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Les hommes qui remplaceraient Bachar al-Assad

burhan_ghalioun_-_syriana2011.jpgburhan_ghalioun_-_syriana2011.jpg

[image:1,l]Du point de vue de nombreux étrangers, le régime syrien s’autodétruit depuis dix mois. La répression continue, le nombre de morts augmente. Bachar al-Assad est toujours à sa place. Mais finalement, qui représente l’opposition du régime ?

Bachar al-Assad reste ferme

Selon les chiffres de l’ONU, plus de 5 000 personnes ont déjà été tuées depuis le début de la répression en mars dernier. Les dirigeants occidentaux, la Ligue Arabe, et même, la Turquie, se sont retournés contre Bachar al-Assad, imposant des sanctions et appelant à sa démission. Mais dans un discours prononcé mardi 10 janvier, le dirigeant syrien a rappelé au monde qu’il n’irait nulle-part.

Mercredi 11 janvier, Bachar al-Assad a fait une seconde apparition publique. Il s’est adressé à une foule réunie place Umayad, à Damas, les remerciant pour leur soutien et promettant la défaite de l’opposition.

Sa position semble solide. Il n’y a pas eu de large mouvement de défection, ni au niveau politique ni au niveau diplomatique, et malgré les quelques déserteurs dont tout le monde parle, son armée est relativement intacte.

Même après quasiment un an de rébellion, le mouvement de protestation refuse de baisser les armes. Mais alors qui sont ces hommes qui voudraient prendre la place de Bachar al-Assad ?

Une révolution sans chef avant Burhan Ghalioun

[image:2,xs]Quand certaines villes de Syrie se soulevaient contre le régime, les leaders du mouvement de protestation ne pouvaient être arrêtés ou tués. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de leaders. Le soulèvement syrien a été spontané. Cette configuration a fait de cette révolution un mouvement qu’on ne pouvait plus arrêter et a mis, en même temps, la communauté internationale dans une sorte d’embarras. Il n’y avait personne à qui parler

Avec le soutien de la Turquie, le Conseil National Syrien (CNS) s’est finalement constitué en août, après avoir prolongé des négociations avec les différents groupes de jeunes révolutionnaires, longtemps dissidents du régime, les Frères Musulmans et les leaders Kurdes.

Ils se sont choisi un universitaire comme premier chef, Burhan Ghalioun. Bien que vivant à Paris, Burhan Ghalioun était considéré comme un technocrate sans controverse, qui pouvait réunir les religieux comme les laïcs, et ainsi présenter un front uni au monde. Dans un premier temps, cela a fonctionné.

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton a rencontré Burhan Ghalioun et ses alliés, à Genève, le mois dernier. Le Royaume Uni a nommé un correspondant avec l’opposition syrienne. La Ligue Arabe a entamé des négociations avec le CNS. Le mouvement de contestation semblait être dans une phase ascendante jusqu’à ce que Burhan Ghalioun annonce vouloir rejoindre une autre communauté menée par Haytam Manna.

La débâcle avec Haytam Manna

Contrairement à de nombreux membres du CNS, le groupe de Haytam Manna, le Corps de Coordination Nationale, est installé en grande partie en Syrie et rejette une intervention militaire étrangère et a des contacts avec le régime.

Ainsi, lorsque ces deux groupes différents ont annoncé la possibilité de se réunir, leurs alliés étaient furieux. Les Frères Musulmans auraient qualifié Burhan Ghalioun de « dictateur », et ont directement cherché à l’évincer.

George Sabra un rebelle à la tête des rebelles

Un des hommes qui pourrait remplacer Burhan Ghalioun est George Sabra, un dissident de longue-date, libéré d’une prison syrienne en septembre dernier. Il s’est échappé du pays il y a quelques semaines et aurait de nombreux soutiens à l’intérieur du pays, ainsi qu’au sein du mouvement des expatriés.

Riad al-Assad à la tête de l’Armée Syrienne Libre

[image:3,xs]Mais c’est Riad al-Assad (sans lien avec le président) qui est la figure la plus controversée dans le mouvement d’opposition syrienne. L’ancien colonel des forces de l’air dirige l’Armée Syrienne Libre, un groupe militant réunissant les déserteurs de l’armée nationale. Il affirme avoir 20 000 hommes sous ses ordres, mais les analystes pensent que la réalité est bien inférieure.

Riad al-Assad a rencontré Burhan Ghalioun, mais ils n’ont pas pu se mettre d’accord sur certains points fondamentaux. Burhan Galioun exige que les déserteurs n’utilisent leurs armes que pour défendre les civils, alors que Riad al-Assad insiste pour que ses hommes puissent attaquer l’armée nationale.

Le mois dernier, certains des alliées de Burhan Ghalioun auraient émis des doutes concernant la taille de l’armée rebelle. « Riad al-Assad est à la tête d’une armée de cinq hommes » déclarait un dissident au Time magazine. « L’armée Syrienne Libre est une boîte en carton vide. » ajoute un autre.

La révolte est dans une impasse

L’opposition libyenne a triomphé en s’attirant les bonnes grâces de la communauté internationale durant les premières semaines de la protestation. Un an plus tard, les Syriens n’ont pas eu le même succès, principalement parce qu’ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Parlent-ils avec le régime ? Veulent-ils une intervention internationale ? La révolution doit-elle prendre les armes ?

Les leaders semblent passer plus de temps à parlementer entre eux, à comparer le nombre de leurs alliés respectifs, de leurs soutiens en Syrie pour savoir lequel d’entre eux est vraiment représentatif du peuple syrien, qu’à combattre réellement le régime. Jusqu’à ce que ceux-ci ne trouvent un terrain d’entente, il est probable que Bachar al-Assad sera incontournable.

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