Une explosion survenue samedi au petit matin a causé d’importants dégâts sur le pont de Kertch, l’édifice reliant le territoire russe à la Crimée annexée via le détroit de Kertch. Une partie des voies routières s’est effondrée, et l’ensemble du pont, par ailleurs symbole de la soi-disant puissance de la Russie, est grandement fragilisé.
Plusieurs voies touchées
Selon les autorités locales, et notamment le comité d’enquête russe, l’incendie qui a ravagé le pont a eu lieu après « l’explosion d’un camion », qui a elle-même provoqué l’incendie de sept wagons-citernes d’essence, qui a finalement entraîné l’effondrement des voies routières. « Deux voies routières se sont effondrées partiellement », relate le Comité antiterroriste, précisant tout de même que l’arche qui supporte le pont n’avait pas été touchée. Le comité d’enquête russe a également annoncé que trois morts avaient pour l’heure été recensés, et qu’« une enquête criminelle en rapport avec l’incident sur le pont de Crimée » avait été ouverte.
Côté ukrainien, les autorités mentionnent une explosion survenue vers 6h samedi matin sur l’une des voies routières, qui aurait un incendie laissant échapper une « gigantesque colonne de fumée ». D’après le quotidien britannique The Guardian, l’incendie aurait également causé des dégâts sur la voie ferroviaire, une partie entière du pont s’étant détachée avant de chuter dans la mer.
Accusations russes
Le président russe Vladimir Poutine a immédiatement ordonné la formation d’une commission gouvernementale pour établir les faits. Les Ukrainiens ne sont donc pas directement pointés du doigt, mais quelques responsables russes les accusent à demi-mot.
« La réaction du régime de Kiev sur l’endommagement d’une infrastructure civile démontre sa nature terroriste », estime par exemple la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, tandis que le chef de l’assemblée de Crimée, Vladimir Konstantinov, parle lui d’un coup «des vandales ukrainiens ».
Pas de revendication ukrainienne
Bien que Kiev n’ait pour le moment pas revendiqué l’explosion, de nombreux responsables ukrainiens se félicitent de l’incident. « C’est le commencement. Tout ce qui a été construit illégalement doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être rendu à l’Ukraine » a par exemple tweeté le conseiller de Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podoliak. « Ce pont est une structure illégale et l’Ukraine n’a pas donné sa permission pour sa construction. Il porte préjudice à l’écologie de la péninsule et doit donc être démantelé. Peu importe comment : volontairement ou non », suggérait-il d’ailleurs en août dernier.
Et monsieur Podoliak n’a pas été le seul à faire de telles insinuations. « Si nous avions eu l’opportunité de le faire, nous l’aurions déjà fait. S’il y a une opportunité de le faire, nous le ferons certainement », prévenait notamment Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité national et de défense, en avril dernier.
Mais coupables ou non, les Ukrainiens se délectent de l’incident. La poste ukrainienne va par exemple imprimer de nouveaux timbres représentant le « pont de Crimée, ou, plus exactement, ce qu’il en reste ».