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Des femmes au volant pour l’égalité

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Soixante manifestantes et leurs voitures dans les rues de Riyad, c’est peu. Ce faible nombre a déçu beaucoup de femmes. « Nous attendions plus de monde, déclare Aziza Yousef, une professeure d’université, mais je sais que de nombreuses femmes attendent que d’autres prennent l’initiative. Elles ne veulent pas être les premières mais elles suivront. »

Les organisateurs de l’événement parlent malgré tout de succès puisqu’il s’est déroulé sans heurt et qu’aucune des participantes n’a été arrêtée…

 

Un succès relatif

 

Le communiqué officiel du collectif organisateur affirme que « ce jour a été une célébration de notre pays et de ses femmes qui ont vu leur vœu de pouvoir conduire librement se réaliser sans protestation ni manifestation hostile ».

Les organisateurs de cet événement pacifique sont un groupe de femmes et d’hommes, militants de la cause des droits de l’homme (et de la femme), et d’intellectuels. Ils demandent aujourd’hui que cette campagne de sensibilisation ne se limite pas à une seule journée et que les femmes prennent désormais le volant quotidiennement.

Les femmes disposant d’un permis de conduire étranger ou international continueront de conduire jusqu’à ce qu’une loi autorise les femmes saoudiennes à passer le permis de conduire national.

 

Le mouvement continue

 

À Riyad, la capitale, Madame le professeur Yousef, qui a conduit sept ans lorsqu’elle vivait aux États-Unis, a pris sa voiture chaque jour depuis le 17 juin.

« Une ou deux fois par jour, je prends ma voiture pour aller faire les courses ou me rendre chez des amis. Les gens que je croise me font des signes amicaux. Je n’ai eu aucun problème jusqu’à aujourd’hui. »

Le jour de notre entretien, Aziza Yousef est passée en voiture près de l’Université Prince Sultan. Trois hommes l’ont aperçue et ont appelé la police. Arrêtée par un homme en uniforme qui lui a fait qu’une réprimande verbale et l’a laissée repartir librement… au volant.

Sa fille Sara considère que « conduire, c’est un signe d’indépendance ». « Mon mari et mes frères ne sont pas toujours disponibles pour me conduire… Je suis capable d’élever mes enfants et de faire des études. Je pense que je peux aussi conduire une voiture. Ce n’est qu’une question de mois avant que les femmes ne soient autorisées à conduire. J’ai la plus grande confiance en la vision progressiste du roi Abdallah ».

 

Une lente évolution des mentalités soutenue discrètement par le roi

 

Selon des sources saoudiennes, c’est le roi qui a ordonné à la police de relâcher l’une des organisatrices de la campagne, Manal Al Sharif, qui était détenue depuis 9 jours après avoir posté sur YouTube une vidéo qui la montrait au volant d’une voiture.

La police à pour ordre de ne pas arrêter les femmes au volant, mais n’a pour autant reçu aucune consigne sur ce qu’elle doit faire lorsqu’elle constate une infraction. Certaines conductrices ont reçu des amendes, leurs maris sont parfois menacés de confiscation du véhicule en cas de récidive de leurs conjointes.

Le gouvernement n’a cependant pas encore pris de mesures autorisant la conduite des femmes pour ne pas aliéner la frange ultraconservatrice du pays qui considère toujours que laisser les femmes conduire serait un point décisif dans l’occidentalisation de la société saoudienne.

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.

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