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Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile

Ibrahim Raissi

L’agence de presse Tasnim, proche de la force terroriste Quds, a rapporté le 11 mai 2022, citant le ministère du Renseignement iranien, que deux citoyens Européens avaient été arrêtés. Le ministère a déclaré ’que ces derniers tentaient de réprimer les troubles sociaux et la déstabilisation dans le pays. Un jour après l’annonce de la nouvelle, les deux Européens se sont révélés être des ressortissants français qui s’étaient rendus en vacances en Iran et devaient rentrer chez eux plus tôt cette semaine.

L’apparente prise d’otage est survenue alors que le chef de la politique étrangère de l’UE, Enrique Moura, était en Iran pour négocier une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Iran.

Le recours à la prise d’otages pour les échanger avec certains des éléments terroristes les plus dangereux du régime des mollahs, qui sont emprisonnés dans d’autres, pays fait partie des objectifs de cette opération. Il s’agit de chantage et de faire pression sur ces pays.

Pour bien comprendre cette cette prise d’otages, il faut la lier à couverture médiatique de l’exécution imminente d’Ahmad Reza Jalali, un médecin suédo-iranien emprisonné en Iran. Cela s’est produit durant le dernier jour du procès en Suède de Hamid Noury, l’un des auteurs du massacre de 30 000 prisonniers politiques iraniens en 1988. A cela on peut ajouter le verdict ferme de la cour d’appel belge le 10 mai 2022 contre un diplomate terroriste du régime iranien, Assadollah Assadi, et de trois de ses complices pour une tentative déjouée de faire exploser une bombe dans un rassemblement pacifique mené par Maryam Radjavi en 2018 à Villepinte, dans la banlieue parisienne.

Ce recours à la prise d’otage est, pour ceux qui l’ignoreraient encore, est une méthode de chantage, d’extorsion et de pression sur les pays occidentaux pour obtenir des concessions. Elle garantit également au régime sa survie. Mohammad Ali Jaafari, l’ancien commandant des Gardiens de la révolution, dans son discours du 4 novembre 2009 sur la prise d’otage de diplomates à l’ambassade des Etats-Unis, a explicitement reconnu que celle-ci était planifiée. De plus, Ali Khamenei était l’une des plus hautes autorités, qui était tout à fait d’accord avec cela. Il affirme également que sans les otages, le régime serait tombé dans les dix premières années. « Seuls quelques-uns de nos dirigeants et un nombre limité de nos dirigeants révolutionnaires, y compris le Guide suprême (Khamenei), étaient fermement en faveur de ce mouvement révolutionnaire’’, a-t-il déclaré. Dans le même discours, il a également dit :  » Si tel était le cas, sans la crise des otages, notre révolution n’aurait pas eu quarante ans, et dans la toute première décennie de la révolution, la révolution aurait pris fin. »

Obéir au chantage de ce régime renforcera sa pratique de prises d’otages. Nourrir le crocodile le rend plus gourmand. Le régime religieux n’avait jamais renoncé à ce sale mais lucratif business depuis quarante ans.

Le gouvernement des mollahs fait actuellement face à une vague de protestations contre l’inflation à travers l’Iran. Khamenei a opté pour l’islamisme, c’est-à-dire le terrorisme et la construction de bombes et de missiles, au lieu de servir les intérêts du peuple. Il est plus conscient que quiconque de la corruption de son régime, c’est pourquoi il a fait appel à l’actuel président Ibrahim Raissi, qui a massacré 30 000 prisonniers politiques, pour endiguer les vagues de protestations populaires.

Pour certains politologues iraniens, l’arrivée d’Ibrahim Raissi est un indicateur d’un changement démocratique imminent en Iran.

Par conséquent, il ne faut pas demander à la théocratie iranienne, qui n’adhère à aucune norme internationale, si elle a une ligne rouge pour les actes terroristes en dehors de l’Iran, mais il faut demander à ceux qui sont restés silencieux et passifs envers ce régime ; « Où est votre ligne rouge ? »

L’histoire de l’Allemagne et des autres nations européennes n’a-t-elle pas suffisamment appris au monde le prix élevé et sanglant que l’humanité a dû payer pour apaiser le fascisme ?

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que son auteur et ne sauraient refléter la position de la Revue Internationale

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