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Dix ans après, l’Afghanistan face à son avenir

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[image:1,l]Les délégations de plus de 100 pays ont rendez-vous à Bonn, ce lundi 5 décembre pour une conférence sur l’avenir de l’Afghanistan. Le choix de Bonn n’est évidemment pas un hasard… C’est dans l’ancienne capitale fédérale allemande qu’il y a dix ans, jour pour jour, est née, sous les auspices de la communauté internationale, la « nouvelle » Afghanistan.

Le principal objectif est de confirmer l’engagement de la communauté internationale aux côtés des autorités afghanes et du président Hamid Karzaï, à l’issue du retrait des troupes de combat de l’OTAN, prévu pour fin 2014.
Plusieurs ombres au tableau :
l’absence des Talibans, alors qu’il y a un an la conférence de Londres actait le principe du dialogue avec les religieux ;
le boycott du Pakistan, suite à l’attaque américaine accidentelle contre deux de ses postes militaires, qui a fait 24 morts dans les rangs de l’armée pakistanaise, le 25 novembre ;
le regain de tension entre les Occidentaux et un autre acteur majeur de la région, l’Iran.

Un rendez-vous avant tout symbolique

[image:4,s]Le 5 décembre 2001, les acteurs afghans soutenus par la communauté internationale, signaient au château de Petersberg, sur la colline du même nom, les accords de Bonn. Une transition politique destinée à installer des institutions solides et durables pour que l’Afghanistan entre, après plus de vingt ans de guerre, dans une ère de paix et de reconstruction.
Tout juste dix ans après, l’Allemagne qui s’est beaucoup investie en Afghanistan au sein de la coalition internationale voulait tout à la fois célébrer cet anniversaire et saisir l’occasion de poser les questions qui deviennent criantes deux ans avant le retrait annoncé des Américains et de leurs alliés.

Bonn II, une conférence parmi d’autres

[image:5,s]Dix ans après Bonn I, les motifs d’inquiétude sont toujours aussi nombreux. Le premier d’entre eux reste évidemment la sécurité et les capacités des forces locales à prendre le relais, une fois les forces étrangères parties. Le partage des engagements financiers nécessaires à la formation de ces forces sera l’un des thèmes majeur du rendez-vous de Bonn. D’autres aspects de la vie quotidienne des Afghans seront évoqués : le financement de la santé et de l’éducation et puis celle de savoir comment compenser les pertes de revenus des Afghans qui travaillent avec les étrangers.

Autre thème essentiel, le sort des négociations apparemment avortées avec les Talibans. Leur présence à Bonn aurait constitué une avancée considérable.
Parmi les bonnes nouvelles attendues à Bonn, pourrait figurer la reprise des versements en faveur du fonds de la Banque mondiale pour l’Afghanistan. Plusieurs pays donateurs dont les États-Unis ont cessé d’y contribuer lorsque le Fonds monétaire international a gelé en juin son aide à Kaboul, mais son revirement le mois dernier devrait permettre sa relance.

Bonn II risque, malheureusement, de n’être qu’une conférence parmi d’autres, utile mais participant d’un lent – trop lent ? – processus de reconstruction. Plus que jamais, les enjeux régionaux viennent interférer avec la seule réflexion sur l’avenir de l’Afghanistan.

Le boycott pakistanais est un coup dur pour le président Hamid Karzaï

Bousculé par l’annonce d’un possible boycott pakistanais, le président afghan Hamid Karzaï, tout comme les États-Unis, a appelé Islamabad à revenir sur sa décision. Le Pakistan, la puissance régionale majeure, est considéré comme un acteur essentiel dans la négociation d’un éventuel plan de paix avec les Talibans, afin d’éviter une guerre civile après le retrait des troupes internationales en 2014. Au cours des derniers mois, les relations entre l’Afghanistan et le Pakistan semblaient aller dans le sens d’un réchauffement.

[image:2,s]Ce qui est en cause ici, c’est la relation entre le Pakistan et les États-Unis, refroidie par l’attaque meurtrière contre Oussama Ben Laden le 2 mai dernier, – une violation de son intégrité territoriale et une humiliation envers son armée, selon Islamabad – et glacée par la bavure américaine du 25 novembre. La situation est d’une gravité bien supérieure à celle d’incidents diplomatiques tant les intérêts de ces deux pays paraissent désormais diverger :
pour les États-Unis, il est important que l’armée nationale et l’administration afghanes soient capables de tenir debout en 2014 ;
les Pakistanais, quant à eux, comptent sur un retrait total des Américains et de leurs alliés afin de renforcer leur influence dans la région.

Un désistement complet du Pakistan risquerait de déboucher sur un scénario catastrophe.

L’Iran pourrait jouer les premiers rôles à Bonn

[image:3,s]Une autre crise vient peser sur ce rendez-vous international, rappelant, si nécessaire, l’interconnexion des problèmes dans une région qui a, plus que jamais, des allures de poudrière. La tension a grimpé encore d’un cran entre le régime iranien et les Occidentaux.
Téhéran a annoncé, dimanche 4 décembre, qu’un drone américain avait été abattu dans l’est du pays. Ce nouvel incident est survenu en plein bras de fer diplomatique à la suite de la mise à sac de l’ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran par des manifestants, mardi dernier. En fin de semaine dernière, Londres a fermé sa représentation en Iran et expulsé tous les diplomates iraniens en poste au Royaume-Uni. La France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas ont également rappelé leurs ambassadeurs en poste à Téhéran en signe de solidarité avec Londres.

Dix ans après, l’Afghanistan est loin d’être sortie d’affaire.

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