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Que va devenir la Corée du Nord?

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Même si ce n’est pas un bouleversement radical, la mort de Kim Jong-il représente une opportunité pour les États-Unis et tous les pays qui cherchent à renouer le dialogue avec la Corée du Nord.


Kim Jong-un, une lueur d’espoir


Dans une interview à Global Post, Christine Ahn, directrice de l’Institut de la politique coréenne explique pourquoi, si le dialogue est renoué, il serait dangereux de mal interpréter la Corée du Nord, et comment Kim Jong-un, pourrait finalement incarner une lueur d’espoir.


Un retour aux pourparlers ?


Global Post : Que peuvent faire les États-Unis et les autres pays, en ce moment, pour apporter un changement en Corée du Nord ?

[image:2,s]Christine Ahn : Les États Unis, et particulièrement les pays engagés dans les pourparlers à six, la Corée du Sud, le Japon, la Chine et la Russie, peuvent promouvoir l’engagement et le dialogue.


Nous étions sur le point d’assister à une avancée diplomatique la semaine dernière, lorsque les États-Unis et la Corée du Nord se sont rencontrés à Pékin pour aborder la question de l’aide humanitaire accordée par les États-Unis en échange d’une interruption du programme nord-coréen d’enrichissement de l’uranium.


Maintenant, avec La mort de Kim Jong-il, les choses ne se profilent pas bien.


Global Post : Pourquoi ?

Christine Ahn : En raison de la perception que nous avons de la Corée du Nord qui ferait constamment volte-face sur ses décisions. En fait, ce sont les seuls à rester constants sur leurs exigences. Le négociateur nord-coréen, Kim Gye-gwan, vice-ministre des Affaires étrangères, a été le même pendant des années. Pendant ce temps, l’administration américaine changeait perpétuellement et la Corée du Nord devait apprendre, à chaque fois, à travailler avec de nouvelles personnes.


La Corée du Nord a toujours utilisé les pourparlers à six pour avoir des relations bilatérales avec les États-Unis. Ils exigent une normalisation des relations avec les États-Unis, y compris les relations économiques, une levée des sanctions, ainsi qu’une fin formelle de la guerre de Corée avec un traité de paix. Nous devons engager le dialogue avec la Corée du Nord et mettre fin, définitivement, à la guerre.


Le régime nord-coréen est stable


Global Post : Peut-on être certains que ces dialogues seront productifs ? Cela pourrait être un formidable bouleversement pour la Corée du Nord.

Christine Ahn : Regardez le Pentagone. Ils sont sereins. Ils savent que rien ne va s’effondrer et que c’est un système très stable. Même si la tête de l’État change, nous devons nous engager auprès d’eux comme si rien n’allait s’effondrer.


C’est une terrible erreur de penser que ce régime est sur le point de s’effondrer.


Global Post : Avec autant d’incertitudes concernant la Corée du Nord, comment pouvez-vous être sûre que le régime ne va pas s’effondrer.

[image:3,s]Christine Ahn : Déjà parce qu’ils préparent cette transition depuis 2008. Kim Jong-il était malade depuis quelque temps et Kim Jong-un a été présenté comme son héritier l’année dernière.


Il y a également une mauvaise perception de Kim Jong-il selon laquelle il était un leader surpuissant et seul décisionnaire à la tête de l’État, alors qu’il y a une véritable et large élite politique tout aussi décisionnaire.


Pour le moment, nous n’en savons pas assez sur ce cercle. Les analystes ont parlé à des transfuges, mais ils ne peuvent toujours atteindre cette élite. Mais je crois qu’il serait juste de penser que ce corps a vraiment la situation sous contrôle. La plupart d’entre eux ont entre 60 et 70 ans, et ils ont déjà connu la transition de Kim Il-sung à Kim Jong-il en 1994.


Nous aimons dire que la Corée du Nord est une dictature, mais en fait il s’agit plus d’une monarchie. Le leadership politique aime qu’il y ait une continuité héréditaire.


Les États-Unis doivent enclencher les négociations


Global Post : Que peuvent faire les États-Unis pour être sûrs que les discussions s’enclenchent ?

Christine Ahn : Notre politique pour la Corée du Nord a été appelée « patience stratégique », mais en fait, on a plus assisté à quatre années « d’abandon stratégique ». Nous avons négligé cette région du monde. Maintenant, à la fin de son mandat, Barack Obama commence à s’y intéresser. La percée diplomatique de la semaine dernière est, en partie, liée à ça.


Nous devons poursuivre les discussions bilatérales, que ce soit à travers des pourparlers à 6 ou par des entretiens bilatéraux séparés.


Comment le faire ? La recette est assez standard, et à certains égards, nous pouvons simplement revenir à notre stratégie de 2007. L’aide alimentaire en échange de l’arrêt des programmes d’enrichissement d’uranium. Ils veulent la levée des sanctions et être retirés de la liste des pays terroristes. Et la Corée du Nord a le sentiment que les États-Unis tiendront parole.


Global Post : Mais la Corée du Nord n’est-elle pas déjà revenue sur ses paroles ?

[image:4,s]Christine Ahn : Chaque administration américaine, Clinton, Bush et Obama s’est confrontée à l’agressivité de la Corée du Nord. C’est leur manière de fonctionner afin d’attirer l’attention des Américains. C’est ce modèle qui doit changer. Je pense que la mort de Kim Jong-il présente une énorme opportunité pour la reprise des discussions sur une note positive.


La nouvelle génération nord-coréenne incarnée par Kim Jong-un


Global Post : Donc, vous pensez que ce sera un nouveau départ pour les négociations ?

Christine Ahn : La Corée du Nord, en tant que nation, est née de la paranoïa. La guerre a été la genèse de la nation. Ils ont littéralement bâti leur société d’abris et de grottes. Les agriculteurs cultivaient la nuit en raison des raids aériens. C’est une génération qui va maintenant disparaître.


Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur Kim Jong-un, mais nous savons qu’il n’a pas l’expérience de la guerre. Il ne fait pas partie de cette génération. Il est aussi allé étudier en Suisse. Ainsi, alors que nous ne le connaissons pas, nous savons déjà qu’il ne connaît pas la guerre et qu’il a une expérience de vie à l’étranger. Il y a de l’espoir dans cette différence.

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