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Iran : la prise d’otages au service du terrorisme

Un projet de loi adressé au parlement belge dans lequel il est recommandé de permettre aux prisonniers iraniens en Belgique et aux prisonniers belges en Iran de purger leurs peines de prison dans leurs pays respectifs, doit être voté ce jeudi 7 juillet 2022. Ce projet de loi est la conclusion d’un contrat signé en mars dernier à Bruxelles entre un fonctionnaire du ministère belge de la Justice et l’ambassadeur du régime iranien en Belgique. Si l’on peut considérer qu’il est préférable pour un ressortissant emprisonné de purger sa peine dans son propre pays, il est évident que l’objectif de ce projet de loi, du point de vue de l’Iran, est la libération de leur ancien diplomate Assadollah Assadi et de ses trois complices, condamnés à de longues peines d’emprisonnement pour des actes terroristes.

Rappel des faits

Assadollah Assadi et ses complices ont été jugés en Belgique en 2021 pour avoir tenté de mener un attentat lors d’un rassemblement massif de partisans de l’opposition iranienne à Villepinte, près de Paris, fin juin 2018. L’objectif de l’opération est sans équivoque ; assassiner la dirigeante de l’opposition iranienne, Maryam Radjavi, ses nombreux soutiens internationaux et provoquer un choc traumatique aux dizaines de milliers de personnes assistant au rassemblement.

Selon le verdict du tribunal d’Anvers, Assadi était l’un des hauts fonctionnaires du ministère du Renseignement et de la Sécurité du régime iranien. Il utilisait sa couverture diplomatique à l’ambassade d’Iran à Vienne pour planifier un attentat terroriste qui aurait pu créer un désastre aux conséquences catastrophiques sur le plan humain.

Les preuves dévoilées par le parquet belge montrent qu’Assadi a transporté une bombe TATP de 550 grammes dans sa valise diplomatique sur un vol commercial de Téhéran à Vienne et l’a remise à deux de ses complices avec une enveloppe contenant 22 000 euros ainsi que toutes les instructions nécessaires pour préparer et faire exploser l’engin. Le troisième co-conspirateur était parvenu à se faire embaucher en tant que vigile le jour du rassemblement de Villepinte.

Un terrorisme d’état

Compte tenu des fonctions occupées par le diplomate, il ne fait aucun doute que le plan terroriste d’Assadi est le résultat de complicités de haut niveau et d’une chaîne de décision remontant, outre le ministre des affaires étrangères Javad Zarif, aux plus hautes dignités du pays, à savoir le président Hassan Rohani et le guide suprême Ali Khameneï en personne. On comprend dès lors mieux l’acharnement de Téhéran à vouloir libérer son diplomate.

Depuis quarante-trois ans et la prise pouvoir des mollahs en Iran, il ne se passe pas une année sans qu’une histoire de terrorisme ou de prise d’otages mêlant l’Iran n’éclate. Le fait est que le recours à la prise d’otages est un réel outil diplomatique permettant l’échange avec certains des éléments terroristes les plus dangereux du régime emprisonnés dans des pays tiers. Dans les faits, ces prises d’otages sont anticipées et sont le résultat de calculs cyniques.

Les confessions d’Anis Naqash

Le célèbre terroriste, Anis Naqash, l’un des mercenaires libanais du régime des mollahs resté 10 ans dans les prisons françaises pour meurtre et assassinat, expose la méthode bien connue du régime iranien pour libérer les terroristes en utilisant l’outil de la prise d’otage :

« … J’étais dans une prison française et on menait des opérations à Beyrouth. Quatre otages français ont été pris au Liban… Un jour, quelqu’un du ministère français des Affaires étrangères est venu vers moi… J’ai dit : « Que voulez-vous ? » Il a dit, je ne sais pas si nos otages sont vivants ou morts… J’ai dit oui, bien sûr, sous certaines conditions… La première clause est qu’un million de dollars doit être restitué à l’Iran. Il a dit d’accord. Ensuite, expulsez Massoud Radjavi[i] de France… »[ii]

Loin d’être une opportunité, l’échange de condamnés est une arme diplomatique, parfois fourbie depuis des mois. Obéir au chantage de ce régime ne fera que renforcer sa pratique de prises d’otages, le pouvoir théocratique restant impuni malgré ses nombreuses exactions. A aucun moment, le régime religieux n’a renoncé à ce lucratif business dans les quarante dernières années.

La dirigeante de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi, souligne avec raison que si « le projet de loi est adopté, le fascisme religieux au pouvoir en Iran sera bien plus agressif dans ses actes terroristes en Europe [et que] personne en Europe ne connaitra de sécurité et d’immunité contre les assassins au pouvoir en Iran ».Compte tenu des évènements passés et de la répétition des mêmes schémas depuis 40 ans, il est difficile de lui donner tort.


[i] Dirigeant de la résistance iranienne

[ii] Télévision gouvernementale, Ofoq Network, émission Jahan-Ara – 11 février 2017

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