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Ankara hausse le ton contre Bachar al-Assad

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À Gaziantep, une ville de frontière turque, non loin d’Alep, centre économique de la Syrie, le consulat syrien avait été un symbole de la force des liens politiques et économiques que les deux pays ont entretenus pendant plus d’une décennie.
Désormais, la note affichée sur la porte du consulat représente peut-être la meilleure description des relations syro-turques : « Le consulat de la République arabe syrienne de Gaziantep est fermé jusqu’à nouvel ordre. »
La fermeture du consulat est seulement le dernier d’une série d’événements qui ont amené au bord du conflit ces deux voisins qui, malgré une histoire difficile, avaient tissu des liens étroits au cours des dernières années.


Les nouvelles sanctions économiques turques veulent forcer la main au régime syrien


Les relations syro-turques ont atteint un moment critique depuis que la Turquie a imposé des nouvelles sanctions à son ancien allié proche au cours de la semaine dernière.
La Turquie a été l’un des pays qui ont critiqué le plus fermement la violente répression des manifestations, menée par les forces de sécurité du président Bachar al-Assad. Le gouvernement turc a harcelé diplomatiquement le gouvernement d’Assad depuis le début des soulèvements dans le pays, et exhorté Assad à trouver une solution pacifique depuis le mois d’août.
[image:2,s]Néanmoins, les sanctions économiques décidées la semaine dernière constituent la première résolution concrète prise par Ankara à l’encontre de la Syrie. La réplique de Damas ne s’est pas fait attendre : le gouvernement syrien, en représailles, a suspendu les accords de libre-échange entre les deux pays qui existaient depuis 2007.
Les sanctions imposées par Ankara espèrent forcer la main au régime d’Assad à travers une pression financière. Ces sanctions comprennent des interdictions de voyage et le gel des actifs financiers pour les membres du gouvernement syrien. La Turquie a également cessé toutes les transactions avec la Banque centrale syrienne et la Banque commerciale de Syrie.
De plus, les autorités turques ont déclaré qu’elles vont interdire tout transport de matériel militaire et d’armes vers la Syrie via le territoire turc. Ankara va également suspendre tous les paiements de crédit à la Syrie, ainsi qu’un prêt important prévu pour le financement de projets d’infrastructures.


Le régime syrien au bord du précipice selon Ankara


[image:3,s]« À notre avis, en refusant toutes les opportunités qu’on leur a offertes, y compris le dernier ultimatum de la Ligue arabe, les responsables syriens sont arrivés au bord du précipice », a déclaré dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères turc Ahmet Davutoglu.


Les sanctions de la semaine dernière arrivent après la décision de la Ligue arabe d’appliquer ses propres sanctions contre la Syrie, et marquent un changement radical dans la stratégie d’Ankara, qui avait auparavant essayé de convaincre son ancien allié à entamer un processus de réformes.
En août, Ahmet Davutoglu s’était rendu en Syrie pour inviter Assad à arrêter toutes les opérations militaires contre son peuple. Mais malgré ces efforts, Assad a rejeté à plusieurs reprises les appels aux réformes provenant de la Turquie et a récemment réprimandé une offre de la Ligue arabe d’envoyer des observateurs pour évaluer la situation dans le pays.
Entre-temps, les Nations unies ont dénoncé que plus de 4 000 personnes avaient été tuées en Syrie lors des affrontements depuis le début des manifestations en mars dernier. Avaaz, une organisation internationale de défense des droits des hommes, a déclaré que le nombre de victimes pourrait être encore plus élevé.


L’opposition syrienne appelle à l’établissement d’une no-fly zone


« Les sanctions économiques contre la Syrie affecteront les hommes d’affaires qui soutiennent Bachar al-Assad. Il s’agit d’une première étape, qui aura des effets sur le régime, mais ce ne sera pas suffisant pour renverser Assad », a déclaré Halit Khodja, membre du Conseil national syrien, un groupe d’opposition syrien basé à l’étranger.


Khodja a déclaré que l’opposition espère également que la Turquie et les autres pays de la région instituent une « no-fly zone » et d’autres mesures pour entraver l’armée syrienne.


« Le prochain pas devrait être l’institution d’une zone tampon et d’une zone d’exclusion aérienne, a déclaré Khodja, mais pousser la Turquie sur le front de guerre sans un soutien international ne peut pas être une solution efficace ».


Ankara a clairement fait savoir qu’elle ne décidera pas une zone d’exclusion aérienne ou toute autre sanction sans le soutien de l’OTAN ou des Nations unies.


[image:4,s]Plus de 10 000 réfugiés syriens en Turquie


Les critiques turques contre le régime de Assad ont commencé à monter depuis que 10 000 Syriens ont fui la répression militaire à Jisr al Shugur, ville frontalière, pour se réfugier en Turquie.


Le gouvernement turc a réagi en créant des camps dans la ville frontalière de Hatay. Plus de 7 000 réfugiés vivent encore dans ces campements et beaucoup d’autres, qui ont rejoint leurs familles ou leurs amis, sont dispersés dans toute la Turquie.


La plupart des réfugiés qui vivent à Hatay sont des civils, certains sont membres de l’Armée syrienne libre, un petit groupe de déserteurs militaires qui ont commencé à organiser une petite, mais croissante, rébellion armée. Le mois dernier, le groupe a lancé une attaque sans précédent contre une base de renseignement de l’aviation syrienne, la force de sécurité la plus redoutée du régime.


La mise en garde d’Erdogan à Assad


Un moment de rupture déterminant dans les relations turco-syriennes a eu lieu en novembre dernier, lorsque des manifestants pro-Assad ont attaqué des diplomates turcs dans trois villes syriennes. Des manifestants ont brûlé un drapeau turc et des affiches de Mustafa Kemal Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne.


« Bachar al-Assad devrait savoir quelle fin tragique attend les dirigeants qui déclarent la guerre à leurs peuples » a commenté le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan après ces attaques. « L’oppression ne crée pas l’ordre, et le futur ne peut pas se construire sur le sang des innocents. L’histoire se souviendra de ces leaders comme des tyrans qui se nourrissent de sang. Et toi, Assad, tu te diriges dans cette direction. » a-t-il ajouté.


GlobalPost/Adaptation Melania Perciballi pour JOL Press

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