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Iran/Europe : des pourparlers nucléaires tendus

Avec le démantèlement des installations nucléaires iraniennes, la France et l’Europe doivent se tenir aux côtés du peuple iranien, qui paie le prix de la nucléarisation du régime dans une pauvreté sans précédent depuis 40 ans. La France et l’Europe trouveront ainsi un très bon partenaire commercial et culturel.

L’Iran entretient des relations amicales avec la France depuis le Moyen Âge. Le premier traité de l’ère moderne entre l’Iran et la France a été conclu le 11 mai 1928. Outre l’échange de représentants politiques et consulaires, il stipulait que les deux pays devaient traiter les citoyens de l’autre pays sur leur propre territoire, conformément aux normes publiques internationales et comme leurs propres citoyens. C’est ce que la théocratie iranienne n’a pas fait ces dernières années aux citoyens français ou binationaux pour obtenir des concessions politiques. Le traitement réservé à Fariba Adelkhah et Roland Marshall, chercheurs franco-iraniens, en est la preuve.

Tant sous la dictature du chah que sous la dictature religieuse, les Iraniens ont toujours considéré la France comme une terre des droits humains et de la défense des victimes. Mais ces dernières années, cette image semble s’être estompée. La politique européenne de complaisance a permis au régime iranien de sécuriser le territoire européen pour ses terroristes afin d’éliminer l’opposition iranienne. Le complot terroriste de Villepinte visant à éliminer la dirigeante de l’opposition iranienne, Maryam Radjavi, et des milliers de personnalités politiques de divers pays lors de la réunion annuelle de l’opposition iranienne en 2018, en est la preuve.

Après une mascarade électorale, la « sélection » d’Ebrahim Raïssi à la présidence de l’Iran qui, selon les Nations unies et Amnesty International, a été impliqué dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, montre bien que le régime iranien bénéficie de cette immunité générée par la politique de complaisance. Un certain nombre de ses ministres figurent sur la liste des sanctions de l’UE et USA.

L’arrivée d’Ebrahim Raïssi et de son gouvernement, dont la plupart ont été ministres d’Ahmadinejad, l’ancien président iranien, et affichent un long passé de répression, n’a pas d’autre message que la poursuite de la répression à l’intérieur et du terrorisme et du bellicisme à l’extérieur de l’Iran.

Ebrahim Raïssi n’est certainement pas venu pour défendre les droits des femmes et empêcher l’exécution des mineurs. De nombreuses personnes arrêtées lors du soulèvement de 2019 ont été soit exécutées, soit soumises à des tortures pendant son mandat à la tête du pouvoir judiciaire.

La politique de complaisance a enhardi le régime iranien qui se livre à diverses formes de chantage. Y compris lors des récents pourparlers nucléaires, la théocratie iranienne a menacé d’enrichir l’uranium à 60% et d’abaisser le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi permettant de fabriquer une arme atomique. En voulant repoussant la date des pourparlers sous prétexte de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, Téhéran veut simplement contraindre l’Europe et les États-Unis à renoncer à prolonger le JCOPA et à limiter l’influence régionale et le programme de missiles de l’Iran. Ce dernier veut tout au plus les soumettre au même accord que 2015 qui a permis au régime à la fois de vendre du pétrole et de continuer à développer son programme de missiles, ainsi que d’étendre ses réseaux de milices dans toute la région et au-delà.

Le régime iranien est actuellement confronté à une crise de légitimité. Les deux soulèvements de janvier 2018 et de novembre 2019, fondés sur la pauvreté et les prix élevés, ont ébranlé le régime. Ce n’est qu’en tuant 1 500 jeunes insurgés qu’il a pu contenir le soulèvement de 2019. Et après cela, d’autres soulèvements ont eu lieu, comme celui du Baloutchistan et du Khouzistan. Toute manifestation, même avec les revendications salariales, se transforme rapidement en manifestation politique et en slogans anti-gouvernementaux. 80 % de la population se trouve sous le seuil de pauvreté. Certains n’ont même pas de pain à manger pour se nourrir. Dans cette situation explosive, Khamenei est la seule option d’Ebrahim Raïssi pour pouvoir contrôler les vagues rugissantes qui frappent le navire de la République islamique et le coulent.

Pour endiguer ces vagues, Khamenei a émis une fatwa interdisant l’importation de vaccins valides de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. Son objectif était de répandre le désespoir et la désolation face à la tuerie de masse décime la population, empêchant ainsi la société d’évoluer vers un nouveau soulèvement. Mais le Guide suprême semble avoir échoué dans cette stratégie. Sinon pourquoi installer à la présidence un homme comme Ebrahim Raïssi au passé aussi sanglant ?

Le régime iranien a également pris en otage l’économie du pays avec l’ambition de produire des armes nucléaires, qu’il considère comme une garantie de sa survie. Dans le même temps, il menace la sécurité de l’Europe et du monde. Le chef d’un institut de recherche stratégique en Iran sous l’ancien président Khatami a déclaré que le régime iranien finira par céder, tout comme il a fini par accepter le cessez-le-feu entre l’Iran et l’Irak et la libération des otages américains.

Cette fois, en mettant fin à la politique de complaisance et de pression internationale, il se pliera à l’accord de 2021, sachant que cela entrainera la fin de son influence régionale, de ses programmes de missiles et nucléaire et mettra un point final aux prises d’otages et au chantage.

Ainsi, la France reviendra aux côtés du peuple iranien, qui un partenaire fiable dans les échanges commerciaux et culturels, au contraire des intégristes au pouvoir en Iran.

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