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Terrorisme : en RDC, Félix Tshisekedi en appelle à la communauté internationale

Le président congolais Félix Tshisekedi a rappelé à la tribune de l’ONU le devoir d’assistance de la communauté internationale, alors que certaines régions de la RDC sont en proie à une flambée de violences de la part de l’ADF, un groupe islamiste qui a fait allégeance à Daesh. 

Un moment et un lieu symboliques. Mercredi 22 septembre, le président congolais, Félix Tshisekedi, fut le premier chef d’État africain à s’exprimer à la tribune de l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui tenait à New York son Assemblée générale annuelle du 20 au 24 septembre. C’est en sa double qualité de président de la République démocratique du Congo (RDC) et de l’Union africaine que M. Tshisekedi a tenu à évoquer la situation sécuritaire du continent, affirmant que l’Afrique refuserait « de servir de base arrière au terrorisme international ». Le dirigeant congolais a également tenu à rappeler à l’ONU son « devoir » de soutenir les États africains dans leur lutte contre le djihadisme.

Le Nord-Kivu, nouveau sanctuaire de Daesh en Afrique ?

La RDC est en effet en première ligne devant la recrudescence des actes terroristes, notamment dans l’Est de son vaste territoire. En février dernier, l’ambassadeur d’Italie dans le pays a ainsi succombé à ses blessures à l’issue d’une embuscade tendue contre son convoi dans la province du Nord-Kivu, l’une des plus dangereuses du pays. Mais ce sont surtout les exactions et massacres perpétrés dans la même région par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe islamiste qui sévit à la frontière avec l’Ouganda, qui inquiètent les autorités et les populations locales, forçant plusieurs centaines de milliers de personnes à fuir leurs villages.

Si depuis trois décennies l’activité rebelle ne faiblit pas dans cette région riche en minéraux, l’accroissement des attaques au cours de la période récente – plus de 110 attaques ont été revendiquées par l’ADF entre avril 2019 et avril 2021, faisant près de 500 victimes – semble consécutif à l’allégeance du groupe à l’organisation terroriste État islamique (EI). En recul au Moyen-Orient après sa défaite en Irak et en Syrie, le groupe terroriste chercherait ainsi à migrer vers l’Afrique subsaharienne : à la suite d’une première attaque contre les forces congolaises (FARDC) revendiquée le 18 avril 2019, Daesh a ainsi proclamé l’établissement de sa « province d’Afrique centrale » (ISCAP) à cheval sur la RDC et le Mozambique.

Depuis, l’ADF a été classé comme mouvement terroriste par les États-Unis. Ses attaques se sont multipliées et sont devenues plus systématiques, meurtrières et audacieuses, comme lorsque ses combattants sont parvenus, en octobre 2020, à faire échapper plus de mille prisonniers du centre pénitentiaire de Beni, dans le nord de la RDC. Les observateurs redoutent que l’implantation de l’EI dans la région aggrave les conflits ethniques, communautaires et religieux. Enfin, une propagation de la menace djihadiste à l’ensemble des pays voisins n’est pas à exclure si la situation continue de se dégrader. « Il est facile de voir comment la défaite de Daesh en Syrie et en Irak pourrait conduire à une situation dans laquelle ces groupes vont maintenant venir en Afrique et tirer parti de la pauvreté généralisée et de la situation de chaos », a mis en garde Félix Tshisekedi.

Félix Tshisekedi réclame une aide internationale

Autant de raisons qui poussent le président congolais à tout mettre en œuvre pour tenter d’endiguer une menace qui dépasse, de loin, les seuls intérêts et frontières de son pays. C’est pourquoi M. Tshisekedi, promettant une « riposte impitoyable jusqu’à l’éradication totale de cette violence », a annoncé, en avril dernier, l’arrivée imminente de troupes en provenance du Kenya voisin « pour appuyer nos forces armées afin d’attaquer de la manière la plus efficace qui soit ce problème de terrorisme et de violence à l’Est de notre pays ». Le président Félix Tshisekedi peut également compter sur l’aide des Émirats Arabes Unies (EAU) avec lesquels la RDC entretient une coopération bilatérale sur le volet du terrorisme. « Il s’agit d’un ennemi commun qu’il faut combattre ensemble », a résumé l’officier général des EAU à l’occasion d’un échange avec Félix Tshisekedi le 2 août dernier. Les deux alliés entendent également coopérer en matière de renseignements et les EAU contribueront dans un avenir proche à la modernisation de l’Académie de Police congolaise.

Dernier exemple en date, le président de la RDC a autorisé, le 15 août dernier, des experts anti-terroristes américains à appuyer l’armée congolaise dans sa lutte contre l’ADF, en application d’un partenariat privilégié pour la paix signé en 2019 entre les deux pays.

En Afrique centrale, les enjeux sécuritaires ne se limitent plus aux frontières des Etats, mais s’imbriquent dans des dynamiques régionales et sous-continentales. Ce n’est qu’à cette échelle que le djihadisme ne pourra être efficacement combattu, grâce à la coopération de tous les acteurs concernés, et à l’aide internationale.

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