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La gauche triomphe en Colombie

Gustavo PetroGustavo Petro

Dimanche 19 juin, le candidat de gauche Gustavo Petro, un économiste de 62 ans et ancien guérilléro, s’est imposé au second tour de l’élection présidentielle colombienne. Il s’agit du premier président de gauche, qui sera secondé dans sa tâche par une femme noire, la nouvelle vice-présidente Francia Márquez.

Opposant populiste et grossier

Gustavo Petro a remporté la victoire dimanche face au candidat de la Ligue des dirigeants anti-corruption, le très populiste Rodolfo Hernández. A ses côtés de 2013 à 2015, son ancienne conseillère Ruby Morales le décrit comme « un homme jovial, enjoué, comme un grand-père sympa », à qui la politique a fait perdre la tête. « Quand il a obtenu un pouvoir politique en plus du pouvoir économique, cela l’a submergé et il est devenu narcissique, abusif, et même tyrannique », explique-t-elle.

La présidence de Rodolfo Hernández serait « désastreuse pour le pays », assure madame Morales, affirmant qu’« il a des exigences intempestives qui lui viennent de son expérience dans le secteur privé, selon lesquelles ce qui doit être fait se fait à n’importe quel prix »« Je me nettoie le c… avec la loi », lui aurait rétorqué Rodolfo Hernández lorsqu’elle s’opposait à certaines de ses décisions illégales. 

Plus récemment, le candidat de la Ligue des dirigeants anti-corruption a même osé qualifier Adolf Hitler de « grand penseur allemand », avant de pousser plus loin le vice, arguant qu’il s’agissait d’un lapsus, et qu’il voulait en fait parler d’Albert Einstein. Et en sexiste reconnu, Rodolfo Hernández ne manque bien sûr pas de sorties sur les femmes. J’accepterai le soutien de « la Sainte Vierge et de toutes les prostituées qui vivent dans le même quartier ! », a-t-il lancé lors de sa campagne. 

« Un gouvernement du peuple »

« Nous écrivons l’histoire en ce moment, une histoire neuve pour la Colombie, pour l’Amérique latine, pour le monde, a scandé Gustavo Petro dimanche soir. Nous nous engageons à un changement véritable, un changement réel. Le changement consiste à laisser la haine et le sectarisme derrière nous. Le changement signifie la bienvenue à l’espérance, la possibilité d’un futur meilleur dans tous les coins du territoire ».

« Après 214 ans, nous avons obtenu un gouvernement du peuple, un gouvernement populaire, un gouvernement du peuple aux mains calleuses, le gouvernement des gens ordinaires, de celles et ceux qui ne sont rien », s’est pour sa part réjouie la future vice-présidente Francia Márquez (comme le président, celle-ci entrera en fonction le 7 août prochain). 

Francia Márquez « soulève un immense enthousiasme, surtout auprès de la jeunesse des villes, qui voit en elle un réel renouveau de la politique, une femme appartenant aux minorités et ayant un fort ancrage local », précise la docteure en sociologie Olga L. Gonzalez.

Un président ouvert 

« L’opposition, quelle qu’elle soit, sera toujours la bienvenue à la présidence pour dialoguer sur le futur de la Colombie, a promis Gustavo Petro dimanche. Il n’y aura que le respect et le dialogue, c’est ainsi que nous pourrons construire le grand accord national et la paix intégrale ». Ne disposant pas de la majorité au Parlement, le nouveau président devra toutefois construire des alliances. Nous obtiendrons « un grand accord national » en nous basant sur « des dialogues régionaux contraignants », a-t-il annoncé.

L’élection a immédiatement été saluée par les Etat-Unis, qui espèrent conserver de bons liens avec la nouvelle administration colombienne. Nous sommes « impatients de travailler avec le président élu Petro pour renforcer davantage les relations entre les États-Unis et la Colombie et faire avancer nos deux nations vers un avenir meilleur », a déclaré le chef de la diplomatie des États-Unis, Antony Blinken.

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