« Grand héros » du sommet de Paris sur les économies africaines en mai 2021, où il avait été l’un des deux seuls présidents africains à s’exprimer, le Président sénégalais, Macky Sall, est en passe de réussir son pari diplomatique entamé dès 2012 : celui de replacer le Sénégal au centre de l’échiquier diplomatique.
Dans la foulée de son élection en 2012, Macky Sall avait annoncé son ambition : faire du Sénégal une nation ouverte, pivot de la diplomatie continentale. Un de ses proches collaborateurs, Alioune Badara Cissé, alors ministre des Affaires étrangères, indiquait d’ailleurs que l’objectif du nouveau président était de « casser l’enfermement dans lequel (les) avait menés Wade, restaurer le leadership du Sénégal sur le continent en menant une diplomatie de consensus, et renouer avec (leurs) alliés traditionnels que sont le Maroc, la Mauritanie et la Gambie ».
Il faut bien avouer que le Président sénégalais, surnommé désormais « l’ami de tous les pays », semble avoir réussi son pari. Preuve en est, la montée en puissance du Forum de Dakar sous sa présidence.
Le Forum de Dakar, un rendez-vous pour la diplomatie africaine… et européenne
Le Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, dont c’est déjà la septième édition, est devenu au fil des années un rendez-vous incontournable. La prochaine édition, qui se déroulera les 6 et 7 décembre 2021, sera l’occasion, pour tout ce que le continent compte d’experts et de diplomates, de discuter des « enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post covid-19 ».
Le panel des invités témoigne de l’importance prise par ce Forum et, par ricochet, par le Sénégal, au niveau régional, continental et international : seront présents des dirigeants de très haut niveau dont, entre autres, Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, Peter Maurer, Président du Comité international de la Croix-Rouge ou encore Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud (invité d’honneur de cette édition), Mohamed Bazoum, Président de la République du Niger, Umaro Sissoco Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau et Charles Michel, Président du Conseil européen. Seront également présents 8 ministres des Affaires étrangères en activité (dont Jean-Yves le Drian), Florence Parly, la ministre française des Armées et un grand nombre de représentants des centres de recherche et des institutions internationales.
Les organisateurs ont séparé les réflexions en deux « blocs ». Le premier devrait permettre aux acteurs du continent de dresser un bilan post covid, tandis que le deuxième sera l’occasion pour eux de discuter des solutions aux problèmes sécuritaires, sanitaires et financiers de l’Afrique.
Une édition qui fera date
Dans la foulée de ce forum, hasard du calendrier, Macky Sall prendra la tête de l’Union africaine en février prochain pour la période 2022-2023. L’occasion pour lui de continuer à fédérer l’Afrique derrière le Sénégal ? Selon toute vraisemblance. En effet, dans le même temps, la France, grand ami du Sénégal, prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, dès le 1er janvier 2022, ce qui devrait permettre à Macky Sall de plaider avec un allié pour une rediscussion de la dette des pays africains qu’il avait déjà évoquée en mai dernier dans la capitale française.
Pour rappel, au dernier Sommet de Paris en mai 2021, la France avait annoncé l’annulation d’une partie de la dette du Soudan à hauteur de 5 milliards d’euros, au moment même où le Président sénégalais prenait la parole pour plaider pour une annulation globale de la dette africaine. Parallèlement, la « doctrine » du quai d’Orsay a également connu des évolutions sensibles ces derniers temps, qui se manifestent notamment par sa volonté de ne plus financer ses partenaires africains par le crédit, mais par l’aide au développement via le don notamment.
Les planètes pourraient donc s’aligner pour Macky Sall, qui pourra compter sur la France pour promouvoir un nouveau système de coopération.