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Panorama des pays candidats

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Islande : l’indécise

Après la Croatie, l’Islande devrait être le prochain pays à rejoindre l’Union européenne. Ce petit pays insulaire dispose, depuis longtemps, des critères requis pour rejoindre l’Europe. Membre du marché unique et de l’espace Schengen, l’Islande a un pied dans l’Union depuis un bon moment. Si l’île n’est pas déjà membre du club des 27, c’est tout simplement parce que ses dirigeants et ses habitants ne le souhaitaient pas. Avant le crash de l’économie islandaise en 2008, le pays avait toujours écarté l’éventualité d’une adhésion. Frappée de plein fouet par la crise, l’Islande reconsidère son jugement et dépose sa candidature en juillet 2009. Onze jours plus tard, le pays est officiellement reconnu candidat. Depuis, les négociations ont été entamées et devraient déboucher sur une adhésion en 2013.

Macédoine : le problème grec

La Macédoine a officiellement présenté sa candidature le 22 mars 2004. Officiellement reconnu comme candidat, le pays a signé un « partenariat pour l’adhésion » et un accord facilitant la délivrance de visas. Après l’ouverture des négociations en 2010, plusieurs problèmes restent en suspens et doivent être réglés avant une adhésion. Outre une politique environnementale considérée comme « totalement incompatible » au moment de l’ouverture des négociations, la Macédoine doit également faire face à l’hostilité de la Grèce. Athènes ne reconnaît pas le nom officiel de « République de Macédoine » et sous son impulsion, l’Union européenne a adopté l’appellation « Ancienne République yougoslave de Macédoine ».  La Grèce a annoncé qu’elle utiliserait son droit de veto à l’égard de la Macédoine tant que le problème subsistera.

Monténégro : la corruption en ligne de mire

Candidat depuis 2008, le Monténégro dispose du statut officiel de pays candidat après une décision du Conseil européen de 2010. L’ouverture des négociations devrait survenir en juillet 2012. Malgré des efforts salués dans les bonnes relations entre les différents peuples du pays, le Monténégro devra prouver sa capacité à réduire la corruption et l’emprise du crime organisé. Comme la Macédoine, le Monténégro a vu sa politique environnementale être caractérisée de « totalement incompatible en l’état avec les exigences européennes ».

Turquie : un problème politique

Envisagée depuis les années 1960, l’entrée de la Turquie dans l’UE pose avant tout un problème politique. La portion du pays comprise dans l’Europe ne représente que 3 % de sa surface. Candidate depuis 1999, les négociations d’adhésion ont commencé en 2005, mais subissent des hauts et des bas en fonction des changements de leaders dans les puissances européennes les plus influentes.  Malgré de nombreux traités de collaboration signés avec l’UE, la Turquie rencontre encore de nombreux obstacles dans sa course à l’Europe. Plombée par la question religieuse, par la non-reconnaissance du génocide arménien et par l’occupation du nord de Chypre, la candidature turque risque de rester encore longtemps l’une des Arlésiennes de l’élargissement européen.

Bosnie, Kosovo, Albanie et Serbie : les retardataires de l’ex-Yougoslavie

Alors que la Macédoine, la Slovénie, le Monténégro et la Croatie ont déjà bien entamé, voire terminé leurs procédures d’adhésion, les quatre autres pays de l’ex-Yougoslavie ont pris un peu de retard. Tous ont déposé leurs candidatures. L’Albanie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie ont été reconnues comme ayant « vocation à adhérer », mais ne disposent pas officiellement du statut de candidat. Il n’y a donc pas de négociation actuellement entre l’UE et ces pays. La Bosnie semble la plus à même d’arriver à une adhésion à moyen terme. L’état désastreux de l’économie albanaise et les problèmes liés au Kosovo et aux droits de l’homme en Serbie rendent leurs candiatures peu susceptibles d’être rapidement étudiées. Le Kosovo n’est, quant à lui, pas encore reconnu par l’intégralité des pays de l’UE et souffre de graves problèmes de corruption. Le vice-Premier ministre kosovar a cependant affirmé qu’il espérait une adhésion en 2015, objectif a priori difficilement atteignable.

Les voisins de l’Est : Ukraine, Biélorussie, Moldavie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie

Même si elle n’est pas officiellement candidate, l’Ukraine ne cache pas ses ambitions européennes. Le président prorusse Viktor Ianoukovitch était pressenti comme hostile à une adhésion, mais s’est finalement prononcé comme « fervent partisan d’une Ukraine fière membre de l’UE ». Les récents troubles politiques du pays ont néanmoins retardé le dépôt d’une candidature malgré le soutien du commissaire européen à l’élargissement, Olli Rehn.
La Moldavie a entamé plusieurs partenariats avec l’Europe sans pour autant se présenter comme officiellement candidate. Elle devra de toute façon résoudre le problème de la Transnistrie, région orientale autonome revendiquant son indépendance.
Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie ne sont pas actuellement candidats, même si le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a fait de l’intégration à l’UE un de ses objectifs majeurs à long terme.
La Biélorussie n’est même pas membre du Conseil de l’Europe et ne s’est jamais portée candidate. Son régime dictatorial rend de toute façon toute procédure d’adhésion vouée à l’échec en l’état actuel.

Suisse, Norvège, Liechtenstein : « pas intéressés »

Disposant de nombreux accords de libre-échange avec l’UE et de processus de coopération dans de nombreux domaines, ces pays refusent pour autant toute entrée dans la Communauté. Rejetée deux fois par référendum, l’adhésion de la Norvège n’est pas actuellement réétudiée, tout comme celle de la Suisse qui, après avoir été un temps envisagée, s’est vue enterrer par le rejet de l’entrée dans l’Espace économique européen (EEE).
Le Liechtenstein ne souhaite pas non plus rejoindre l’UE, ce qui lui permet de conserver son statut officieux de paradis fiscal. Tout comme plusieurs petits pays intégrés de facto à l’Union européenne (Andorre, Saint-Marin, Monaco), une adhésion en bonne et due forme représenterait beaucoup de contraintes fiscales pour ce pays qui bénéficie déjà des avantages apportés par l’UE.

Les « exotiques » et les « pays hypothétiques »

Il est régulièrement question d’un élargissement de l’Europe au-delà des frontières géographiques du continent. L’adhésion du Maroc avait un temps été envisagée et avait même été officiellement présentée avant d’être refusée en 1987. Silvio Berlusconi avait également proposé l’idée d’une intégration d’Israël dans l’UE lors d’une visite à Tel-Aviv en février 2010. Même chose pour la Tunisie. Des intellectuels français et tunisiens avaient proposé de l’accueillir, dans les colonnes du Monde et de Libération, au lendemain de la chute de Ben Ali au printemps 2011. Les chances de voir ces pays intégrer un jour l’UE semblent néanmoins très restreintes.
Enfin, les députés indépendantistes de tous bords rappellent régulièrement l’éventualité d’une adhésion si une région venait à obtenir son indépendance après référendum. La Catalogne, le Pays basque, l’Écosse, la Flandre, le Pays de Galles, la Bavière ou les îles Åland (Finlande) comme nouveau membre de l’UE ? Après tout, on ne sait jamais…

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