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La pression sur Bachar al-Assad s’intensifie

Jours de prière, les vendredis ont toujours été des journées déterminantes au Proche-Orient et dans le monde arabe. Ce fut le cas dans les différents soulèvements du « Printemps arabe », c’est le cas en Syrie. Ces vendredis ont généralement tendance à donner le ton de la semaine à venir. Si c’est le cas, au regard des événements du vendredi 18 novembre, la semaine prochaine sera une semaine cruciale : la Syrie avance droit vers la guerre civile ouverte alors que la communauté semble se mobiliser enfin pour tenter d’éviter un scénario catastrophe.


Les manifestations se poursuivent


Les forces syriennes ont tiré pour disperser des milliers de manifestants hostiles au régime, vendredi 18 novembre, tuant au moins neuf personnes dont un enfant. Deux manifestants ont été tués à Homs, trois personnes, dont un enfant, sont mortes à Deraa, trois autres dans la région de Damas et un dernier à Hama.
Les manifestations ont débuté à midi après la prière hebdomadaire, comme tous les vendredis depuis la mi-mars. Les manifestants ont défilé à la sortie des mosquées dans de nombreuses villes, malgré un déploiement sécuritaire massif, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé à Londres, et les Comités locaux de coordination (LCC), qui regroupent les contestataires sur le terrain.


Sur leur page Facebook, les militants pro-démocratie ont consacré la journée à « l’expulsion des ambassadeurs ». Leur slogan : « Hommes libres, chassez les ambassadeurs de crimes ! » Leur objectif : convaincre les nations étrangères d’expulser les ambassadeurs syriens en poste chez eux.


Une révolte de plus en plus militarisée


Parallèlement à ces manifestations, d’après la télévision d’Etat, trois membres des forces de sécurité ont été tués dans une attaque à la bombe à Hama. Cette militarisation s’explique notamment par l’accélération du rythme des désertions de l’armée régulière. De plus en plus de soldats rejoignent les rangs de l’armée syrienne libre. Celle-ci réclame de la communauté internationale la mise en place d’une no-fly zone, le blocus de l’espace aérien syrien, et d’une zone-tampon de 30 km à la frontière turque. Ces deux dispositions auraient pour effet de faciliter les défections et surtout de permettre aux soldats franchissant le pas de le faire avec leurs armes et munitions.


L’ultimatum de la Ligue arabe expire samedi 19 novembre


Samedi 19 novembre, l’ultimatum lancé par la Ligue arabe et sommant le président Bachar al-Assad de cesser la répression arrivera à échéance. L’intransigeance des pays arabes s’explique par le fait que Damas ne respecte pas le plan de sortie de crise précédemment adopté. Celui-ci prévoyait la fin des violences contre les civils, le retrait des troupes des villes, la libération de milliers de détenus et l’envoi d’observateurs arabes. Aucune de ces mesures n’a été appliqué, même si, mercredi, Damas a prétendu libérer plus de 1000 prisonniers. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a affirmé, dans une interview à JOL Press, détenir la preuve que les civils libérés n’étaient pas des prisonniers politiques mais des civils arrêtés de manière aléatoires, sans le moindre motif.
La Ligue arabe décidera à l’expiration de son ultimatum des suites qu’elle entend donner à son action.


La Turquie perd patience, les Occidentaux à la manœuvre


La Turquie, qui a pris des mesures de rétorsions contre Damas, portant notamment sur l’approvisionnement énergétique, s’inquiète désormais du déclenchement d’une guerre civile ouverte à ses frontières. Le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davoglu, a ainsi déclaré : « Il y a un risque d’évolution vers une guerre civile ». Une déclaration à la suite de laquelle il ne s’est pas étendu sur l’attitude d’Ankara dans une telle hypothèse.


Du côté occidental… Afin de contrer le blocage lié au soutien persistant de la Russie et, dans une moindre mesure, de la Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni et France envisageraient de présenter une résolution devant le Comité des droits de l’Homme de l’Assemblée générale de l’ONU. En l’absence de veto des grandes puissances historiques dans cette instance, ce serait la première fois que les Nations Unies condamneraient les agissements du régime syrien. Une condamnation symbolique, sans effets immédiats sur le terrain, mais qui pourrait avoir pour effet de faire évoluer les positions de Moscou et Beijing.


Il semble, plus que jamais, qu’il convienne de favoriser une solution régionale à cette crise du fait, précisément du contexte explosif de cette région, entre Turquie, Iran, Irak, Liban et Israël. La Syrie n’est pas une nouvelle Libye.


Le déclenchement d’une guerre civile ouverte pourrait aussi faire le jeu du régime de Damas. Cette guerre civile serait une guerre tribale, sectaire, religieuse aux conséquences absolument imprévisibles et Bachar al-Assad pourrait ainsi prolonger de quelques temps son maintien au pouvoir. Mais, à quel prix ? 

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