des politiques interventionnistes opposées à l’Occident, ne peut qu’accentuer l’isolement de Khamenei dans son pays et à l’étranger. Cela aura pour effet de compliquer encore davantage les interactions de l’Iran sur le marché économique mondial. Le dilemme de Khamenei est de devoir choisir entre le pire pour lui et le pire pour le pays afin d’assurer la survie de son régime.

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