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La difficile mission du nouveau Parlement

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[image:1,l] C’est sans doute l’un des signes les plus marquants du changement : des centaines d’islamistes, pourchassés sous Moubarak, siègent désormais sur les bancs du Parlement après les premières élections libres en Egypte depuis plus de cinquante ans. Les députés ont été accueillis à leur arrivée par une foule d’Egyptiens, jeunes manifestants laïcs comme partisans des islamistes.

Le triomphe des Frères musulmans

Les élections législatives, débutées en novembre 2011, se sont achevées le 10 janvier 2012. Elles ont porté au pouvoir les Frères musulmans et leur Parti de la liberté et de la justice (PLJ), qui, arrivé en tête avec avec 38 % des suffrages exprimés, a récolté 235 sièges sur les 498 sièges du Parlement (soit à 15 sièges de la majorité absolue). Les salafistes d’Al Nour représentent la deuxième force politique du pays (121 sièges), alors que le reste des députés se repartissent entre les libéraux du parti Wafd (une cinquantaine) et le Bloc égyptien, représentant le courant laïc.

« Je n’aurais jamais imaginé voir de mon vivant les Frères musulmans majoritaires au Parlement égyptien, se réjouit Ahmed Ibrahim, un militant de 35 ans du PLJ, venu apporter son soutien. En ce moment, il y a de bons présages un peu partout. Dieu nous bénit ! »

Première session houleuse

L’assemblée nouvellement formée a pour tâche de désigner 100 représentants chargés de mener la réforme constitutionnelle, au terme de laquelle prendra fin la période de transition militaire.

Lors de la première session parlementaire, lundi 23 janvier, Mohamed El-Katatni a été élu président de l’Assemblée du peuple. Candidat du PLJ, il a été désigné à ce rôle avant même que l’opposition ne puisse présenter son candidat. Les premiers débats ont donc été houleux et chaotiques, comme ont pu le constater les milliers d’Egyptiens qui ont suivi l’ouverture du Parlement à la télévision.

Autour du bâtiment, protégé par des militaires et encerclé de fil barbelé, des manifestants étaient également au rendez-vous. Composé d’artistes, de militants socialistes ainsi que de guides touristiques – une profession durement touchée par la révolution égyptienne –, le cortège est venu manifester symboliquement. Nombre d’entre eux estiment que la transition dirigée par les militaires est illégitime et attendent de la fermeté à l’égard du Conseil suprême des forces armées (CSFA), en particulier de la part des Frères musulmans.

La colère de la rue persiste

Beaucoup de ces manifestants se retrouveront le 25 janvier place Tahrir pour fêter le premier anniversaire de la révolution. Pour Mohamed Farouk, jeune militant de 25 ans, qui avait été blessé l’an dernier, le combat continue : « Si le Parlement évoque autre chose que le départ du CSFA, c’est qu’ils n’aiment pas véritablement ce pays. Je veux qu’ils entendent le message aujourd’hui et le 25 janvier : nous ne voulons plus du CSFA ».

Mais la politique n’est pas la seule raison pour laquelle ces gens se sont massés devant le Parlement. Sanaa Ahmed, une vieille dame portant un voile intégral, défile avec une grande pancarte où s’opposent deux visages, l’un souriant, et l’autre ensanglanté et le regard vide. Les deux appartiennent à son fils, mort l’an dernier. Un seul policier a été jugé pour meurtre depuis les événements du printemps 2011 et une large impunité semble perdurer. Les manifestants dénoncent cette injustice. Sanaa Ahmed sera place Tahrir le 25 janvier. « Je me rendrai là-bas. Je retournerai là où mon fils a été tué pour demander justice. »

GlobalPost/Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

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