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Kidnappings : la nouvelle terreur des oligarques

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En Russie, un nouveau fléau touche le milieu des affaires et du show-business : le rapt d’enfants. Depuis le début de l’année les services moscovites ont enregistré une exponentielle recrudescence des enlèvements d’enfants de personnalités en vue…

 

Par un froid matin de mars, la jeune Viktoria Teslyuk, 16 ans, quitte sa maison de la banlieue de Moscou pour se rendre à son cours particulier de mathématiques… C’est la dernière fois qu’on la verra vivante. Plusieurs semaines plus tard, le corps de la jeune fille sera retrouvé criblé de coups de couteau. En temps normal cette affaire serait traitée au même titre que les centaines de meurtres qui se produisent à Moscou chaque année. Ce ne fut pas le cas pour une raison simple : la jeune Viktoria était la fille de Robert Teslyuk, un des principaux dirigeant de Lukoil, la plus importante compagnie pétrolière russe. Et sa disparition suivie de son assassinat s’inscrit malheureusement dans une série d’enlèvements d’enfants de personnalités influentes.

La disparition de Viktoria est intervenue pratiquement au même moment qu’un autre cas de kidnapping dans le milieu des affaires, celui d’Ivan Kapersky, fils du créateur de Kapersky Lab (une entreprise d’informatique spécialisée dans la création de logiciels).

 

Kidnappeurs improvisés

 

Quelques jours après son rapt, les tortionnaires du jeune homme ont demandé une rançon de 3 millions d’euros à sa famille. Lorsque la nouvelle a été relayée par la presse russe, les journalistes ont reçu l’information volontairement erronée que la somme avait déjà été payée aux ravisseurs car la police espéraient les pousser à la faute. Heureusement pour la jeune victime, ce stratagème s’avéra payant puisqu’Ivan fut retrouvé quelques heures plus tard lors d’un raid des forces de polices sur un petit sauna du village de Sergeyev Posad, en bordure de Moscou.

Cinq personnes furent interpelées à cette occasion : un couple d’une soixantaine d’années, leur fils et deux de ses amis. Ces individus qui n’avaient, c’est le moins que l’on puisse dire, pas le profil de criminels de haut vol, espéraient grâce à la rançon, régler les dettes du foyer et améliorer leur quotidien.

Selon les enquêteurs, l’idée du kidnapping aurait germé dans la tête des malfaiteurs après avoir appris à la télévision quelques jours plus tôt que le père de la victime était un des hommes les plus riches de Russie.

 

Un phénomène de société inquiétant

 

Depuis ces événements qui ont fortement secoué l’opinion publique russe, il semble que les riches parents se préoccupent d’avantage de la sécurité de leur progéniture.

Yulia Ponomaryoya, vice-présidente de l’entreprise privée de sécurité Alpha-Inform, indique que depuis ces deux faits divers elle doit faire face à une très forte augmentation de la demande, et que plus de 80 % de son chiffre d’affaires est désormais lié à la protection de ces « enfants VIP ».

Selon elle, ce phénomène d’enlèvements d’enfants est très préoccupant bien qu’on ne puisse « pas parler d’une véritable vague de crimes telle que celle que la Russie a connue dans les années 1990 ». À l’époque il ne se passait pas un jour sans que les médias russes ne se fassent l’écho d’une nouvelle affaire d’enlèvement, généralement liée à la mafia. Aujourd’hui – et c’est précisément ce qui inquiète les autorités –, il ne s’agit généralement pas de truands expérimentés liés au milieu du grand banditisme, mais au contraire de « délinquants ordinaires », qui, par appât du gain, s’orientent de plus en plus massivement vers le rapt d’enfants.

Comme le rappelait fort justement Ivan Kapersky, le père du jeune homme enlevé, « ces crimes affectent directement l’image de la Russie au moment où le pays tente d’apparaître comme une nation moderne aux yeux du monde ».

 

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.

 

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