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L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

Suite à l’attentat perpétré sur le pont de Crimée samedi matin ayant causé la mort de trois personnes et l’effondrement partiel de la structure, Vladimir Poutine a convoqué lundi 10 octobre un conseil de sécurité pour déterminer comment répondre à ce qu’il qualifie lui-même d’« acte terroriste ». 

Revers pour Vladimir Poutine

« Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens », a accusé le président russe lors d’une réunion avec le chef du Comité d’enquête russe, Alexandre Bastrykine, diffusée à la télévision. « Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d’importance critique », a-t-il ajouté.

Mais quels que soient les auteurs de l’attaque, celle-ci représente un revers de taille pour Vladimir Poutine, pour qui le pont était le symbole de la toute-puissance. Le camouflet est d’autant plus grand que l’édifice fait l’objet d’une surveillance et d’une protection accrue, de par son importance symbolique mais surtout stratégique (le pont de Crimée joue un rôle majeur dans le ravitaillement des troupes russes engagées dans le sud de l’Ukraine, notamment dans la région de Kherson, où les forces de Kiev conduisent actuellement une importante contre-offensive). Pour assurer sa protection, le pont peut en effet compter sur des moyens navals (mines, sous-marins, plongeurs, dauphins militaires) et aériens (hélicoptères, avions, défense antimissile) importants, qui auront toutefois été insuffisant pour contrer cette attaque au camion piégé (thèse pour l’heure privilégiée par les autorités russes).

Selon monsieur Bastrykine, le camion piégé appartiendrait à un habitant de la région de Krasnodar, une ville située dans l’est de la Russie. Et, selon les services de renseignement russe, le véhicule aurait parcouru un long trajet avant d’arriver sur le pont, passant par la Bulgarie, la Géorgie, l’Arménie, la région russe d’Ossétie du Nord et enfin celle de Krasnodar. Plusieurs « personnes ayant participé à l’organisation du déplacement de ce camion » ont été identifiées par les enquêteurs, a également fait savoir le chef du Comité d’enquête.

Risque de représailles ?

Dans la nuit de samedi à dimanche, les forces russes ont répondu à l’attentat en bombardant une nouvelle fois la ville de Zaporijjia, faisant aux dernières nouvelles dix-sept morts et une centaine de blessés, tous civils. « Aucun sens. Le mal absolu. Des terroristes et des sauvages. Depuis celui qui a donné cet ordre jusqu’à celui qui l’a exécuté. Tous ont une responsabilité », avait immédiatement déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram. 

Ces attaques étant déjà particulièrement atroces, personne n’imagine pour l’heure ce que Vladimir Poutine pourrait faire de plus. Probablement rien, comme l’explique l’analyste politique Abbas Galliamov. « Bombarder le centre de Kiev ? Cela ne changera rien. La Russie bombarde des villes ukrainiennes toutes les nuits. Utiliser des armes nucléaires ? Ce serait clairement une réponse inadéquate. Il est impossible de faire passer l’explosion du pont pour une menace existentielle ».

D’ailleurs, Kiev ne compte pas donner les moyens à Vladimir Poutine d’utiliser l’arme nucléaire, comme l’a récemment rappelé Volodymyr Zelensky : « Nous n’irons pas plus loin que nos frontières, ce qui arrivera à Poutine ne nous regarde pas, laissons les Russes s’en occuper … »

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