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En Guyane, un système énergétique en pleine mutation

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Dans le cadre de ses objectifs de neutralité carbone et de l’accroissement de sa population, la Guyane revoit son système électrique. D’ici 2024, une centrale 100 % renouvelable et pilotable remplacera la centrale au fioul de Dégrad-des-Cannes.

En mars 2016, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) s’est rendue en Guyane afin de dresser l’état des lieux du système énergétique de cette région d’outre-mer unique. Contrairement aux autres « zones non interconnectées » (ZNI) comme la Corse, la Martinique ou la Guadeloupe, la Guyane est dite « continentale », c’est-à-dire qu’elle possède des frontières terrestres (avec le Brésil et le Suriname). Il n’en reste pas moins que la plus grande région de France – elle représente plus de 15 % de la surface métropolitaine – n’est pas raccordée à un réseau électrique continental. 

Électricité décarbonée

Le système énergétique guyanais répond à ses spécificités territoriales propres. Tandis que la population est majoritairement concentrée sur le littoral atlantique, l’intérieur est, quant à lui, recouvert par la forêt équatoriale primaire à 95 %, et le climat y est équatorial (pluies abondantes et irrégulières tout au long de l’année). Les précipitations et l’importance du barrage hydraulique de Petit-Saut (115 mégawatts, entre Sinnamary et Saint-Elie) permettent à la Guyane d’être la seule ZNI où la part des énergies renouvelables (EnR) dépasse 50 % dans le mix énergétique.

Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), il existe, eu égard aux spécificités territoriales de la Guyane, deux « schémas électriques » distincts. Un réseau littoral, qui produit 60 % de l’électricité consommée en Guyane et une succession de réseaux locaux qui fournissent les populations vivant dans de petites communes isolées qui ne sont pas desservies en électricité. Il en résulte, selon l’ADEME, des « disparités » et une « fragilité ». 

Alors que le territoire bénéficie d’une croissance démographique soutenue et que les besoins en électricité augmentent, c’est tout le système électrique de la collectivité qui doit aujourd’hui être repensé. Les autorités doivent aussi anticiper l’arrêt de la centrale au fioul lourd de Degrad-des-Cannes en 2023, tout en inscrivant la Guyane dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la stratégie outre-mer 5.0, qui visent à décarboner la production d’électricité. 

Transition écologique

D’où le choix effectué par le gouvernement, de concert avec le président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, de compenser la fermeture de la centrale thermique fossile de Dégrad-des-Cannes par la centrale  renouvelable du Larivot, alimentée à 100 % en biomasse liquide – un biocarburant 100% renouvelable et biodégradable. Un projet qui permettra, selon la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, de réduire « considérablement les émissions de gaz à effet de serre », et d’améliorer significativement la qualité de l’air L’approvisionnement électrique de la région, également, se verra sécurisé pour permettre aux habitants de bénéficier d’une alimentation au quotidien. 

Raison pour laquelle, notamment, la préfecture de Guyane appuie fortement le projet, « essentiel à la sécurité de l’approvisionnement en électricité […] en raison du vieillissement de la centrale thermique existante », selon l’État. La centrale du Larivot, selon la préfecture, permettra « d’assurer en tout temps la fourniture d’électricité aux usagers de Guyane »

Elle fournira 120 MW en puissance garantie au système électrique du littoral. Tout en minimisant son impact environnemental et industriel, la biomasse liquide n’étant pas classée Seveso. EDF PEI, porteur du projet, souligne que les installations mobilisent un espace foncier réduit – à puissance équivalente et énergie garantie, la centrale du Larivot s’étendra sur une zone 80 fois moins importante qu’une centrale photovoltaïque avec stockage. Une emprise foncière limitée adaptée aux enjeux géographiques de la Guyane où les terrains à vocation industrielle sont très rares. 

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