Haut-lieu du tourisme, la ville de Tombouctou souffre de la présence de groupes armés, dont des djihadistes, qui contrôlent la ville au Nord du Mali, depuis le 1er avril. Le Mali, qui a perdu sept de ses seize mausolées ce week-end, dénonce un « crime de guerre » et en appelle à l’ONU pour protéger ses sites religieux.
[image:1,l]Située à environ 1 000 km au nord de Bamako, la ville de Tombouctou, a été inscrite jeudi 28 juin sur la liste du patrimoine mondial en péril par l’Unesco, à la demande du gouvernement malien.
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou depuis trois mois ont démoli sept des seize mausolées de saints musulmans de la ville ce week-end. Ils ont poursuivi cette destruction de biens religieux en brisant la porte sacrée d’une mosquée du XVe siècle, censée porter malheur en cas d’ouverture.
« Les islamistes viennent de détruire l’entrée de la mosquée Sidi Yayia de Tombouctou, ils ont arraché la porte sacrée qu’on n’ouvrait jamais », a affirmé un témoin.
Sept des seize mausolées détruits à Tombouctou
Les mausolées sont considérés comme des « composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers », rappelle l’Unesco. Trois mausolées de saints de la ville ont été détruits samedi 30 juin par les islamistes. « Une équipe d’une trentaine de combattants se sont dirigés vers le mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qu’ils ont encerclé », a expliqué un témoin.
« Certains avaient des armes. Ils n’ont pas tiré. Alors, ils ont commencé par crier : « Allah akbar !, Allah akbar ! » (« Dieu est grand ! Dieu est grand ! ») et avec des pioches et des houes, ils ont commencé par casser le mausolée. Quand un grand bloc du mausolée est tombé sur la tombe, ils ont commencé par crier encore « Allah Akbar ! » et après, ils sont allés vers un autre mausolée », a expliqué l’homme.
Dimanche 1er juillet, le groupe armé a continué la destruction de biens religieux en s’attaquant aux mausolées de Cheikh el-Kébir, situés dans l’enceinte du cimetière de Djingareyber.
Un crime de guerre
Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré dimanche 1er juillet à Dakar que la destruction des sites religieux à Tombouctou pouvait être considérée comme un « crime de guerre ». « Mon message à ceux qui sont impliqués dans cet acte criminel est clair : arrêtez la destruction de biens religieux maintenant. C’est un crime de guerre pour lequel mes services sont pleinement autorisés à enquêter », a déclaré Mme Bensouda.
L’Association des leaders religieux du Mali a également condamné « le crime de Tombouctou » : « Même le prophète (Mahomet) lui-même allait visiter les tombes et les mausolées. C’est de l’intolérance », a déclaré l’association dans un communiqué.
La destruction des sites religieux à Tombouctou par les islamistes renvoie à la démolition d’autres biens du patrimoine mondial, comme les Bouddhas de Bamyan, en Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et Al-Qaïda.