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Dix ans de mystère à Guantanamo

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Guantanamo, un goulag des temps moderne en marge du droit international et des droits de l’Homme. Depuis sa création, il y a dix ans, le centre de détention américain sous haute protection a fait couler beaucoup d’encre. Le premier camp a été créé à l’initiative de George Bush. Il souhaitait ainsi créer une zone, en dehors de l’espace juridique américain, pour placer les premiers djihadistes de la guerre en Afghanistan, ceux qu’il surnommait les « combattants ennemis ». Par un décret, il a autorisé, le 28 décembre 2001, la détention sans limite et sans chef d’accusation de tous les prisonniers dangereux pour les Etats-Unis.


Une prison qui défie les droits de l’Homme


Le 11 janvier 2002, le camp est officiellement ouvert. Une vingtaine de détenus sont enfermés dans des cages, en plein air, ils sont équipés de lunettes qui ne leur permettent pas de voir correctement, ils portent des casques qui leur diffusent de la musique assourdissante, ils mangent de la bouillie et dorment par terre, sur une natte. La diffusion des premières images des conditions d’incarcération des prisonniers est un véritable choc pour la communauté internationale et pour la société américaine, encore troublée par les attentats du 11 septembre 2001.


Les premiers murs de l’enceinte sont érigés en mai 2002. Courant 2003, la capacité d’accueil de Guantanamo est à son maximum, 680 prisonniers sont incarcérés.


Sur 558 détenus, 60 sont mineurs


En 2006, le Pentagone publie une liste des détenus de Guantanamo. 558 détenus de tous horizons, ou presque. L’Afghanistan, le Yémen, l’Arabie Saoudite sont particulièrement représentés. Le 13 juin de la même année, l’Ios, une organisation humanitaire britannique publie un rapport selon lequel 60 des détenus sont mineurs.


L’élection de Barack Obama à la présidence américaine aurait pu marquer un tournant dans l’histoire de Guantanamo. A peine quelques jours après son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama avait annoncé la fermeture du camp en un an. Depuis, de nombreux obstacles se sont mis en travers de sa volonté. Une loi, votée par le Congrès, empêche désormais l’utilisation d’argent public pour le transfert des prisonniers vers les Etats-Unis ou vers leurs pays d’origine. Cette loi impose également que ces détenus soient jugés par des tribunaux militaires et non par des tribunaux civils.


L’échec de Barack Obama


Le 8 mars 2011, Guantanamo est toujours debout. A la Une du New York Times , on peut lire « La prison qui ne disparaîtra jamais ». Barack Obama n’a pas réussi à fermer cette zone de non-droit américaine et aujourd’hui, la prison fête ses 10 ans.


Le 11 janvier 2012, les prisonniers ne sont plus que 171. Six cents ont été transférés, huit sont morts dans le camp. Parmi ces 171, l’on compte 21 Afghans, 14 Saoudiens, 6 Pakistanais, 92 Yéménites. Les autres proviennent d’autres pays, pour la plupart des pays arabes. Parmi eux, quinze sont considérés comme des prisonniers de « haute valeur ». La plupart pourraient être libérés, mais ces prisonniers n’ont nulle part où aller. Leurs pays d’origine refusent leur extradition, parfois ils risquent la torture et la mort. Souvent, aucun système n’est adapté afin de permettre leur retour et leur prise en charge sur place, c’est notamment le cas du Yémen. Malgré ces contraintes, l’administration Obama ne veut pas laisser filer des prisonniers mêlés à Al-Qaida ou à d’autres organisations similaires, en pleine guerre contre le terrorisme.


Guantanamo ne peut pas fermer


L’avenir de ces prisonniers est assez sombre. Ils seront peut-être jugés par des commissions militaires qui ne seront pas reconnues par la communauté internationale et devront attendre que le vent tourne à Guantanamo avant de retourner dans leur pays.


En tout, 779 prisonniers sont passés derrière les barreaux de Guantanamo, qui aura sans doute de beaux jours devant lui si un candidat républicain entre à la Maison Blanche en octobre prochain. En 2007, Mitt Romney, le favori des primaires républicaines déclarait vouloir doubler la capacité de la prison.

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