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Macky Sall veut renforcer la souveraineté du Sénégal

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Face à une explosion de la pandémie au Sénégal, le président Macky Sall veut renforcer la souveraineté sanitaire de son pays. Dernière illustration en date : l’installation d’une usine de production de vaccins contre le Covid-19 dans la ville nouvelle de Diamniadio. Le chef d’État cultive parallèlement un réseau de partenariat d’affaires qui lui permet d’assoir de plus en plus sa stature régionale et internationale.

Sa capacité à rallier les grands de ce monde aux grandes causes sénégalaises a une nouvelle fois été démontrée vendredi 9 juillet. Le Sénégal, plusieurs institutions et pays européens, et les États-Unis ont annoncé la signature d’un accord visant à financer l’installation dans ce pays ouest-africain d’une usine de production de vaccins contre le Covid-19 et d’autres maladies endémiques. « Cet accord permettra d’améliorer l’accès à des vaccins à des prix abordables en Afrique et en faciliter la production pour faire face efficacement aux pandémies », s’est félicité Amadou Hott, ministre sénégalais de l’Économie, lors de la signature de l’accord à Dakar, en présence de Macky Sall.

L’usine, qui devrait produire 25 millions de doses par mois d’ici la fin de l’année 2022, constitue un pas décisif vers l’indépendance vaccinale du pays et du continent. En Afrique, 99 % des vaccins administrés restent importés à ce jour. Pour Amadou Hott, ce projet doit permettre de « jeter les bases de la souveraineté pharmaceutique et médicale du pays et de participer à la réalisation de celle du continent ». Cet accord intervient au moment où le Sénégal fait face à une troisième vague de contaminations. Après quelques nouveaux cas quotidiens en mai et juin 2021, la courbe des contaminations est montée à plus de 1 500 cas mi-juillet. Le nombre de décès est quant à lui passé d’une poignée par jour à plusieurs dizaines.

Pour Cheikh Sokhna, directeur de recherche à l’Institut de recherche et de développement (IRD), les populations sous-estiment les risques liés à l’apparition des variants alpha et delta, plus contagieux et virulents. Or, dans ce pays qui compte près de 18 millions d’âmes, seules 715 000 personnes ont été vaccinées, et les autorités souhaitent à tout prix accélérer la cadence pour résister à la nouvelle vague.

Renforcer la souveraineté dans des secteurs stratégiques

Mais la construction de la nouvelle usine de production de vaccins contre le Covid-19 ne permet pas seulement d’apporter une réponse à cet impératif de santé publique. « L’initiative soutiendra non seulement l’autonomie de l’Afrique pour la production de vaccins vitaux, mais constituera également une pierre angulaire de l’écosystème industriel émergent en matière de santé au Sénégal », a souligné Thierry Breton, commissaire européen en charge du Marché intérieur et dirigeant la Task Force de la commission européenne sur le développement industriel de la production de vaccins.

La construction de ce pôle régional de production de vaccins s’inscrit dans le renforcement de la souveraineté sanitaire et alimentaire du pays, un objectif fixé par le président de la République et rappelé par Amadou Hott lors de la présentation du Programme de résilience économique et sociale, en mars 2020. Doté de 1 000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros), ce plan a été adopté par le Sénégal afin d’aider les populations fragiles, mais aussi les entreprises, à surmonter la crise sanitaire et économique liée à la pandémie.

« Il est important de renforcer notre souveraineté dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture, par exemple en produisant davantage de riz. Dans le cadre du plan de relance, nous avons augmenté de 50 % nos subventions et investissements pour la campagne agricole 2020-2021, en passant de 40 à 60 milliards de F CFA afin de permettre aux cultivateurs, notamment aux femmes et aux jeunes, d’acheter plus d’engrais, de semences et de matériels agricoles », a annoncé M. Hott.

Audace diplomatique et stature internationale

Concernant la souveraineté sanitaire, le ministre de l’Économie a expliqué que l’État allait investir environ 1,5 milliard d’euros afin d’assurer un meilleur accès aux infrastructures de soins. Mais l’accent que le gouvernement sénégalais met sur les questions de souveraineté est loin d’annoncer le moindre repli sur soi. Macky Sall s’attache bien au contraire à entretenir un important réseau diplomatique au bénéfice du pays.

En fin stratège, le chef de l’État œuvre depuis plusieurs années pour la montée en puissance du leadership sénégalais. La résolution de la crise gambienne et le renversement de Yaya Jammeh en 2017 font partie des succès lui ayant permis de refaçonner les relations entre le Sénégal et les pays de la région. « Macky Sall a joué un rôle déterminant dans l’engagement de la Cedeao et de la communauté internationale pour faire respecter le résultat de l’élection présidentielle et obtenir le départ de Jammeh », explique Vincent Foucher, chercheur au CNRS.

Le Libérien George Weah, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio ou encore le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló comptent également parmi ses principaux alliés. Sans oublier, au-delà du continent africain, Recep Tayyip Erdogan, Xi Jinping, Angela Merkel, Justin Trudeau et Emmanuel Macron qui n’a pas été insensible à l’audace du président sénégalais lorsque celui-ci a profité de son influence diplomatique pour lancer aux dirigeants du G20 : « Je demande à nos partenaires d’accompagner la résilience du continent africain en annulant sa dette ».

Un moratoire sur la dette en débat et qui fait son chemin…

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